Les forces fidèles au président yémenite en exil ont annoncé, mercredi 13 juin, avoir lancé l'assaut sur Hodeïdah, le principal port du Yémen aux mains des miliciens houthis. Ce port, situé sur la mer Rouge, constitue un enjeu stratégique d'une guerre qui dure depuis plus de trois ans : il est le point d'entrée d'une bonne partie des importations et de l'aide humanitaire au Yémen.
Les avions et les navires de guerre de la coalition arabe sunnite, menée par Riyad, ont commencé à pilonner les fortifications des houthis pour faciliter la progression des troupes yéménites massées au sud de la ville, précise le gouvernement yéménite en exil dans un communiqué.
Les troupes progressent en direction de l'aéroport, situé au sud de Hodeïdah, d'après des responsables des forces pro-gouvernementales ayant requis l'anonymat, présentes sur le terrain à Al-Jah, à 30 km environ au sud-est de la ville. Dix-huit raids aériens ont été menés contre des positions des houthis au cours des heures précédentes pour préparer l'offensive, ont-elles ajouté.
La chaîne Al-Massirah, contrôlée par les rebelles, avait rapporté des raids aériens en matinée "sur des fermes" en périphérie de Hodeïdah. Selon des sources médicales, 22 combattants rebelles et trois soldats progouvernementaux ont été tués ces dernières 24 heures.
"La libération de Hodeïdah est vitale à la lumière de la menace croissante que les miliciens houthis, soutenus par l'Iran, font peser sur la sécurité maritime en mer Rouge, par où passent environ 15 % du commerce international", a argué sur twitter l'ambassadeur saoudien à Washington, Khaled ben Salmane, un des fils du roi.
Une première depuis 2015
C'est la première fois, depuis que les armées étrangères sont entrées en guerre en 2015 pour ramener au pouvoir le président yéménite Abd-Rabbou Mansour Hadi, exilé en Arabie saoudite, que la coalition tente de s'emparer d'une si grande ville.
Les Nations unies estiment que 600 000 personnes vivent aux environs de Hodeïdah et craignent que les combats ne provoquent de lourdes pertes humaines. "Je suis extrêmement préoccupé par les développements militaires à Hodeida", a déclaré l'émissaire de l'ONU pour le Yémen, Martin Griffiths, dans un communiqué. "Nous sommes en contact permanent avec toutes les parties impliquées pour négocier des arrangements pour Hodeida qui répondraient aux préoccupations politiques, humanitaires et de sécurité de toutes les parties concernées", a-t-il souligné, en appelant à "la retenue et à donner une chance à la paix".
Dans un pays à la population exsangue, une quinzaine d'ONG internationales ont également exprimé leur vive inquiétude face à cet assaut. Elles ont adressé une lettre au président français, Emmanuel Macron, l'exhortant à faire pression sur Riyad et Abou Dhabi, et jugeant "inconcevable" de maintenir la conférence humanitaire sur le Yémen prévue fin juin à Paris.
"La France rappelle que seule une solution politique négociée, y compris à Hodeïdah, permettra de mettre fin de manière durable à la guerre au Yémen et d'arrêter la dégradation de la situation sécuritaire et humanitaire dans ce pays", selon un communiqué du ministère français des Affaires étrangères.
Amnesty International a estimé qu'une opération militaire menacerait les civils et les opérations humanitaires au Yémen, tandis que le Comité international pour la Croix-Rouge (CICR) a affirmé qu'elle ne ferait qu"'exacerber la situation humanitaire catastrophique" dans le pays.