Il est à se demander si une certaine tragédie mythique n’est pas collée au nom de Demba Diop.
Le 3 février 1963, le ministre la Jeunesse et des sports et de surcroit député l’Union progressiste sénégalais (UPS) Demba Diop est assassiné au cours d’une réunion politique à la gouvernance de Thiès. Le 15 juillet 2017, la finale de la coupe de la Ligue qui devait être l’un des plus beaux jours de l’année sportive pour les supporters et les joueurs des deux équipes (Stade de Mbour et l’Union sportive de Ouakam), ce devait être un soir de fête rythmé par une victoire de l’une des équipes prétendantes dans le fair-play fut le plus dramatique. Des supporters de Mbour ont été impitoyablement victimes de la violence de leurs adversaires de Ouakam.
C’est le drame, l'horreur et la stupéfaction des milliers de spectateurs présents à Demba Diop sont retranscrits en direct à la télévision. Des ultras ou des hooligans de l’Union sportive de Ouakam qui déchainent quand le Stade de Mbour a marqué un but après les prolongations. On a l’impression de revivre le drame de Heysel survenu le 29 mai 1985 à Bruxelles avec ses 39 morts. Pierres et autres objets de violence en main, les ultras de l’Uso se rués vers la tribune des Mbourois qui, dans leur réflexe, n’ont eu qu’une solution : sauter la grille de protection et prendre la poudre d’escampette. Malheureusement cette situation a créé un embouteillage humain de sorte que certains risquaient même l’étouffement. Finalement la surcharge humaine a eu raison d’un pan du mur du stade qui s’est effondré : résultats 8 morts.
Vision d’horreur : les images sont insoutenables. Les corps allongés de victimes sur le gazon du stade montrent la gravité du drame que vit Demba Diop en ce moment. Des chaussures abandonnées. Des jeunes, le visage ensanglanté, ne savent plus à quel secouriste s’adresser. Leurs habits imbibés de sang frais témoignent de la violence que leurs adversaires ont exercée sur eux.
Ponce-pilatisme des autorités
Les toutes premières déclarations pêle-mêle se sont multipliées à travers les médias. Certains responsables fédéraux, sécuritaires et ministériels s'exonèrent immédiatement de toutes responsabilités. Chacun voulant faire comprendre que la responsabilité c’est l’autre. Le procureur de la République qui absout la police préposée à la sécurité du stade sans avoir mené une once d’enquête. «Oui l’enfer c’est toujours les autres», disait Jean Paul Sartre. Sauf cette fois-ci, ce sont ces autorités sus-évoquées qui sont responsables de l’enfer que ces férus de foot ont vécu avant-hier au point d’y perdre la vie ou d’être grièvement blessés tant physiquement que psychologiquement.
(adsbygoogle = window.adsbygoogle || []).push({}); Mais il ne faut pas être amnésique. Ce qui s’est passé à Demba Diop ce 15 juillet n’est que la goutte d’eau de trop qui a fait déborder le vase puisque chaque année, lors des matchs navétanes, on assiste à des scènes de violence inouïes qui débouchent le plus clair du temps sur des morts d’homme. La seule différence avec ces années passées, c’est que jamais il n’y a eu autant de morts dans un match de foot. Mais les germes étaient là depuis des années. Jamais les autorités n’ont pris des mesures répressives et punitives vis-à-vis de ces semeurs de mort.
A la place, on préfère cajoler et pouponner les dirigeants de l’Oncav en leur attribuant indument des subsides qui ne font que gonfler les comptes de certains d’entre eux. Sous le régime de Wade, pour des raisons électoralistes, on avait même attribué à la structure dirigée par Amadou Kane des véhicules en 2011. Jamais des solutions de fond n’ont trouvées au problème de violence que pose le foot sénégalais. Des sanctions timides toujours à l’endroit des équipes fauteuses de troubles. La mort de ces huit malheureux n’est qu’une conséquence dramatique de toutes ces erreurs et laxisme qui ont été accumulés lors de ces dernières années.
Maintenant il faut situer les responsabilités même si certaines autorités commencent à les fuir par voie de presse. Les seules responsables, ce sont les dirigeants du foot sénégalais notamment ceux de la fédération sénégalaise de football et de ligue, le ministre des Sports et son collègue de l’Intérieur. D’abord pourquoi continue-t-on à jouer dans un stade qui n’offre aucune garantie de sureté et sécurité ?
Il faut rappeler que le Demba Diop ne dispose pas d’un certificat de sécurité et par conséquent, aucun match qui remplit le stade ne doit y être organisé. C’est la raison pour laquelle, la Fifa y a interdit tous les matchs internationaux. Si les matchs internationaux qui drainent moins de monde ou bien autant que ceux des navétanes et certains du championnat national y sont interdits, pourquoi alors la fédération y autorise des compétitions ?
Aucune sanction avant les élections
Demba Diop qui a été inauguré en avril 1963 ne répond plus normes d’un stade de compétition. On ne peut pas à ce jour compter le nombre de fois que ce stade a subi des opérations chirurgicales et de ripolinage à des fins de modification d’extension ou d’esthétique. Aucune grille de séparation entre supporters, aucune fouille à l’entrée du stade pour détecter des objets susceptibles d’être utilisés à des fins de violence.
Le stadium Marius Ndiaye contigu à Demba souffre de la même maladie. Et cet espace de compétition de basket est devenu un terreau fertile de la violence. Il ne se passe un seul match où l’on assiste à des scènes de violence verbale ou physique entre supporters ou en direction des officiels de match. Et pourtant aucune action concrète n’est engagée pour pallier ce problème.
(adsbygoogle = window.adsbygoogle || []).push({}); Au plan sécurité, la faillite est totale. Et les règles de sécurité dans les stades étaient quasi inexistantes ou pour le moins inefficientes. Il se produisit donc ce qui devait se produire. D’abord, il n’y a pas de stadiers alors que la norme est 1 stadier pour 100 spectateurs quand le match revêt un caractère important.
Le personnel de la police est en nombre insuffisant. Peu d’agents de force de l’ordre étaient présents pour assurer la sécurité des joueurs, officiels et supporters. Leur manque de formation aux techniques d’intervention dans les stades en cas de débordement et leur méconnaissance totale des violences urbaines des supporters ont beaucoup contribué cet embrouillamini indescriptible. Au lieu de voir comment séparer les deux groupes de supporters, ils ont préféré balancer des grenades lacrymogènes aux Mbourois qui déjà étaient acculés par les ultras de Ouakam. Et sur les images montrées à la télévision, on remarque nettement des policiers déboussolés, faute de retenir voire contenir ces jeunes furibards, ont préféré balancer des grenades qui ont aidé les ultras de Ouakam dans leur sale besogne.
Seuls les morts ont perdu
Et ce sont ces ultras aux méthodes hooligans qui sont les auteurs de cette tragédie de Demba Diop. Une chose est sure, en cette période campagne électorale, sous l’édredon d’une perte de voix aux prochaines élections législatives, les autorités ne prendront pas le risque de prendre les premières mesures répressives sur les coupables que sont Oukamois et des responsables que sont les autorités de la fédération et de la ligue.
En dépit de la fausse indignation du président de la République et de ses ouailles ministres, les véritables responsables et coupables ne seront pas sanctionnés à la hauteur de cette tragédie sanglante. La preuve : Augustin Senghor fait sa campagne, tout comme le ministre des Sports comme si rien ne s’était passé. Mbour pleure ses fils écrabouillés et son président du Conseil départemental de Mbour président de Stade de Mbour, Saliou Samb, sans vergogne, fait des cadavres des huit morts son fonds de commerce électoral.
Aucune personne ne sera arrêtée tant que les élections ne se seront passées. Electoralisme exige ! Certes des lampistes seront appréhendés pour calmer la douleur des familles éplorées, certes le gouvernement comme d’habitude s’est rendu à Mbour pour présenter ses condoléances médiatisées avec des billets de banques mais les vrais responsables et coupables ne seront pas inquiétés. Les responsables de la catastrophe maritime du bateau le Joola plastronnent sans être inquiétés. Les auteurs des morts enregistrés lors des manifestations politiques de 2011 sont là en toute liberté. Mais c’est cela le Sénégal, on est réactif et laxiste pour les fautifs mais répressif pour les lampistes.
Serigne Saliou Guèye
Le 3 février 1963, le ministre la Jeunesse et des sports et de surcroit député l’Union progressiste sénégalais (UPS) Demba Diop est assassiné au cours d’une réunion politique à la gouvernance de Thiès. Le 15 juillet 2017, la finale de la coupe de la Ligue qui devait être l’un des plus beaux jours de l’année sportive pour les supporters et les joueurs des deux équipes (Stade de Mbour et l’Union sportive de Ouakam), ce devait être un soir de fête rythmé par une victoire de l’une des équipes prétendantes dans le fair-play fut le plus dramatique. Des supporters de Mbour ont été impitoyablement victimes de la violence de leurs adversaires de Ouakam.
C’est le drame, l'horreur et la stupéfaction des milliers de spectateurs présents à Demba Diop sont retranscrits en direct à la télévision. Des ultras ou des hooligans de l’Union sportive de Ouakam qui déchainent quand le Stade de Mbour a marqué un but après les prolongations. On a l’impression de revivre le drame de Heysel survenu le 29 mai 1985 à Bruxelles avec ses 39 morts. Pierres et autres objets de violence en main, les ultras de l’Uso se rués vers la tribune des Mbourois qui, dans leur réflexe, n’ont eu qu’une solution : sauter la grille de protection et prendre la poudre d’escampette. Malheureusement cette situation a créé un embouteillage humain de sorte que certains risquaient même l’étouffement. Finalement la surcharge humaine a eu raison d’un pan du mur du stade qui s’est effondré : résultats 8 morts.
Vision d’horreur : les images sont insoutenables. Les corps allongés de victimes sur le gazon du stade montrent la gravité du drame que vit Demba Diop en ce moment. Des chaussures abandonnées. Des jeunes, le visage ensanglanté, ne savent plus à quel secouriste s’adresser. Leurs habits imbibés de sang frais témoignent de la violence que leurs adversaires ont exercée sur eux.
Ponce-pilatisme des autorités
Les toutes premières déclarations pêle-mêle se sont multipliées à travers les médias. Certains responsables fédéraux, sécuritaires et ministériels s'exonèrent immédiatement de toutes responsabilités. Chacun voulant faire comprendre que la responsabilité c’est l’autre. Le procureur de la République qui absout la police préposée à la sécurité du stade sans avoir mené une once d’enquête. «Oui l’enfer c’est toujours les autres», disait Jean Paul Sartre. Sauf cette fois-ci, ce sont ces autorités sus-évoquées qui sont responsables de l’enfer que ces férus de foot ont vécu avant-hier au point d’y perdre la vie ou d’être grièvement blessés tant physiquement que psychologiquement.
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A la place, on préfère cajoler et pouponner les dirigeants de l’Oncav en leur attribuant indument des subsides qui ne font que gonfler les comptes de certains d’entre eux. Sous le régime de Wade, pour des raisons électoralistes, on avait même attribué à la structure dirigée par Amadou Kane des véhicules en 2011. Jamais des solutions de fond n’ont trouvées au problème de violence que pose le foot sénégalais. Des sanctions timides toujours à l’endroit des équipes fauteuses de troubles. La mort de ces huit malheureux n’est qu’une conséquence dramatique de toutes ces erreurs et laxisme qui ont été accumulés lors de ces dernières années.
Maintenant il faut situer les responsabilités même si certaines autorités commencent à les fuir par voie de presse. Les seules responsables, ce sont les dirigeants du foot sénégalais notamment ceux de la fédération sénégalaise de football et de ligue, le ministre des Sports et son collègue de l’Intérieur. D’abord pourquoi continue-t-on à jouer dans un stade qui n’offre aucune garantie de sureté et sécurité ?
Il faut rappeler que le Demba Diop ne dispose pas d’un certificat de sécurité et par conséquent, aucun match qui remplit le stade ne doit y être organisé. C’est la raison pour laquelle, la Fifa y a interdit tous les matchs internationaux. Si les matchs internationaux qui drainent moins de monde ou bien autant que ceux des navétanes et certains du championnat national y sont interdits, pourquoi alors la fédération y autorise des compétitions ?
Aucune sanction avant les élections
Demba Diop qui a été inauguré en avril 1963 ne répond plus normes d’un stade de compétition. On ne peut pas à ce jour compter le nombre de fois que ce stade a subi des opérations chirurgicales et de ripolinage à des fins de modification d’extension ou d’esthétique. Aucune grille de séparation entre supporters, aucune fouille à l’entrée du stade pour détecter des objets susceptibles d’être utilisés à des fins de violence.
Le stadium Marius Ndiaye contigu à Demba souffre de la même maladie. Et cet espace de compétition de basket est devenu un terreau fertile de la violence. Il ne se passe un seul match où l’on assiste à des scènes de violence verbale ou physique entre supporters ou en direction des officiels de match. Et pourtant aucune action concrète n’est engagée pour pallier ce problème.
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Le personnel de la police est en nombre insuffisant. Peu d’agents de force de l’ordre étaient présents pour assurer la sécurité des joueurs, officiels et supporters. Leur manque de formation aux techniques d’intervention dans les stades en cas de débordement et leur méconnaissance totale des violences urbaines des supporters ont beaucoup contribué cet embrouillamini indescriptible. Au lieu de voir comment séparer les deux groupes de supporters, ils ont préféré balancer des grenades lacrymogènes aux Mbourois qui déjà étaient acculés par les ultras de Ouakam. Et sur les images montrées à la télévision, on remarque nettement des policiers déboussolés, faute de retenir voire contenir ces jeunes furibards, ont préféré balancer des grenades qui ont aidé les ultras de Ouakam dans leur sale besogne.
Seuls les morts ont perdu
Et ce sont ces ultras aux méthodes hooligans qui sont les auteurs de cette tragédie de Demba Diop. Une chose est sure, en cette période campagne électorale, sous l’édredon d’une perte de voix aux prochaines élections législatives, les autorités ne prendront pas le risque de prendre les premières mesures répressives sur les coupables que sont Oukamois et des responsables que sont les autorités de la fédération et de la ligue.
En dépit de la fausse indignation du président de la République et de ses ouailles ministres, les véritables responsables et coupables ne seront pas sanctionnés à la hauteur de cette tragédie sanglante. La preuve : Augustin Senghor fait sa campagne, tout comme le ministre des Sports comme si rien ne s’était passé. Mbour pleure ses fils écrabouillés et son président du Conseil départemental de Mbour président de Stade de Mbour, Saliou Samb, sans vergogne, fait des cadavres des huit morts son fonds de commerce électoral.
Aucune personne ne sera arrêtée tant que les élections ne se seront passées. Electoralisme exige ! Certes des lampistes seront appréhendés pour calmer la douleur des familles éplorées, certes le gouvernement comme d’habitude s’est rendu à Mbour pour présenter ses condoléances médiatisées avec des billets de banques mais les vrais responsables et coupables ne seront pas inquiétés. Les responsables de la catastrophe maritime du bateau le Joola plastronnent sans être inquiétés. Les auteurs des morts enregistrés lors des manifestations politiques de 2011 sont là en toute liberté. Mais c’est cela le Sénégal, on est réactif et laxiste pour les fautifs mais répressif pour les lampistes.
Serigne Saliou Guèye