Innocence Ntap Ndiaye : L’agenda de la 9e Session du Dialogue social portait essentiellement sur des thématiques à contenus économiques parce que si nous voulons parler de la déclaration de principe tripartite sur les multinationales, c’est au regard de leur impact socio-économique dans le paysage global économique du pays. Si nous avons également parlé de la Revue annuelle conjointe (RAC), c’est sur ce document de référence du ministère de l’Economie, des Finances et du Plan qui fait le tour de la situation économique du pays secteur par secteur et dans lequel on définit certains indicateurs de suivi de l’économique et du social et en dernier temps, nous avons le Recensement général des entreprises avec ce que nous appelons les contours de l’économie du pays en termes de secteur formel et secteur informel. En termes de secteurs, quel est le secteur qui apporte le plus au PIB du Sénégal. Il était question pour les membres du Haut conseil, d’aller au-delà du renforcement de capacité de tous les membres. Il faut le dire, le Haut conseil est composé de personnalités qui viennent de différents secteurs. Il est tripartite parce qu’il y a les travailleurs, le patronat et le gouvernement. Ce qui est valable pour un groupe ne l’est pas forcément pour l’autre. Mais toujours est-il que ce sont des femmes et des hommes d’expériences et toutes les questions ont été abordées en présence de personnes-ressources de qualité.
Et il me plait de nommer M. Ibrahima Sarr, l’ancien ministre du Budget qui est aujourd’hui à la tête de la Somivac et en même temps consultant dans un grand cabinet de la place. Nous avons eu recours également au service du Cres (Consortium pour la recherche économique et sociale) qui est également un regroupement de professeurs chercheurs, chacun étant expert dans son domaine. Je peux citer Abdoulaye Diagne et Abdoulaye Sakho, juristes de renommée. Nous avons un consultant Pape Ibrahima Bèye, un ancien du BIT (Bureau international du travail, NDLR) et M. Ababacar Samb, lui aussi consultant international. Nous avons discuté, nous avons évalué aussi bien avec le ministère de l’Economie et des Finances que la Direction générale de la Statistique et le ministère à travers la Direction générale en charge des politiques publiques dont le directeur général est M. Mayacine Camara. Véritablement au terme des trois jours, nous avons convenu avec le ministère de l’Economie et des Finances de définir des indicateurs de suivi de la stabilité sociale. Pourquoi nous avons opté pour cette thématique ?
Comme tout le monde a constaté l’année passée une stabilité dans le secteur éducatif et il faudrait avec les partenaires sociaux savoir quels sont les avantages comparatifs par rapport à cette stabilité. Il ne s’agit pas juste de faire le constat mais nous voulons montrer aux partenaires sociaux ce qu’apporte en termes d’avantages une année sans grève dans le secteur de l’éducation et aussi dans les autres secteurs. La stabilité doit avoir des indicateurs et cela nous permettra de suivre comme un tableau de bord comme tous les autres indicateurs. Or ces indicateurs n’étaient pas dans le document de référence. Après plusieurs réunions avec le ministère des Finances, nous avons convenu de définir ces indicateurs. Et il les prendra en compte dans le cadre général qui est déjà dans le dispositif général mis en place et cela nous permettra comme un tableau de bord de veiller à cette stabilité. C’était vraiment l’objectif de nos travaux.
Donc on peut dire avec cet aréopage de personnalités qui ont participé aux travaux que les objectifs sont atteints ?
Nous sommes sortis très satisfaits de cette session et comme je le dis souvent aux conseillers, il faut oser visiter les problématiques qui semblent parfois les plus ardues. C’est notre rôle puisque nous sommes dans la recherche-action. Nous sommes là par le dialogue social voir comment jouer sur le binôme économique-social du pays. Nous ne devons plus attendre que les crises s’installent pour réagir. Nous devons être dans la prévention des conflits plutôt que dans leur résolution.
Si nous voulons être pro-actifs, comme nous l’avons fait dans le secteur de la santé en anticipant avec le ministère de la Santé. Nous avons été une force de régulation, nous avons saisi les autorités de tutelle et la crise qui couvait a été jugulée. Par conséquent, de plus en plus, il y a le réflexe des travailleurs de venir vers nous et nous déroulons au niveau du Haut conseil notre stratégie pour prévenir la crise et trouver des solutions idoines. C’est ce réflexe que l’on voulait créer chez les syndicalistes, chez le gouvernement et chez le patronat. Et Dieu merci, cela est en train de se faire.
Et quelles sont les perspectives en direction de la 10e assemblée ?
La 10e assemblée va porter sur la rentrée. On va préparer la rentrée scolaire 2017-2018. Nous partons avec un acquis : la stabilité de l’année dernière. Nous allons rencontrer les syndicats les plus représentatifs. Avec les élections de représentativité dans le secteur de l’Education, nous avons sept syndicats les plus représentatifs que nous avons déjà rencontrés et nous avons déjà convenu ensemble du format. Il sera d’abord pour nous d’évaluer le niveau d’exécution des accords qui avaient été signés et après cette évaluation, il faudra procéder à une formation des acteurs sociaux dans le secteur social en dialogue social et en négociation collective parce que cela va de pair.
Sans formation, ils ne pourront pas appréhender les enjeux du dialogue social, ni les enjeux de la stabilité. Par exemple, ce que nous avons fait à la 9e session en termes d’identification d’indicateurs de suivi de la stabilité, il faudrait qu’on puisse le partager avec eux pour que nous partions sur les mêmes bases et nous allons veiller pendant le déroulement de l’année à ce que, vraiment, l’acquis de 2016-2017 soit consolidé. Je crois qu’ils ont bien compris eux aussi notre démarche et nous sommes déjà d’accord sur le format de la prochaine assemblée avec les syndicats de l’Education concernés.
Propos recueillis par Serigne Saliou Guèye