Une décision électoraliste
Quelle mouche a donc piqué ce président américain que l’actualité internationale fait généralement bâiller, tout du moins quand celle-ci ne lui donne pas l’occasion de bander les muscles face à un chef d’État aussi mal coiffé que lui ?
C’est que la question, pour Trump, est moins étrangère qu’il n’y paraît. Et moins géopolitique qu’électoralement stratégique. En faisant cette annonce tonitruante, le président américain tient une promesse centrale de sa campagne, décision domestique, donc, dans un pays dont la communauté juive est sensiblement aussi nombreuse que les juifs d’Israël.
Alors que des chancelleries redoutent une flambée de violence, les mises en garde n’ont pas manqué, venues de Rabat, de Londres, de Paris et même du Vatican. Chargé de trouver une issue au conflit israélo-palestinien, le propre gendre de Donald Trump, Jared Kushner, doit être gêné aux entournures…
Nouvelle marque de défiance à l’égard des musulmans
L’exécutif américain souligne que retarder la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël «n’a, pendant plus de deux décennies, en rien aidé pour arriver à la paix».
Pourtant, à l’annonce de Trump, deux sentiments domineront dans l’esprit de nombreux observateurs amateurs. Primo, dorénavant, les États-Unis pourront difficilement se positionner comme médiateur, alors qu’ils tentaient d’apparaître impartiaux, lors des accords d’Oslo de 1993. Secundo, en filigrane, en ricochet et en perspective du décret anti-immigration récemment réchauffé, la douche froide réservée à l’Autorité palestinienne – cette dernière rappelant que Jérusalem-Est a été annexée par Israël en 1967 – ressemblera à une nouvelle marque de défiance à l’égard des musulmans.
«M. Trump, Jérusalem est une ligne rouge pour les musulmans», a averti le président turc Recep Tayyip Erdogan, président en exercice de l’Organisation de la coopération islamique…
Damien Glez, dessinateur-éditorialiste franco-burkinabè