Le scrutin du 24 février 2019 constitue un moment crucial dans l’histoire politique du Sénégal. Les citoyens sénégalais veulent refermer une bonne fois pour toutes, la parenthèse Macky SALL, dont la gouvernance chaotique, brutale et médiocre a entraîné le Sénégal dans la voie de la régression démocratique et les méandres du sous-développement. Abdoulaye Wade qui a participé de manière admirable à la construction démocratique du Sénégal a l’obligation d’accompagner le peuple dans sa volonté d’ouvrir une nouvelle page de son histoire sans Macky SALL (3éme alternance). Pour avoir mené pendant près de 45 ans (le PDS a été créé en 1974), un combat énergique et noble au service de la démocratie, Abdoulaye WADE qui a conquis le cœur des sénégalais, et dont la trajectoire mérite respect, doit veiller à ce que son nom soit inscrit dans les annales de l’histoire du Sénégal.
Cela dit, aucun esprit rationnel ne peut souscrire à l’appel d’Abdoulaye WADE en date du 07 février 2019, demandant aux sénégalais de brûler leurs cartes d’électeurs. Cet appel est inadmissible, incompréhensible et totalement insensé, pour 3 raisons :
- Primo, les sénégalais attendent d’Abdoulaye WADE d’une part, qu’il manifeste publiquement son choix pour un candidat de l’opposition, et d’autre part, qu’il appelle clairement les citoyens à voter massivement contre Macky SALL. Or jusqu’à présent, Abdoulaye WADE n’a fait ni l’un, ni l’autre, adoptant une démarche très ambiguë qui suscite des interrogations et autorise toutes les conjectures,
- Secundo, la carte biométrique CEDEAO faisant office de carte d’électeur remplit une double fonction : a) le recto permet aux sénégalais de justifier de leur identité, notamment dans le cadre de leurs démarches administratives ; b) le verso permet à chaque citoyen de pouvoir accomplir son devoir civique par le biais du vote. Demander aux sénégalais ou aux militants de son parti de brûler leurs cartes d’électeurs, c’est vouloir transformer du jour au lendemain des millions de sénégalais, en sans-papiers dans leur propre pays, ce qui est totalement inadmissible, quand on sait qu’à ce jour, des centaines de milliers de sénégalais sont confrontées à d’énormes difficultés pour retirer leurs cartes d’identité faisant office de cartes d’électeurs (Wade pourra t’il garantir demain à ces sénégalais d’obtenir leurs cartes d’électeurs ?),
- Tierto, demander aux citoyens sénégalais de brûler leurs cartes d’électeurs, c’est vouloir implicitement neutraliser le vote de millions de sénégalais (de l’opposition), au profit de Macky SALL, dont les partisans disposent de leurs cartes d’électeurs, et qui, sans aucun doute iront voter le 24 février 2019 pour leur candidat. Un tel cas de figure favoriserait la réélection du candidat Macky SALL (aucun électeur de Macky SALL ne brûlera sa carte d’électeur).
A 16 jours du scrutin présidentiel dont tout démontre qu’il aura lieu (même s’il ne fait l’ombre d’un doute que le régime impopulaire de Macky SALL compte sur la fraude pour réaliser un hold-up électoral), demander aux sénégalais de brûler leurs cartes d’électeurs, équivaut à un soutien implicite de Macky SALL. Pour contrecarrer la fraude en gestation, Abdoulaye WADE doit concentrer tous ses efforts sur un plan d’actions pour sécuriser le vote des citoyens sénégalais. En réalité, le véritable enjeu pour Abdoulaye WADE n’est pas de boycotter le scrutin du 24 février 2019 (une démarche irréaliste et contreproductive), mais surtout d’éviter la confiscation du suffrage des sénégalais par le régime en place (détournement de la volonté populaire). En définitive, la posture d’Abdoulaye Wade d’un boycott du scrutin du 24 février 2019, n’est plus tenable. Abdoulaye WADE doit clairement et explicitement appeler à voter massivement contre Macky SALL. Le mot d’ordre doit être clair, et sans équivoque. A défaut, il pourrait être considéré comme un « allié indirect » de Macky SALL et entacher tout son parcours.
Aucun citoyen ne doit brûler sa carte d’électeur, il faut voter pour assurer la 3éme alternance.
Seybani SOUGOU – E-mail : sougouparis@yahoo.fr