14 septembre 1997 - 14 septembre 2019, 22 ans après, les Sénégalais se souviennent toujours du 3ème khalife de Maodo avec sa voix suave qui ne se laissait pas prier pour déclamer les versets coraniques. Homme de son époque, Mame Abdou a vécu et a convaincu. Sa modestie et sa simplicité faisaient de lui un homme consensuel. Catholiques comme musulmans de toutes confréries confondues, vouaient un immense respect à un homme qui a vécu en ascète et est parti dans le plus grand des calmes.
Ses prêches étaient aimés de tous. Et, même s’ils datent de plus de deux décennies les « cours magistraux » de Mame Abdou restent toujours d’actualité et servent toujours à la nouvelle génération. Le 23 juin 2011 en est une parfaite illustration. Alors que le Sénégalais s’étaient levés en masse pour faire face à un projet de loi que le régime d’alors voulaient faire passer à l’Assemblée nationale, ce sont les paroles du saint homme, rappelant la mission et le rôle d’un député, qui retentissaient sur toutes les chaines privées de télévision, faisant de lui l’absent le plus présent en ce jour durant lequel le pays était sens dessus dessous. C’est que "Dabakh", malgré sa gentillesse et sa courtoisie légendaire, n"hésitait jamais à recadrer les acteurs politiques.
Né en 1904 à Tivaouane, année de l’inauguration de la Grande Mosquée de ladite ville, Serigne Abdoul Aziz Sy est le fils d’El Hadji Malick Sy et de Sokhna Safiétou Niang. C’est à la fin du mois de mars 1957 qu’il accéda au trône du khalifat. Le 25 Mars 1957, Serigne Babacar Sy, premier khalife de la famille de Maodo, est rappelé à Dieu mais son frère Serigne Mansour Sy (le père de l’actuel khalife) qui doit lui succéder, garde le lit et demande aux disciples qui viennent présenter leurs condoléances ou qui souhaitent recevoir le "Wird" de s’adresser à son jeune frère Abdoul Aziz Sy Dabakh.
Le vendredi 29 mars, quatre jours après le décès du Khalife, Serigne Mansour Sy fait ses confidences à Dabakh en ces termes : « Abdou, le drapeau de l’Islam ne doit pas tomber à terre, Babacar qui tenait la procuration est rappelé à Dieu, moi je ne peux pas, compte tenu de mon état de santé. Va diriger la prière ». Le même jour, Serigne Mansour est rappelé à Dieu. De ce jour, jusqu’à la date du 14 septembre 1997, Mame Abdou Aziz Sy Dabakh avait porté haut le flambeau. Au point de se voir accorder une note quasi unanime par son peuple : "Quarante ans, zéro faute".