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​Mauritanie : célébration du 4é année anniversaire du Manifeste Haratine en ordre dispersé

INTERNATIONAL
Lundi 1 Mai 2017

Le quatrième anniversaire de la publication du Manifeste pour les Droits Politiques, Economiques et Sociaux des Haratines, document dénonçant la marginalisation de cette frange de la population mauritanienne constituée par les anciens esclaves, a été célébré samedi en fin d’après midi et début de soirée dans les rues de Nouakchott. L’édition 2017 de l’événement s’est déroulée sur fond de querelles de leadership entre les cadres débouchant sur des manifestations en rangs dispersés, qui se sont matérialisées par l’organisation de 3 marches.

La plus populaire de ces processions, qui a attiré plusieurs milliers de personnes, est partie de la mosquée marocaine, pour rallier la place contigüe à l’institut « Ben Abass » en passant par la polyclinique, le grand marché de la capitale, l’immeuble BMCI, l’Etat Major Général des Armées et le Palais de Justice, soit un parcours de plusieurs kilomètres, pour finir par un meeting populaire. Les principaux leaders du Forum National pour la Démocratie et la Justice (FNDU-un collectif de l’opposition) ont participé à la manifestation.

Dans une allocution prononcée pour la circonstance, Boubacar Ould Messaoud, figure marquante du mouvement Haratine et leader de SOS Esclaves, est revenu sur les aspects historiques de la question et la situation actuelle, parlant d’une composante « qui a souffert par le passé de la pire de toutes les injustices , l’esclavage qui réduit ses membres à n’être qu’une simple propriété dont on dispose à volonté, que l’on achète et que l’on vend comme une marchandise, en instrumentalisant la sainte religion islamique, alors que celle-ci prône la justice, l’égalité et l’équité ».

Le leader de SOS Esclaves a par la suite rappelé que tous les régimes politiques qui se sont succédés en Mauritanie depuis l’indépendance, ont échoué dans la prise en charge de la question « Haratine » et que la situation actuelle se caractérise par une production judiciaire et juridique abondante, mais avec des lois « destinées à la consommation extérieure ». Ainsi « l’esclavage continue, ses victimes n’obtiennent ni justice, ni prise en charge, ni aide. La réforme foncière se transforme en moyen d’expropriation des terres dont ils sont les propriétaires, les habitants qui les valorisent.

Par ailleurs, des milliers de Haratines sont privés d’accès à l’état civil et continuent à se rassembler durant des mois devant les centres d’enrôlement ». La question de l’esclavage reste au centre d’une vive polémique en Mauritanie. Les autorités admettent l’existence « de séquelles » et adopté une feuille de route en 29 points pour leur éradication. Mais du côté des associations anti esclavagistes et ONG de défense des droits humains, on dénonce une pratique constante « couverte par la complicité de la société, des services de l’état à (l’image de l’administration et de la justice) et l’impunité ».

Derrière cette querelle sémantique se cache le drame d’une communauté au quel le Manifeste Haratine tente de donner un visage à travers quelques chiffres « 80% des chômeurs, 85% des analphabètes et 95% des individus sans terre pour cultiver » sont issus de cette composante. Une réalité en dépit de laquelle une césure est apparue au sein des rangs des auteurs du Manifeste d’avril 2013 depuis quelques mois. Ainsi, une tendance dirigée par Mohamed Vall Ould Handeya, un transfuge du Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD-opposition) qui se serait rapprochée du pouvoir, a organisé sa marche samedi. Un constat à partir duquel des voix s’élèvent pour reprocher à quelques cadres « sans scrupule » la volonté de faire de ce drame un nouveau « fond de commerce ».

Amadou Seck
Nouakchott

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