La décision du tribunal de grande instance de Dakar d’annuler la procédure contre Thione Ballago Seck n’en finit pas de faire parler d’elle. Directeur de cabinet adjoint de Khalifa Ababacar Sall, Babacar Thioye monte au créneau, d’abord pour se féliciter de la décision qui, pense-t-il, est conforme au droit et aux engagements internationaux du Sénégal.
Toutefois, Thioye Ba dit ne pas comprendre pourquoi ce même droit avait été refusé à son mentor. Au téléphone, il déclare : ‘’Nous pensons que c’est une très bonne décision qui renforce les droits des citoyens. A ce titre, nous nous en réjouissons, parce qu’à chaque fois que le juge consacre le droit et les libertés des citoyens, c’est une victoire pour tout le monde. Vous constaterez juste que c’est le même tribunal qui avait rejeté l’exception de nullité évoquée par Khalifa Ababacar Sall, alors qu’elle était fondée sur le même argument.’’
Se disant convaincu que la jurisprudence Thione Seck est la bonne, il s’interroge : ‘’Comment, en seulement quelques mois, le tribunal a pu évoluer de la sorte dans sa position ?’’ Mais au vu des tournures, la question qui peut aussi être posée, c’est de savoir qu’aurait-il advenu, si le destin de Khalifa était à l’époque confié à Maguette ? Pourtant, on était à deux doigts d’un tel scénario, puisque, dans un premier temps, l’ancien président de l’Union des magistrats sénégalais avait été désigné pour présider ledit tribunal, dans l’affaire de la caisse d’avance de Dakar.
Par la suite, il a été remplacé par le président même du tribunal de grande instance. A ceux qui pensent que c’était à cause des critiques contre le juge Diop, Thioye Ba rectifie : ‘’Nous n’avons jamais récusé le juge Maguette Diop. C’est le tribunal qui, de manière souveraine, avait décidé de changer sa composition. Et c’est le président lui-même qui s’était substitué à lui. Peut-être parce que le pouvoir politique, qui était derrière cette affaire de la caisse d’avance, avait pensé que ce dernier pouvait donner raison à Khalifa Sall.’’
Ce qui est le plus désolant, selon lui, ‘’c’est qu’ils ont l’impression qu’on a une justice pour Khalifa Sall et les politiques en général et une autre pour les justiciables lambda. Pour ce qui concerne ces derniers, les juges n’ont aucun problème à dire le droit. Mais quand il s’agit d’un adversaire politique, on a comme l’impression que le droit n’est pas dit’’.
Par ailleurs, fait constater le collaborateur de l’ancien maire de Dakar : ‘’Dans cette affaire Khalifa Sall, il y a une pression politique qui a amené la justice à violer la loi. Cela a fait que les décisions de justice sont maintenant des variables, rendues à la tête du client et c’est inconcevable dans un Etat de droit.’’
Et Thioye Ba de fulminer : ‘’Nous demandons aux magistrats de prendre leurs responsabilités et de rectifier le tir. Ils n’ont qu’à faire revenir le droit dans le prétoire et d’en chasser la politique qui a été au cœur de toute cette procédure. Khalifa Sall est victime d’un complot politique couvert par un semblant de justice. Le verdict est politique, rendu par des juges qui ont accepté d’être sous le diktat des politiques.
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