4.000. 000.000.000. Et quelques 71 millions. Ecrit ainsi, ainsi libellé, cela impressionne encore plus, même les « instruits » d’entre nous qui se laissent hypnotiser par le chiffre. Le prochain budget. Et bien entendu, les perroquets de service caquettent « aucun régime n’a fait mieux depuis... ». Vous avez déjà vu vous, un budget qui baisse d’année en année ? Aucun mérite donc au pouvoir qui est sensé améliorer chaque année les conditions de vie de ses concitoyens.
Mais ce que cache cette jouissance indécente, c’est la part royale des gouvernants dans ce pactole attendu : 165 milliards pour nos quatre premières institutions, dont on pourrait se passer sans balafrer la République : l’Assemblée qui, pour ce qu’elle fait comme travail (applaudir et adopter tout ce que le gouvernement soumet) ne mérite absolument pas 15 milliards ; les deux autres machins (HCCT, CESE), refuges du cheptel politique acheté pour peupler la cour royale et se charger des basses œuvres. Le roi pourtant, dans sa magnanimité mal placée, leur a fait des largesses...royales : 8 et 6 milliards !
Evidemment, le roi ne s’oublie pas avec ses 86 milliards et des poussières ! Pour mieux acheter les transhumants et autres troubadours politiques, chefs religieux très boulimiques, propagandistes idéologiques de toutes les officines (magistrats, intellos défroqués et autres médias) tous domestiqués par des dessous de tables pour justifier la « Grande Gabegie Nationale » qui nous est servie comme gouvernance politico-économique.
Comment investir dans des projets sociaux utiles quand presque le tiers du budget national sert à engraisser, entretenir, des oisifs de la République ? Comment respecter ses engagements vis-à-vis des organisations syndicales, solder la dette intérieure due au patronat national, les instituts du supérieur dans lesquels on déverse les étudiants que le service public est incapable d’absorber ? Comment mettre fin aux abris provisoires, aux surcharges des classes si on se préoccupe d’abord de son bien-être et de celui de ses compagnons de bombance ?
Le plus affligeant dans ce chœur des rapaces, c’est que le bilan dont ils se glorifient « oublie » ces milliers, voire millions de laissés pour compte d’une mythique et aléatoire émergence, qui chaque jour que Dieu fait, étalent sur les sentiers de nos campagnes ou les routes défroncées, leurs maux : électricité, eau, routes, centres de santé à défaut d’hôpitaux. Et il se trouve des fumistes idéologiques pour dire « que ces gens font dans le chantage parce que nous sommes dans une année électorale » !! Mais ils ont raison de faire chanter leurs dirigeants maintenant, puisque c’est la seule période où ils écoutent et entendent les complaintes de leurs compatriotes.
Pendant ce temps, les plus hauts responsables de la République se partagent entre eux, en petit comité d’une petite caste, à la méthode dite des bandits de grands chemins, le fruit de leurs rapines budgétaires. Nos deniers.
Drôle de gouvernance qui nie l’existence de « tensions de trésorerie » mais peine à solder une avance de trois milliards aux instituts du supérieur, hypothéquant ainsi l’avenir de milliers de notre jeunesse ! Et il se trouve des avocats véreux nourris grassement pour asséner des imbécilités du genre : « tout le monde n’a pas vocation à aller à l’université ». D’accord ! Mais ils sont où leurs progénitures ? Sûrement pas parmi ces rejetés de l'université publique. C’est facile d’ergoter sur ce que « l’Etat peut ou ne peut pas » quand on n’est pas concerné.
Inconvenant de donner des leçons de « parler vrai » aux syndicats et autres presque « hooligans » dans leurs discours de valets bien nourris. Oui, oubliés de la République en tous temps (électoral ou pas) vous avez raison de hurler votre détresse durant le seul moment où vous pouvez être audibles et entendus ! Ceux qui vous le reprochent n’ont pas vos problèmes et n’ont pas besoin de hurler pour être servis. Grassement !
Post scriptum : On parle d’insécurité, suite à l’assassinat du douanier et de la militante du Pastef, de retour de la peine de mort ; nos services de sécurité s’agitent et arrêtent pour quelques jours (le temps que la pression retombe) quelques voyous déjà connus, avec de ridicules coupe-coupe et autres coutelas du malfrat primaire, pour montrer qu’on travaille.
Mais en regardant de plus près ces charretiers tueurs et autres dealers et voleurs de nos villes et bidonvilles, on est frappé par une évidence : la pauvreté et le chômage constituent la plus grande insécurité des sociétés modernes. Autrement dit, capitalistes. On connaît les causes, reste à pouvoir, vouloir, les éradiquer. Et ce n’est certainement pas en gavant des institutions inutiles au détriment des minimas sociaux !
Demba Ndiaye, Seneplus