L’émigration clandestine ou le choix entre la réussite et la mort...
Le phénomène de l’émigration vers les pays développés, particulièrement ceux de l’Europe, remonte à très longtemps au Sénégal. Le Sénégalais a toujours été guidé par le souci d’aller chercher fortune. Dans les années 60 et 70, des dizaines de milliers de nos compatriotes ont migré vers l’Afrique centrale, particulièrement le Gabon, qui étaient alors des pays à la recherche de main d’œuvre qualifiée et où, aussi, le commerce était à développer dans des pays vierges de tout. Dans le même temps, de fortes légions de Sénégalais s’établissaient en France où ils arrivaient par bateaux et débarquaient au port de Marseille. Au lendemain des Trente glorieuses ayant suivi la Second guerre mondiale, les usines de la Métropole étaient à la recherche de main d’oeuvre et les travailleurs africains, notamment sénégalais, étaient les bienvenus.
Des milliers d’entre eux travaillaient dans les services de nettoiement. Il faut dire qu’à l’époque, les ressortissants des anciennes colonies étaient exemptés de visas d’entrée en France. Tout de même, les Sénégalais, eux, devaient obtenir des visas de sortie de leur pays, ce qui n’était pas une mince affaire. Par la suite, face à l’automatisation et la robotisation, c’est-à-dire au développement technologique, les chaines de montage d’automobiles en particulier n’avaient plus besoin d’ouvrier peu qualifiés, le travail à la chaîne n’étant plus ce qu’il était.
Après la crise économique consécutive au choc pétrolier de 1973, les Etats européens ont entrepris de fermer leurs frontières et d’instaurer des visas. Ce, afin de lutter contre les flux migratoires devenus un véritable casse-tête pour eux. Dans les années 90, afin de contourner ces barrages migratoires, les Africains en général, et nos compatriotes en particulier, ont choisi d’emprunter les pirogues pour rejoindre l’Eldorado européen. Depuis, le phénomène a pris de l’ampleur. Chaque année, des milliers de milliers se noient dans l’océan en tentant de traverser la Méditerranée ou en prenant la route migratoire de l’Atlantique. Des centaines de nos compatriotes ont péri en tentant ces traversées dangereuses à bord de frêles pirogues surchargées.
Malgré les accords signés avec la France et l’Espagne, notamment, pour promouvoir une immigration légale et maîtrisée, le régime du président Abdoulaye Wade n’a pas pu venir à bout de ce phénomène. L’arrivée au pouvoir du président Macky Sall, en 2012, n’a pas non plus réduit le flux migratoire malgré les promesses de création de 500.000 emplois. Au finish, ce sont des milliers de personnes, adultes, jeunes, hommes et femmes en quête d’une vie meilleure, qui ont perdu la vie en mer.
L’État, en tant que garant de la sécurité des personnes et de leurs biens, n’a pas joué pleinement son rôle aussi bien dans la surveillance des zones d’embarquement que dans la mise en œuvre d’une bonne politique de l’emploi pour stopper l’hémorragie. Malgré le déploiement d’un dispositif Frontex pour stopper les départs à partir des côtes africaines, chaque année, par beau temps, c’est-àdire en été comme ces jours-ci, des dizaines de pirogues s’élancent vers les côtes européennes notamment celles de l’ile italienne de Lampedusa ou de l’archipel des Canaries, en Espagne.
Les deux précédents régimes ayant échoué à mettre fin au phénomène de l’émigration clandestine, le pouvoir du président Bassirou Diomaye Faye, élu entre autres promesses sur celle de mettre fin à cette émigration clandestine qui ravage notre jeunesse, est donc dos au mur. Il doit créer des milliers d’emplois pour fixer tous ces jeunes despérados en quête d’un illusoire Eldorado européen, au Sénégal. Le duo Diomaye Sonko est donc très attendu pour enfin trouver une solution définitive à ce phénomène.
Les inondations, plus de 1000 milliards dans les eaux...
Il est devenu rare au Sénégal de passer un hivernage sans que les populations ne soient confrontées au problème des inondations. Tout est parti des années 1990 lorsque, suite à de fortes pluies, des centaines de familles habitant le plus souvent dans des cuvettes ou des zones non aedificandi, se sont retrouvées dans les eaux. Depuis lors, les inondations se répètent chaque année avec leur lot de dégâts matériels et parfois même humains sans que les autorités puissent mettre un terme à ce fléau.
Des quartiers entiers ont d’ailleurs été pris par les eaux et le régime du président Abdoulaye Wade avait été obligé de construire des quartiers de recasement pour les sinistrés. En plus deszones non aedificandi et des cuvettes, il y a également l’absence d’un système de canalisation dans certains quartiers, ce qui favorise la stagnation des eaux de pluie. Quoi qu’il en soit, le phénomène est loin d’être totalement résolu. Et ce n’est pas faute, pour les différents régimes, d’avoir essayé.
En effet, aussi bien celui du président Wade que celui de Macky Sall y ont injecté plusieurs centaines de milliards de francs pour la construction de logements de recasement des familles impactées sans compter les travaux d’assainissement réalisés pour faciliter l’évacuation des eaux de pluie. Des mesures qui ont soulagé plusieurs personnes et quartiers à Dakar et dans l’intérieur du pays mais qui n’ont pas pu venir à bout du phénomène. En 2012, le Président Macky Sall décide résolument d’en finir avec les inondations. Il lance le fameux Programme Décennal de Lutte contre les Inondations pour un montant total de 717 milliards de francs. Mais les résultats produits étaient très en deçà des attentes, selon des enquêtes menées.
Si on y ajoute les centaines d’autres milliards que Wade a financés, cela fait plus de 1000 milliards investis alors qu’à Dakar comme dans d’autres localités du pays, les populations continuent de souffrir des inondations à chaque fois qu’il pleut. Le Premier ministre, Ousmane Sonko, a récemment annoncé que des moyens et des ressources seront trouvés pour un règlement définitif de ce fléau et a promis que les 717 milliards officiellement injectés par le régime sortant pour lutter contre les inondations feront l’objet d’un audit approfondi.
L’emploi des jeunes, bourreau des précédents régimes...
De tous les régimes qui se sont succédé au pouvoir depuis l’indépendance de notre pays, en 1960, aucun ne peut se prévaloir d’avoir apporté une solution à la lancinante question de l’emploi. Cet échec résulte de l’absence d’une politique d’industrialisation, de relance du secteur primaire mais également de renforcement du secteur privé. De ce fait, la plupart des jeunes n’ont d’autre choix que le commerce informel ou l’émigration. Quant aux diplômés, l’espoir de trouver un emploi est mince pour eux s’ils n’appartiennent pas au parti au pouvoir. Pourtant que de promesses faites aux jeunes par les politiques surtout en périodes de campagnes électorales. Par exemple, en 2000, lors de campagne, dans chaque localité où il arrivait, le candidat Abdoulaye Wade demandait à ceux qui n’avaient pas de travail de lever la main.
Après quoi, aux milliers de bras qui se levaient, il disait que leur problème de chômage prendrait fin le jour où il accèderait au pouvoir. Les chômeurs qui levaient alors les bras ont vieilli depuis sans avoir trouvé le moindre emploi… Durant tout son mandat, le problème est resté entier et Wade lui-même a reconnu avoir échoué en matière d’emplois. Son successeur Macky Sall n’a pas fait mieux à part d’avoir augmenté le nombre d’Agences censées financer des jeunes porteurs de projets. Dès lors, il était tout à fait normal qu’il ait subi les foudres de cette jeunesse s’estimant abusée par ses promesses électorales de création de 500.000 emplois. Des promesses électorales qui, on le sait, n’engagent que ceux qui y croient.
En tout cas, cette jeunesse a payé un lourd tribut dans sa lutte pour « dégager » le président Macky Sall avec plus de 80 morts, un millier de personnes emprisonnées et des dégâts matériels estimés à des dizaines de milliards de francs. L’accession au pouvoir du président Bassirou Diomaye Faye et la nomination de son mentor Ousmane Sonko comme un Premier ministre sonnent comme un défi à relever pour résoudre définitivement la très complexe équation du chômage des jeunes.
Youssoupha BA
Le Témoin
Titre modifié