Macky Sall semble décidé à montrer que le pays n’a rien à cacher ni ne protège aucun prédateur présumé des ressources publiques. Le Quotidien a appris hier que le chef de l’Etat a fait part au Conseil d’administration de la Caisse des dépôts et consignations (CDC) de sa volonté de décharger Aliou Sall de ses fonctions de directeur de cette structure. Cela vient en droite ligne de la décision annoncée dans l’édition d’hier du journal de saisir le procureur de la République pour l’ouverture d’une information judiciaire à la suite des informations publiées par la chaîne britannique de télévision Bbc sur des corruptions présumées dans l’acquisition par la compagnie pétrolière British petroleum (BP) des parts de la société Petro Tim, propriété de Frank Timis, de sinistre réputation, dans le bloc gazier de Grand Tortue.
On sait que le frère du président avait annoncé de manière nette qu’il n’avait pas l’intention de démissionner d’une quelconque de ses responsabilités politiques ou administratives, au grand dam des opposants politiques qui appellent à sa démission ou à son limogeage depuis la révélation de ce scandale. D’ailleurs, comme pour le renforcer dans sa volonté, des employés de la CDC ont publié avant-hier un communiqué pour le soutenir et demander qu’il lui soit permis de poursuivre son travail à la tête de leur structure. Néanmoins, on peut toujours s’interroger sur le caractère sincère et vraiment représentatif de tout le personnel d’une déclaration de ce genre.
Quoi qu’il en soit, sans doute pour mettre tout le monde devant ses responsabilités, le chef de l’Etat a décidé de trancher le nœud gordien en privant son frère du fauteuil qu’il lui avait octroyé. Il se dit même que Macky Sall avait un moment sérieusement envisagé de le faire également sauter de la mairie de Guédiawaye, mais qu’il en a été dissuadé par des bonnes volontés qui ont intercédé pour Aliou. Ces personnes ont indiqué que la mairie de Guédiawaye est un mandat électif que Aliou Sall a gagné de haute lutte en se lançant dans la bataille électorale. Et puisque l’on n’est pas en présence d’une situation de mauvaise gestion administrative, il fallait laisser à ses administrés le soin de décider éventuellement de le sanctionner à l’issue des prochaines échéances électorales.
Il faut surtout espérer qu’une fois Aliou éjecté de la CDC et, en corollaire, du Conseil d’administration de la compagnie aérienne Air Sénégal Sa, dont la CDC est l’unique actionnaire à ce jour, que les différents acteurs de la vie politique et sociale du pays prennent enfin au sérieux l’intention exprimée par le Président Macky Sall de nettoyer les écuries d’Augias de sa gouvernance, et l’encouragent à traduire enfin dans les faits la profession de foi prononcée lors de sa seconde investiture.