Pour le Directeur de Timbuktu Institute, par ailleurs coordonnateur de l’Observatoire des radicalismes et conflits religieux en Afrique, « ces tendances ne sont pas rassurantes », car poursuit-il « il y a seulement quelques années la question ethnico-régionale était un tabou politique qui était en même temps, un précieux gage de durabilité du contrat social sénégalais qui a épargné notre pays des dérives qui ont secoué des pays de la sous-région ».
Selon Sambe, « il est grand temps que notre classe politique comme nos chefs religieux mais aussi la société civile prennent en charge cette brûlante question en ce qu’ils représentent des modèles dont les agissements et les discours ont forcément une influence sur ceux du reste de nos concitoyens »
D’après, toujours, le chercheur sénégalais, « suite à la montée en puissance de certains partis et candidats indépendants aux relents religieux bien qu’ils s’en défendent, il faudrait une réflexion profonde sur les techniques de contournement de l’article 4 de la Constitution en matière de formation de partis politiques au Sénégal et une fermeté sur l’application des dispositions en vigueur. Voilà déjà une question urgente pour la prochaine législature ».
Certes, poursuit-il, « il faut avoir conscience des accommodations sociales du principe laïc au Sénégal qui ont fait que notre pays n’a jamais été dans une logique de laïcité de combat mais de compromis social efficace garantissant la liberté de conscience et divergence ». Mais « au regard de la situation sous-régionale et internationale, la vigilance devient de mise sur cette question éminemment importante pour la durabilité du modèle sénégalais du vivre ensemble ».
« Je fais encore confiance au génie de notre nation forgée par ses différentes expériences culturelles, religieuses et idéologiques qu’elle a toujours su mouler dans cet esprit d’une sénégalité originelle du vivre-ensemble », souligne, malgré tout, l’enseignant-chercheur du Centre d’étude des religions de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, « mais encore faudrait-il que la classe politique, les leaders religieux et la société civile consentissent, justement, aux efforts de perpétuation de ce modèle auquel tiennent nos équilibres et notre cohésion sociale », conclut-il.
Source Dakaractu