Ce devait être un jour de fête démocratique au Sénégal avec la tenue de l'élection présidentielle. Pourtant, au lieu des bureaux de vote, ce sont la déception et la colère qui dominent parmi les citoyens. Pour marquer leur frustration de voir leur droit de vote confisqué, l'opposition et la société civile ont organisé ce dimanche une journée symbolique de "deuil national" et de vote miniature.
"C'est un jour de deuil, le deuil de notre démocratie", a déclaré l'activiste Jaly Badiane, citée par le site d'information Impact.sn. Habillée du maillot des Lions du football, elle a publié sur son compte X le message "j'ai voté" accompagné d'une photo devant son centre de vote. D'autres internautes ont également exprimé leur amertume sur les réseaux sociaux, photographies et hashtags #JourDeVote et #DeuilNational à l'appui.
Pour professeur le Mary Teuw Niane, ancien ministre, "le président-putschiste nous a privé du droit le plus fondamental du citoyen : choisir notre président de la République". Le mécontentement est largement partagé au sein de la population, frustrée par la tournure des événements.
Début février, à la surprise générale, le président Macky Sall avait annoncé l'arrêt du processus électoral, quelques jours seulement avant le scrutin. L'Assemblée nationale avait voté dans la foulée un report de l'élection au 15 décembre, décision jugée "contraire à la Constitution" par le Conseil constitutionnel. Malgré cet avis, le chef de l'Etat tarde à fixer une nouvelle date, alimentant l'incertitude quant à l'avenir du pays.
Face à cette crise sans précédent, l'opposition réclame désormais la tenue rapide du scrutin pour éviter une vacance du pouvoir à l'expiration du mandat de Macky Sall le 2 avril. Reste à voir si le dialogue qu'il a annoncé ces prochains jours permettra de trouver une issue à cette épineuse situation. En attendant, les Sénégalais sont appelés à poursuivre leur mobilisation pour le respect de leur droit démocratique le plus fondamental.