A son avis, le maire de Guédiawaye devait être le premier à être auditionné dans le cadre de l’enquête. La conviction de l’ancien chef de file de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (RADDHO) est faite que les organes de contrôle au Sénégal n’ont aucun pouvoir. «Ils ont fait des investigations et ont produit des rapports. Ce qui ne marche pas, c'est la justice. Notre institution judiciaire a les mains trop liées, surtout sur les questions politiques. Nous avons des juges parmi les plus compétents. Nos juges sont connus partout dans le monde. Mais ils ont les mains liées sur les questions politiques. Il faut laisser les juges faire tranquillement leur travail», a-t-il indiqué.
Sur sa lancée, Alioune Tine d’asséner : «Nous n'avons pas encore une justice capable de régler avec impartialité et indépendance les affaires politiques, surtout quand les mis en cause sont du pouvoir. Le procureur de la République est très puissant, mais il obéit à sa hiérarchie, au ministre de la Justice, qui obéit au président de la République. Le jour où le procureur sera indépendant, à partir de ce moment-là, les choses vont changer». A l’en croire, si les manifestations se poursuivent, un mois après la diffusion du reportage de la BBC faisant état d’un scandale pétrolier au Sénégal, «c'est parce que les réponses attendues n'ont pas été données pour faire jaillir la lumière».
De l’avis du droit-de-l’hommiste, «la communication de la Présidence est fondée sur le déni, le mensonge et les artifices». «Soit on nous dit que le rapport de l'IGE n'a jamais existé, soit le chef de l'Etat ne l'a jamais reçu. C'est ce qui prouve que nous sommes dans le déni. Ça, ce sont les réponses de la Présidence contre un service présidentiel, l'IGE. Quand le ministre Augustin Tine nous dit que les conclusions de ce rapport n'engagent pas le président de la République».
Alioune Tine estime que le maire de Guédiawaye est «l'âme damnée» du régime en place, comme l'était Jacques Foccart pour le général De Gaulle ou Alexandre Benalla pour Emmanuel Macron, actuel Président de la France. «Dans tous les pouvoirs, il y a ce qu'on appelle des âmes damnées. Mais, maintenant, les âmes damnées sont dans la famille présidentielle. Le résultat, c’est dès que le pouvoir change, ils ne peuvent même pas rester au pays. Prenez le cas de Karim, François Compaoré (frère de Blaise Compaoré), le cas d'Aliou Sall qui a quitté. S'il n'y avait pas cette question, il n'aurait pas quitté», a-t-il souligné.