«C’est à Léopold Sédar Senghor, poète et homme d’Etat que nous devons la formule de «l’accord conciliant». Elle résume l’essence d’un art de vivre sénégalais basé sur la culture d’un merveilleux lien social tout tourné vers la recherche et la consolidation de ce qui unit. «L’accord conciliant», c’est cette magnifique voie qui permet d’aller à l’essentiel pour asseoir le «commun vouloir de vie commune» auquel, sa présidence durant, et même au-delà, il n’a cessé d’appeler ses concitoyens.
En effet, au Sénégal c’est ce pays où cohabitent harmonieusement une très large majorité de musulmans et une minorité de chrétiens. C’est cette majorité de quatre-vingt-quinze pour cent de musulmans qui avait choisi de porter et de maintenir à sa tête, comme président de la République, un homme appartenant non seulement à une minorité religieuse, mais aussi à une minorité ethnique.
Issu du groupe des sérères, Léopold Sédar Senghor était un fervent catholique qui lisait sa messe dans le latin de la Vulgate, celui de Saint-Jérôme. Homme politique, il a toujours bénéficié du soutien sans faille des grands chefs religieux musulmans, notamment celui des guides des deux principales confréries du pays. Intellectuel de haute facture, humaniste et fin connaisseur des écritures Saintes, Léopold Sédar Senghor, aux côtés d’autres grandes figures du pays, s’est toujours battu pour construire un dialogue des cultures fécond et soutenu dans un pays où les hommes et les femmes ont toujours su maintenir un bel équilibre « entre l’orgueil d’être différents et le bonheur d’être ensemble», pour reprendre encore une de ses belles formules.
Homme d’Etat, Léopold Sédar Senghor a contribué à forger une nation et surtout à consolider l’unité du Sénégal pour en faire un pays de tolérance et de laïcité active. Avec d’autres Sénégalais, il a consolidé les bases d’un dialogue constant et quotidien entre musulmans et chrétiens qui avaient, depuis très longtemps, appris à vivre, à travailler, à souffrir ensemble. Merveilleux pays où l’on trouve dans une même famille, des imams et des curés de mêmes père et mère.
Merveilleux pays où les hommes et les femmes de religions différentes, dans certaines circonstances, heureuses ou pénibles, se retrouvent à communier dans les églises ou les mosquées, où de tels hommes et de femmes prennent part en commun à toutes les actions de solidarité pour, par exemple, construire ensemble une mosquée ou une église. C’est aussi cette belle solidarité qui fait que partout musulmans et chrétiens cultivent ensemble leurs champs et mangent ensemble la viande de mouton de l’« Aïd » ou le « ngalax », la bouillie de mil à la pâte d’arachide, quand arrive la Pâque, ces Sénégalais de confessions différentes se fréquentent, s’apprécient mutuellement, se marient et fondent ensemble des foyers qui sont le socle de cette harmonie fondatrice de ce qu’il me plaît de nommer, après d’autres, l’exception sénégalaise. J’ai eu la chance de visiter beaucoup de pays à travers le monde, mais nulle part je n’ai vu cette chimie « organique » propre à mon pays.
Dans plusieurs localités du Sénégal, au soir de Noël, dans beaucoup d ‘églises, il y a très souvent plus de musulmans que de chrétiens pour célébrer cette fête de la Nativité. Il n’y a rien de surprenant si on sait que les Sénégalais, instruits de leur religion, savent que Jésus est un des principaux prophètes célébrés dans le Coran. Ils savent qu’il est le fils de Mariam, la seule femme nommément désignée dans le Coran, le livre de leur cœur, un livre très explicite sur le miracle de la naissance de Jésus : «Nous ferons de cet enfant un signe pour les hommes et une miséricorde émanant de Nous.»
Aussi, chez nous, la religion a, comme on le voit, un rôle unificateur, pacificateur et révélateur de tout un art de vivre sénégalais. Rappelons que religion vient du latin « religare », c’est à dire relier, rassembler, unir.
Voilà pourquoi ayant été élevé dans cette société sénégalaise si unie et si compréhensive, il m’est impossible de comprendre ni a fortiori d’accepter tous les intégrismes et toutes les exclusions reposant sur le fait religieux.»
En effet, au Sénégal c’est ce pays où cohabitent harmonieusement une très large majorité de musulmans et une minorité de chrétiens. C’est cette majorité de quatre-vingt-quinze pour cent de musulmans qui avait choisi de porter et de maintenir à sa tête, comme président de la République, un homme appartenant non seulement à une minorité religieuse, mais aussi à une minorité ethnique.
Issu du groupe des sérères, Léopold Sédar Senghor était un fervent catholique qui lisait sa messe dans le latin de la Vulgate, celui de Saint-Jérôme. Homme politique, il a toujours bénéficié du soutien sans faille des grands chefs religieux musulmans, notamment celui des guides des deux principales confréries du pays. Intellectuel de haute facture, humaniste et fin connaisseur des écritures Saintes, Léopold Sédar Senghor, aux côtés d’autres grandes figures du pays, s’est toujours battu pour construire un dialogue des cultures fécond et soutenu dans un pays où les hommes et les femmes ont toujours su maintenir un bel équilibre « entre l’orgueil d’être différents et le bonheur d’être ensemble», pour reprendre encore une de ses belles formules.
Homme d’Etat, Léopold Sédar Senghor a contribué à forger une nation et surtout à consolider l’unité du Sénégal pour en faire un pays de tolérance et de laïcité active. Avec d’autres Sénégalais, il a consolidé les bases d’un dialogue constant et quotidien entre musulmans et chrétiens qui avaient, depuis très longtemps, appris à vivre, à travailler, à souffrir ensemble. Merveilleux pays où l’on trouve dans une même famille, des imams et des curés de mêmes père et mère.
Merveilleux pays où les hommes et les femmes de religions différentes, dans certaines circonstances, heureuses ou pénibles, se retrouvent à communier dans les églises ou les mosquées, où de tels hommes et de femmes prennent part en commun à toutes les actions de solidarité pour, par exemple, construire ensemble une mosquée ou une église. C’est aussi cette belle solidarité qui fait que partout musulmans et chrétiens cultivent ensemble leurs champs et mangent ensemble la viande de mouton de l’« Aïd » ou le « ngalax », la bouillie de mil à la pâte d’arachide, quand arrive la Pâque, ces Sénégalais de confessions différentes se fréquentent, s’apprécient mutuellement, se marient et fondent ensemble des foyers qui sont le socle de cette harmonie fondatrice de ce qu’il me plaît de nommer, après d’autres, l’exception sénégalaise. J’ai eu la chance de visiter beaucoup de pays à travers le monde, mais nulle part je n’ai vu cette chimie « organique » propre à mon pays.
Dans plusieurs localités du Sénégal, au soir de Noël, dans beaucoup d ‘églises, il y a très souvent plus de musulmans que de chrétiens pour célébrer cette fête de la Nativité. Il n’y a rien de surprenant si on sait que les Sénégalais, instruits de leur religion, savent que Jésus est un des principaux prophètes célébrés dans le Coran. Ils savent qu’il est le fils de Mariam, la seule femme nommément désignée dans le Coran, le livre de leur cœur, un livre très explicite sur le miracle de la naissance de Jésus : «Nous ferons de cet enfant un signe pour les hommes et une miséricorde émanant de Nous.»
Aussi, chez nous, la religion a, comme on le voit, un rôle unificateur, pacificateur et révélateur de tout un art de vivre sénégalais. Rappelons que religion vient du latin « religare », c’est à dire relier, rassembler, unir.
Voilà pourquoi ayant été élevé dans cette société sénégalaise si unie et si compréhensive, il m’est impossible de comprendre ni a fortiori d’accepter tous les intégrismes et toutes les exclusions reposant sur le fait religieux.»