Zahra Iyane Thiam: "Il n'y a pas de cas Amadou Ba à l'APR"

POLITIQUE
Vendredi 6 Mars 2020

Zahra Iyane Thiam milite pour que les problèmes de l’Apr se règlent en interne. Le ministre de la Microfinance et de l’économie sociale et solidaire appelle ses camarades à se mobiliser pour la réalisation des politiques publiques. Dans cet entretien, la responsable apériste à Dakar s’offusque que les cas Khalifa Sall et Karim Wade soient posés au sein du dialogue politique.

Y a-t-il un cas Amadou Ba au sein de l’Apr ?
Je ne le pense pas. Amadou Ba a porté la liste lors des Législatives dans le département de Dakar. Il s’est également investi dans la campagne présidentielle de 2019 à l’instar de tous les camarades où ils se trouvaient. Je suis d’avis qu’en politique, tout le monde a le droit d’avoir des ambitions. Maintenant, il faut que l’ambition puisse recouper la volonté collective et l’orientation du parti. Ces questions se discutent au niveau de nos instances. En faire des débats politiques laisse penser que c’est de la pression ou de la manipulation. Nous avons nos instances pour nous exprimer et donner nos points de vue.

Est-ce que vous voyez un Amadou Ba qui travaille pour son propre compte, comme l’accuse votre camarade de parti Bara Ndiaye ?
Sur ces questions, je ne voudrais pas trop m’avancer. Nous sommes tous des camarades et la ligne fixée par le président du parti, c’est de nous concentrer sur l’action publique afin d’honorer les engagements pris par notre candidat lors de sa réélection.

Donc, vous déplorez les actes de Mbaye Ndiaye qui appelle publiquement Amadou Ba à davantage s’impliquer dans le fonctionnement de l’Apr aux Parcelles Assainies ?
Ce que j’ai à dire, je le ferai dans la cadre de nos instances et non publiquement d’autant plus que ce sont mes camarades et je les vois tous les jours.

Au nom de la décrispation de l’espace politique, pour reprendre les termes de l’opposition, faut-il amnistier Khalifa Sall et Karim Wade?
Je ne pense pas qu’il faut régler les choses ainsi. Tous les Sénégalais sont égaux en droit. Pourquoi devrait-on, au nom de cette décrispation, amnistier certains et pas d’autres ? Cela se fera au nom de quoi ? Il faut respecter le principe d’égalité. Pour garantir la démocratie et son dynamisme, il faut respecter notre réglementation et ne pas trouver des voies détournées pour régler des situations politiques. On est là en train de vouloir trouver à une question judiciaire une finalité politique. Je ne vois aucune décrispation si ce n’est une partie qui a un désir qu’il veut coûte que coûte exercer.

Quelle est la meilleure posture pour contrer la propagation du coronavirus qui est entré au Sénégal ?
La population doit accueillir cela avec sérénité. C’est en adoptant cette attitude qu’on peut avoir la meilleure solution. Le Sénégal, à l’instar de tous les Etats, s’était préparé à faire face à cette épidémie. Justement, on avait des compatriotes à Wuhan. Comme on était en contact direct avec ces étudiants-là, psychologiquement on s’y était préparé au niveau des frontières terrestres et maritimes. Maintenant que l’épidémie du coronavirus est entrée au Sénégal, il faut renforcer le dispositif qui était déjà mis en place. Cela a été fait lors du Conseil présidentiel convoqué d’urgence. Nous avons connu dans le passé des pandémies et à chaque fois nous avons pu faire face.

Le président de la République avait justifié le non rapatriement des étudiants de Wuhan par un manque de moyens. Aujour­d’hui, est-ce que le Sénégal a les moyens de faire face au coronavirus ?
Les moyens diffèrent dans la prise en charge de ces questions. Ce ne sont pas les moyens financiers qui sont les plus importants. C’est plus les moyens logistiques. Je crois qu’aujourd’hui les évènements ont donné raison au chef de l’Etat. La première occupation dans ces cas-là, c’est de sécuriser les personnes. Le plus important, c’est est-ce que nous avons les moyens de faire face. Le Sénégal dispose déjà d’un espace dédié à cela. Durant la période de l’épidémie Ebola, des dispositions avaient déjà été prises. L’Institut Pasteur est une référence mondiale. Je pense que le minimum requis est à notre portée. Même les grandes puissances n’ont pas les moyens de contenir la maladie même avec leur logistique de très grande qualité. En Chine, en Italie, en France, on enregistre chaque jour des cas de décès. Cela veut dire qu’il faut une réponse robuste et celle-ci est présentée au niveau de l’Etat. Maintenant, il va falloir que chacun y mette du sien.

Quel est le cap pour cette année concernant la célébration de la Journée de la femme ?
La Journée internationale de la femme nous permet de faire un bilan d’une année à une autre par rapport aux avancées. Le thème de cette année, «Je suis de la génération égalité. Levez-vous pour les droits des femmes !», c’est dire qu’il y a encore des droits à avoir, des améliorations à apporter. Au Sénégal, nous nous réjouissons de la promulgation de la loi criminalisant le viol et la pédophilie. C’est une grande avancée. Cela se justifie par les nombreux cas de meurtre, d’accident, d’agression, etc. Ce sera donc le moment de faire le bilan et d’indiquer de nouvelles perspectives. Pour le ministère de la Microfinance et de l’économie sociale et solidaire, nous allons promouvoir l’inclusion économique et sociale des femmes. Il s’agit de voir ce qui reste à améliorer pour justement renforcer l’épanouissement et la promotion des femmes. De ce point de vue, nous notons qu’il y a encore beaucoup de choses à faire, surtout avec l’accès au crédit qui, en définitive, garantit l’entreprenariat des femmes et, par ricochet, leur indépendance et autonomisation. Il faut renforcer la capacité managériale des femmes, mais également les rendre plus confiantes quant à la prise en charge des problèmes au niveau local. Les femmes doivent de plus en plus être dans les places de décision pour mieux porter leurs problèmes. Elles ont des problèmes d’accès à la terre, à la participation à la prise en charge familiale, etc. Nous avons eu beaucoup d’avancées sous le magistère du Président Macky Sall qui nous a permis par la nationalité de pouvoir la transférer à notre conjoint s’il est étranger. Nous avons eu également l’application de la loi sur la parité dans les institutions électives et semi-électives. La loi sur le viol et la pédophilie valorise davantage la femme. Si on poursuit cette dynamique avec plus d’inclusion économique, je pense que les femmes seraient plus épanouies et prendraient toute la place qu’il faut pour contribuer de manière effective et formalisée dans la création de richesses. Je rappelle que les femmes contribuent beaucoup, mais pour la plupart elles sont dans le secteur informel. Le moment du 8 mars nous permettra d’aborder toues ces questions.