Comment saisir toutes les opportunités qu’offre la révolution digitale et numérique pour promouvoir la dignité humaine, les libertés fondamentales et l’accès à l’information ?». Telle est la question que se sont posés les acteurs de la société civile, réunis hier, à l’occasion du 70ème anniversaire de la Déclaration des droits de l’homme. «Nous avons saisi le 70ème anniversaire de la déclaration des droits de l’homme pour organiser un débat sur les enjeux de la révolution numérique et digitale. Ainsi, nous saisissons l’occasion pour interpeller les autorités sur les droits humains, afin de ne pas reculer par rapport aux droits en ce 21ème siècle. Aujourd’hui, le Sénégal est assis sur le toit mondial du mécanisme des droits de l’homme avec la présidence des droits de l’homme aux Nations-unies. Ce qui est une responsabilité énorme. Il faut donc que le Sénégal balaie devant sa porte d’abord», souligne Alioune Tine, fondateur de l’ONG Afrikajom.
L’autre aspect, selon l’ancien patron de la Raddho, c’est le contexte électoral du Sénégal marqué par l’élection présidentielle du 24 février 2019. D’où l’urgence de demander à ce que les libertés fondamentales ainsi que les droits humains soient respectés. «Car, l’élection présidentielle n’est pas la guerre civile. L’opposition et le pouvoir ne sont pas des ennemis, ils font tous la compétition pour le bonheur des Sénégalais. Donc, il nous faut travailler pour que le dialogue ait lieu avec toutes les composantes et de la façon la plus inclusive, y compris avec ceux qui sont exilés, ceux qui sont en prison. C’est le dialogue qui nous permettra d’ouvrir un horizon beaucoup plus serein, plus pacifique, mais aussi un horizon qui nous permettra d’avoir des élections transparentes, démocratiques et apaisées», dit-il.
En outre, Alioune Tine a abordé les maux qui minent le secteur de la justice sénégalaise. «Aujourd’hui, la justice est devenue une question sociétale. C’est de la responsabilité du gouvernement sénégalais de garantir une justice équitable ; parce que sans justice équitable, il n’y a pas d’Etat de droit. Il est de la responsabilité des juges de s’émanciper aussi.
Il ne s’agit pas tout simplement d’être dans la dénonciation. Quand vous êtes au tribunal en étant juge, prenez vos responsabilités. Nous sommes prêts à soutenir toutes les velléités d’indépendance et d’émancipation des juges dans nos sociétés», affirme-t-il. Evoquant par ailleurs l’internet et la révolution digitale au Sénégal, Alioune Tine soutient que celles-ci offrent des possibilités de surveillance des uns et des autres, avec la géo-localisation, mais elles sont porteuses également d’abus.
De l’avis du fondateur d’Afrikajom, «elles offrent plus d’opportunités. Nous n’avons pas été suffisamment préparés, ni les Etats, ni les journalistes, ni la société. Avec cette intelligence artificielle, il faut voir comment faire pour que la révolution numérique et digitale soit conforme aux normes en matière de droits humains. Parce qu’en matière de promotion et de protection des droits l’homme, les possibilités sont énormes.
Car l’alerte n’est pas faite seulement par les organisations, les possibilités ne sont pas faites seulement pour les organisations, mais pour les individus eux-mêmes», argue Alioune Tine. S’agissant de la restriction des libertés dans l’espace numérique à quelques mois de l’élection présidentielle, l’ancien directeur d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre indique que «c’est une préoccupation de l’ensemble des organisations de la société civile. Les Etats peuvent faire mieux. Il faut qu’ils évitent toute forme de radicalisation, en créant un contexte de déprime, un contexte de radicalisation, un contexte où il y a le sentiment de vengeance.
Quand on créé les conditions où il y a la transparence, il y a le dialogue et la sérénité, il y aura une meilleure utilisation de cet outil », explique M. Tine qui ajoute : «maintenant pour le reste, tout le monde doit rester vigilant. Que tout le monde exerce une fonction de régulation de cet espace numérique».