«L'objet de mon déplacement ici était de venir auprès de la famille de l'étudiant Fallou Sène présenter mes condoléances et celles de la formation politique, à sa famille et à l'ensemble des Patarois, des Diourbellois et au peuple Sénégalais d'ici et de la diaspora suite au décès de Fallou Sène qui a été arraché violemment à notre affection et à l'affection de ses parents et de ses amis. Mais j'ai été vraiment rassuré d'avoir trouvé une famille de talibés mourides et une famille de musulmans qui, sous la conduite de leur guide religieux, ont accepté avec dignité l'épreuve qu'ils viennent de subir. Une épreuve extrêmement douloureuse. J'ai été frappé par les témoignages très positifs que les parents ont fait sur le jeune Fallou Sène. Ce fut un étudiant prometteur sur qui comptait une large famille.» Transition toute trouvée pour Idrissa Seck de dégainer ses premières rafales. «Je voudrais renouveler ma condamnation initiale parce que le maintien de l'ordre ne signifie pas tuer et assassiner. Il y a des règles extrêmement précises d'engagement des forces de sécurité et de défense en matière de maintien de l'ordre. Macky Sall n'est pas en guerre contre le peuple Sénégalais. Le fait qu'il ait échoué dans la délivrance de ce service essentiel qu'est l'éducation ne doit pas le conduire à assassiner nos enfants. Je renouvelle ma condamnation de ce que je considère être un assassinat.»
Réservant la deuxième partie de son discours au Président de la République, Idrissa Seck, visiblement irrité par le drame de Gaston Berger, se voudra particulièrement virulent. «Il a peur de son peuple. Il utilise les forces de sécurité et de défense non pas pour protéger son peuple, mais pour s'attaquer à son peuple et ça, ça doit cesser.»
Interpellé sur les limogeages intervenus, l'ancien Premier ministre préfère en rire. Pour lui, le Chef de l'État s'est trompé de solution. «C'est lui qui doit démissionner puisqu'il a manqué à tous ses devoirs. Il a manqué à sa parole. Il a bradé l'économie nationale. Il a trahi le peuple. C'est lui qui doit démissionner et non un pauvre recteur d'université ou un directeur.»
Insistant sur la perte que représente la mort de Fallou Sène et le chagrin que peut ressentir Serigne Abdoulaye Sène, père du jeune étudiant, Idrissa Seck reviendra sur un pan de sa vie allant jusqu'à comparer son père à celui du regretté disparu.
«Le père de Fallou Sène a fait un témoignage qui m'a rappelé mon propre père. Les parents eux, sont prêts à tous les sacrifices pour l'éducation de leurs enfants, même dans la pauvreté extrême. Vous savez mon père était marchand ambulant. Il achetait des habits d'occasion, les amenait à la maison. Moi je faisais partie de ceux qui lavaient ces habits et qui les repassaient par la technique du ''taapp''. Je tapais et je lui amenais ça au marché et pourtant quand j'ai eu envie d'aller au collège Saint Gabriel qui était un collège privé et qui coûtait cher, il m'a suivi dans ma volonté. Fort heureusement, au terme du premier trimestre, le directeur le convoque et lui dit maintenant votre fils a une bourse de 7/7. Non seulement vous ne payez plus, mais c'est lui qui vous paye maintenant. C'est tout cet espoir que Macky Sall vient de briser. L'espoir de toute une famille, par sa peur, puisqu'il a peur. C'est un peureux.»
Avec Dakaractu