L ’arrêt de la Cour de justice de la Cedeao, dans l’affaire de la caisse d’avance de la mairie de Dakar, continue de faire polémique. En effet, la dé- cision du juge de la Cour d’appel, Demba Kandji, de poursuivre le procès malgré ledit arrêt qui consacre la «violation des droits de Khalifa Sall» a «outré» Me El Hadji Diouf. Invité à l’émission Objection de la radio privée Sud Fm du dimanche 22 juillet, la robe noire politique a estimé que cette décision du juge Kandji «est extrêmement grave». S’expliquant, l’avocat qui s’était vu refuser sa constitution pour la défense, puis pour la partie civile de la municipalité, précise «qu’on ne lui (Demba Kandji) a pas dit que la Cour de justice de la Cedeao va se substituer aux juges nationaux, les juges sénégalais doivent juger». Mais, poursuit-il, quand la juridiction supranationale, notamment la Cour de justice de la Cedeao, constate «qu’il existe des violations des droits de Khalifa Sall, le juge national ne peut pas l’ignorer». Pour cause, il indique que la «hiérarchisation» des juridictions fait que «l’arrêt qui consacre l’existence de ces violations balaie la décision du juge de Grande instance de Dakar», qui avait rejeté les violations.
Pourquoi la Cour de justice de la Cedeao n’a pas explicitement ordonné la libération de Khalifa Sall ? Sur ce point, Me Diouf admet que «l’arrêt s’est abstenu d’annuler et d’ordonner la libé- ration». Toutefois, poursuit-il, «l’arrêt a donné l’indication au juge, qui ne peut pas l’ignorer, qui est tenu de le convoquer». Mieux, cette décision étant «supérieure à toutes nos juridictions, même à la Cour suprême, on ne peut pas le mettre dans un tiroir», s’offusque-t-il. Il estime, en fait, que le juge Kandji devait prendre acte de la violation des droits de Khalifa Sall, constatée par la Cour de justice de la Cedeao, pour tirer la conséquence de cette violation qui n’est rien d’autre que «l’annulation de la procédure». Le leader du Parti des travailleurs et du peuple (Ptp) n’a pas manqué aussi de jeter des piques du côté du gouvernement qu’il qualifie de «menteurs». Me El Hadj Diouf refuse que les gens du régime orientent la question sur la quantité des exceptions soulevées et rejetées par la Cedeao. Pour lui, «ce n’est pas une question de quantité. Une seule exception acceptée annule la procédure». Cela, pour répondre à ceux qui soutiennent que parmi les 18 exceptions soulevées, seules 4 ont été retenues par la Cour, au moment où 14 autres ont été déboutées. Il pense que le pouvoir veut "tromper l’opinion" en convoquant le nombre.