D’abord, je regrette, moi qui ambitionne d’être un intellectuel attaché à un débat politique de qualité, qu’une identité remarquable comme le professeur Tounkara soit ôtée des plateaux de télévision pour être anesthésiée sous les ors, lambris et dorures du pouvoir.
Ce professeur de métier, reconverti en présentateur de télévision est à la fois une plume acerbe, une voix impertinente, un administré exigeant, un critique atavique… bref un citoyen cultivé. Au cours de ces dernières années, il a réussi à s’imposer comme l’un des censeurs du pouvoir, à force de lettres ouvertes, de contributions, de coups de gueule et de critiques en forme de sermons. Mais aussi à force de corriger le président de la République, ses ministres et ses directeurs généraux en orthographe, en grammaire et en syntaxe.
C’est ce Tounkara qui va manquer au public à la faveur de sa phagocytose par le pouvoir. D’où les nombreuses réactions l’accusant d’avoir trahi sa ligne et abandonné cette cause de salubrité publique pour sa promotion personnelle. On peut comprendre cette posture, même si aucun esprit censé ne peut l’approuver.