Il parait que le point d'exclamation ! s'appelait autrefois le point d'admiration. Je n'ai pas trop eu d'idoles dans ma vie, mais certaines personnes ont inspiré ma trajectoire intellectuelle et tout simplement ma ligne de vie, je les admire et je m'exclame alors.
Le premier d'entre eux reste naturellement ce père dont j'aurais tant voulu être l'asymptote, même si je sais que je ne saurais jamais lui ressembler. Je n'ai ni sa science encore encore moins sa sagesse, mais je reste dans son sillage en tant qu'aspirant talibé (C'est lui mon wassila dans la trajectoire à la fois spirituelle et religieuse que j'ai choisie). Si je devais alors écrire sur lui, l'ouvrage s'intitulerait " À l'école du maitre".
Après cet homme que je ne comparerai à rien, ni à personnes, j'ai eu de très bonnes lectures et de bons voyages qui m'ont beaucoup appris. J'ai également fait de belles rencontres qui m'ont marqué, dont celle de mon prof de philo, Samba Sy pour ne pas le nommer.
L'homme que j'ai vu hier s'exprimer au dialogue de Diamniadio est celui qui m'a enseigné la maïeutique socratique, la méthode de Descartes, le mythe de Sisyphe, le mythe de la caverne, le Stoïcisme de Zénon, Aurel et Leroi-Gourhan. Il m'a donné la curiosité de lire Karl Marx, Hegel et Heidegger... L'homme que j'ai vu hier dans sa posture, sa sculpture et son discours, me ramène à la salle 16 du Lycée Abdoulaye Sadji où, toujours assis à côté de mon inséparable ami qui se reconnaîtra, j'écoutais son savoir et j'admirais sa simplicité. Non sans lui poser à chaque fois les questions que m'inspiraient mes lectures de la veille de la collection "Tout l'univers" qui ornait la bibliothèque de mon véritable maître cité supra.
Je serais donc déçu de le voir renoncer à toutes ses convictions et valeurs qu'il a su nous transmettre, même si je sais qu'il ne cherchait pas à avoir raison hier, mais peut-être à convaincre et sans doute, à se faire entendre pour que nul n'en ignore.
Convaincre de la nécessité de respecter notre Constitution et nos institutions, convaincre de la nécessité de ne pas passer par pertes et profits tous les crimes commis au nom de la "raison d'état", convaincre surtout de la gravité du moment. Je demeure alors convaincu également, qu'au-delà de sa personne et de son parti, la volonté populaire transcende l'ego et le veto. Ce qu'il a bien compris au point de nous le rappeler, en se démarquant de tout ponce pilatisme.
Je me souviens encore de l'un de ses sujets de dissertation en philo "Faut-il être sage pour être heureux." Je ne saurais certainement pas reprendre ma copie, je n'avais pas non plus la sagesse de savoir le bonheur d'être jeune, mais à présent dire que je suis heureux de la savoir toujours sage. Souviens-toi, souviens-toi toujours, que l'on ne se trompe pas parce que l'on ne sait pas, mais on se trompe parce que ce que l'on croit savoir" Je ne garantit pas la formulation, mais je crois savoir que c'est un appel à la prudence, à la mesure et la modestie... Samba, pas le Diallo, mais son cousin peul, est un homme mesuré et modeste, comme je les aime.
Je n'aurai donc pas la prétention de noter mon prof, mais je puis lui dire qu'il ne m'a pas déçu et je l'encourage vivement à garder cette posture du sage et du juste, mue par la vérité et le respect de l'altérité.
N'est-ce pas Karl Pape ?