Le mal dans tout ça en est que nos autorités, dans la course aux grandes réalisations, ne prennent pas souvent le temps d’avoir toutes les informations sur ledit projet avant sa validation, ce qui entraîne forcément des surfacturations avec des avenants à ne plus en finir.
En tout cas l'objectif reste pertinent car la réalisation de tels ouvrages permettrait d’améliorer la fluidité et le volume de trafic, de décongestionner la VDN, de réduire le coût induit par les problèmes de mobilité urbaine estimé à environ 100 milliards de nos francs chaque année.
Cependant il est nécessaire de revenir sur la démarche car nous savons également que les offres spontanées sont de loin les marchés les plus transparents du moment où il n’y aurait pas appel d'offre donc pas de possibilité pour nos majors du BTP d’espérer.
Eh oui ! Le cadre législatif sénégalais ouvre la possibilité aux opérateurs privés de soumettre une offre spontanée à un partenaire public, sans que celui-ci ait préalablement un projet similaire à développer en PPP. Les offres spontanées sont encadrées par l’article 81 du Code des Marchés Publics, mais aussi, par l’article 1 de la loi N°2014-09 sur les contrats de partenariats. Ce texte les désigne comme une proposition à l’initiative d’un opérateur privé relative à l’exécution de contrat de partenariat qui n’est soumise en réponse à un appel à concurrence publié par l’autorité contractante et le montant du projet doit être obligatoirement supérieur à 50 milliards.
La courbe monte en vitesse, 60 milliards en 2015, 95 milliards en 2017, 129 milliards en 2018 et nous voilà à 137 milliards pour une société étrangère du nom de MATIERE SA ; et pourtant les alertes de la Banque Mondiale n’ont pas pu stopper le gouvernement du Sénégal. C'est du genre cerise sur le gâteau empoisonné mais qui arrangerait notre gouvernement qui a des difficultés de trésorerie et qui s'inquiète si peu de l'endettement et du comment tout ceci impacterait sur les populations.
Les offres spontanées donnent la possibilité tout de même de créer la concurrence afin d'avoir une gamme de choix différents, ce que certainement les décideurs n'ont pas fait car nos majors du BTP sont toujours absents dans de tels projets d'infrastructures de grande envergure. D'ailleurs, que fait l'Etat pour nos majors à part les regarder subir la puissance des multinationales étrangères ? Et pourtant l’Etat aurait pu les accompagner avec des garanties qui leurs permettraient de lever des fonds dans les marchés financiers pour pouvoir concurrencer ces multinationales, parce que préfinancer des projets de plus 50 milliards n’est pas une affaire facile pour des sociétés qui peinent à faire des chiffres d’affaire honorable.
Je me rappelle du discours d’un Monsieur en 2012 sur lequel j'avais noté ces mots: « je ne suis pas là pour construire des routes et des ponts » mais le voilà en train de construire des autoponts et le malheur est qu'il le fait au profit des multinationales étrangères.
Pape Abdourakhmane Dabo
Ingénieur des Travaux Publics
Consultant en infrastructures publiques.