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L'essentiel


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Dansokho : un Amath de combats

POLITIQUE
Samedi 24 Août 2019

Il est de cette race d’homme dont l’action reste indéfiniment inscrite dans les annales de l’histoire de leur Peuple, de ces hommes valeureux qui meurent debout. Amath Dansokho, le communiste, l’héritier sénégalais de Lénine, Che Guevara, Mao, Majmout Diop n’est plus. L’icône du Parti de l’indépendance et du travail (Pit) vient de quitter le parti auquel il s’est confondu une bonne partie de sa vie. Une vie de combats. Des combats pour des vies. Nous reproduisons le portrait d'Amath dressé par notre confrère Daouda Gbaya et publié en 2010.


Dansokho : un Amath de combats
Par Daouda GBAYA

«Après la mort de Lénine, Amath et moi, nous nous sommes rendus à la librairie de M. Rossy, un Corse, comme on nous interdisait de lire au lycée Faidherbe. Quand nous nous sommes mis à pleurer, M. Rossy viens nous dire : au lieu d’aller réviser vos leçons, vous pleurez un cochon. Ne venez plus à l’avenir dans ma librairie.» Cette anecdote d’Abdoul Nancy Kane suffit, elle seule, pour camper le personnage d’Amath Dansokho. Le Secrétaire général du Pit est un leader politique dont le charisme demeurera, même s’il quitte son perchoir. Son militantisme et sa lutte contre l’injustice font de cet homme de 73 ans (il est né le 13 janvier 1937 à Kédougou) un communiste humaniste. Abdoul Nancy Kane : «C’est un homme très généreux, très solide dans ses convictions.» Tout est là, chez un homme qui s’est fait très tôt des convictions fortes qui ont déterminé son destin de futur leader. 
Thierno, comme l’appelle sa famille, va flirter avec la politique et devient un «Senghoriste forcené», avant de s’écarter des idées du Président-poète, après avoir lu les mémoires de Maurice Torez. Cette étape marque alors le début de son idylle avec le marxisme qu’il n’a «jamais quitté». Le jeune communiste Dansokho devient meneur de grève. En 1957, il adhère au Parti africain de l’indépendance (Pai). En classe de Première, il dirige la première grande grève des élèves de Saint-Louis. Lui et ses camarades assiègent le bureau du proviseur. «C’était le tollé», se remémore-t-il. Amath Dansokho sera arrêté avant d’être relâché grâce à l’intervention de Amadou Moctar Mbow, alors directeur de l’Education de base. En 1957, il installe une section du Pai à Saint-Louis.

UNE AURA, COMME UN DON
Le Pr Maguette Thiam témoigne : «Il a le support de son raisonnement ; c’est toujours quelqu’un qui convainc. Il est calme, mais aussi très agréable».  
Après son Bac en 1958 au Lycée Faidherbe, le jeune Dansokho débarque à l’Université de Dakar où il s’inscrit à la Faculté des Lettres et Sciences économiques. Elu vice-président de l’Union générale des étudiants l’Afrique occidentale française (Ugeao), il se frotte au régime de Senghor. Son premier déboire sera l’interdiction de la publication du journal Dakar-Etudiant par le Président Senghor qui menace l’imprimerie Diop de «l’exclure du marché public». Amath se rend alors en Guinée pour imprimer ce journal. Son militantisme finit par compromettre ses études universitaires. 

LE PORTEUR D’ARMES 
En 1961, ce polygame et père de quatre enfants (trois filles, un garçon)  est mêlé dans une tentative de coup d’Etat planifié par Majmout Diop et dont le modus operandi était le suivant : Dansokho effectue un  voyage en Guinée pour aller récupérer des armes que leur avait fournies Frantz Fanon, un responsable du Fln. Il quitte Conakry pour Kankan par train, de Kankan à Bamako par route, de Bamako à Dakar par le chemin de fer. Une fois sur place, les armes servirent à l’insurrection du parti aux élections municipales de 1960.

Dansokho se remémore : «C’était un accord pour ouvrir un deuxième front pour disperser l’Armée française.» Le 30 juillet 1960, Majmout et Cie lancent alors l’assaut contre la gouvernance de Saint-Louis. Mais cette tentative de putsch va échouer. Majmout Diop et ses complices sont arrêtés, puis condamnés. Son parti sera interdit. Majmout Diop s’exile à Prague, en Tchécoslovaquie. Aujourd’hui, Dansokho, regrette de s’être lancé dans cette «aventure». «Ça ne pouvait pas aller loin (…) L’Armée française est là. Ensuite Senghor bénéficiait d’une grande légitimité.» S’il a pu échapper à la prison, ce ne sera pas le cas en juin 1964. Soupçonné de vouloir préparer une «insurrection» contre le régime lors d’un comité central, Amath Dansokho sera arrêté puis condamné, avant de bénéficier d’une liberté provisoire. 

L’EXIL
Sur invitation de Majmout Diop, Dansokho s’exile à Prague où il poursuit ses activités de journaliste. Son attachement à la liberté et à la justice sociale l’a amené à condamner  l’invasion de Prague par les troupes russes. C’était le Printemps de Prague, le 21 août 1968. Son soutien aux dirigeants tchèques lui vaudra des représailles de la part des autorités russes. Invité à prendre part à une rencontre internationale en Russie, il est interdit d’entrée dans ce territoire. Il recourt à une grève de la faim pour qu’on lui autorise enfin l’entrée. Un acte qui avait «fasciné» Ibrahima Sène, membre du comité central : «C’est un homme de refus, un homme de principe qui n’accepte pas l’injustice.» Le Dr Al Seyni Dansokho, son petit frère ajoute : «La préoccupation essentielle de Amath, c’est l’homme. C’est un esprit indépendant.»

AUTOCRITIQUE
En 1989, il rentre au pays, 9 ans après le départ de Senghor. Abdou Diouf  lève l’interdiction qui frappait le Pai, par «peur de la clandestinité». Dansokho reprend ses activités journalistiques. Il dirige tour à tour Mom sa rew, puis le Dandé lé et la revue Guestu avec feu Sémou Pathé Guèye. Dès 1989, Dansokho, lors d’un comité central du Pit, tire la sonnette d’alarme sur la situation du pays. Comme par prémonition, il déclare, par une formule très imagée : «Si l’on y prend garde, le Sénégal va se noyer dans les eaux de l’après-barrage.» Une semaine après les événements (conflit entre le Sénégal et la Mauritanie) de 1989, ont commencé. Bilan : des centaines de morts des deux parties. Une aubaine pour les démons de la violence qui vont s’inviter à ces événements tragiques. Parmi ces démons, Dansokho accuse l’opposant Wade qui aurait demandé à Diouf d’attaquer la Mauritanie. Il dit : «Abdoulaye était tellement obsédé par le pouvoir qu’il est allé conclure une alliance avec Taya (Mawya Ould). Et il a entraîné tous les partis de l’opposition sans exception à aller négocier directement avec Taya en refusant de rencontrer Abdou Diouf. Et il n’a jamais dit le contraire.» Cette attitude sera à l’origine du divorce de son parti d’avec le Pds. Mais, vu l’ampleur des «massacres» de part et d’autre, Dansokho ne pouvait rester sans rien faire. Alors, il se rend chez Wade pour lui faire comprendre de la nécessité de l’opposition d’intervenir, car «la situation est extrêmement grave».

Mais l’attitude de Me Wade, le navre. «Lui, il pensait que le fruit est mûr pour aller au secours de l’autre. Je lui ai dit qu’on a décidé d’aller voir Diouf et je veux qu’on le fasse ensemble.» Réponse de Wade : «Puisqu’il se dit président de la République, il n’a qu’à réglé son problème.» Dansokho revient à la charge : «Vous ne pouvez pas parler comme cela ; ce sont des êtres humains qu’on est en train d’égorger. Il me dit : Non !» Le cœur meurtri, Dansokho quitte Point E pour se rendre chez Samba Diouldé Thiam pour l’informer de la décision de son parti de «participer à la résistance», «si Taya et ses troupes, actionnés par Saddam Hussein» attaquaient le Sénégal. Lui était convaincu que les «missiles de Saddam Hussein étaient pointés sur Dakar et sur Saint-Louis».
La «sagesse» d’Abdou Diouf évite le pire. La crise étant finie, le pays s’engage dans la voie de la réconciliation avec l’appui des dignitaires musulmans et du clergé catholique pour un gouvernement d’union nationale.

LUI ET WADE
Mais déjà, une crise de confiance s’installe. Dansokho soupçonne Wade de faire un jeu de dupes avec l’opposition. Il raconte : «On était avec Abdoulaye Wade, il quitte la table de négociations, pour aller voir Abdou Diouf qui lui demande : «Et tes amis, comment tu vas faire ?»  Wade de répondre : Ne t’en fais pas, je m’en occupe. Soyons d’accord nous deux.» Wade, selon Dansokho, voulait avoir «un Sénat dont il serait le président ou un poste de vice-président».

Mis au parfum, Dansokho  débarque au Point E, «un jeudi», pour lui annoncer la rupture avec son parti. Motif : Wade «ne discute pas du problème des Sénégalais». «Et c’est comme cela qu’on a foutu en l’air les négociations», dit-il, car «Abdou Diouf était terrorisé par Abdoulaye Wade». Mais sur intervention de plusieurs bonnes volontés, un gouvernement d’union nationale se forme. Trois ministères reviendront au Pit, dont celui de l’Urbanisme et de l’Habitat que va hériter Amath Dansokho. A la tête de ce ministère, il va s’illustrer par un travail remarquable. Ce qui lui valut sa reconduction en 1993 au lendemain des élections législatives. Mais, sa position contre la mal-gouvernance et contre la politique d’ajustement structurel dictée par les bailleurs de fonds sera perçue comme une «menace» aux yeux de l’ex-Premier ministre de Diouf. «C’est Habib Thiam qui nous a foutus à la porte. Il l’a reconnu dans son livre.» 

En 1998, Dansokho est élu député à l’Assemblée nationale. Là aussi, il s’illustre dans la défense des intérêts des populations. Mais, la faible représentativité de l’opposition résume son combat à une question de principe. Pour renverser la tendance, Amath et les siens s’investissent en perspective de la Présidentielle de 2000. Il s’agissait d’abord d’unifier les partis de gauche et d’investir Wade comme candidat. Une telle proposition ne semblait pas trop emballer ce dernier qui se trouvait en France.

Son long séjour de près d’une année à Versailles gêne ses alliés, d’autant que les candidats en lice ont commencé à battre campagne. Il a fallu envoyer à Wade une «sommation» pour qu’il rentre. A son arrivée, Wade aura droit à un accueil populaire que revendique Dansokho. «C’est moi qui ai appelé Dakar à lui réserver un accueil sans précédent, parce que c’était la guerre civile au sein du Pds. Idrissa Seck voulait coûte que coûte conquérir le parti. Les élections présidentielles ne l’intéressaient pas, mais c’est le contrôle du Pds.» L’Alternance réalisée, Dansokho retrouve son ministère de l’Habitat.  Mais son franc-parler va à nouveau lui coûter une «défenestration» qui ne le surprend guère, car il voyait venir : «Je ne suis allié avec Wade que sur la question de la destruction du parti-Etat. Et ça lui a fait très mal.» 
Autant Dansokho est virulent envers Wade, autant il lui voue une estime. Au point de «verser des larmes» en parlant de lui. Un paradoxe qu’il tente d’expliquer : «Ce que j’ai fait avec Wade, il faut être un caillou pour ne pas avoir un sentiment (…) Je ne suis pas méchant ; je suis un communiste très humaniste.» Le Pr Maguette Thiam confirme : «Il est très sentimental. Parfois, il peut s’avancer et être très meurtri par le fait qu’on ne le comprend pas.» Il a le cœur meurtri aussi à chaque fois qu’il ne peut répondre favorablement à une sollicitation. Aminata Faye Kassé, ancienne députée du Pit, retient : «Un jour, une personne dont je tairai le nom est venue lui poser son problème ; il n’avait pas d’argent sur lui. Pour la convaincre, il a vidé les poches de son pantalon. Cela m’a marquée.» Mais, ce trait de caractère fait de Dansokho aussi un candide. L’homme identifie les personnes à sa propre personne. Ibrahima Sène : «Son défaut principal, c’est sa naïveté. Il a tellement confiance aux gens qu’il ne pense pas qu’on puisse le manipuler ou de le truander.» Pour Amath Camara, responsable Pit à Thiès, «c’est le prolongement de ses qualités. Quand quelqu’un veut lui prendre des sous, il ne s’interroge pas sur la bonne foi ou non de la personne». 
 

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