Sonko et Mélenchon: entre accords et désaccord à la Conférence publique des leaders de Pastef et Lfi :

POLITIQUE
Vendredi 17 Mai 2024

Il y avait un thème, un échange sur l’avenir des relations Afrique-Europe, mais il a fallu avant tout repréciser les casquettes des intervenants et rappeler la nature de l’activité. Le Recteur de l’université hué, conspué, le leader du parti Pastef a dû intervenir pour ramener le calme et la discipline indispensables à un échange fécond.

«Nous sommes dans une activité scientifique, une activité intellectuelle», rappelle-t-il. Scientifique et intellectuelle, mais aussi politique, selon Ayib Daffé, Secrétaire général par intérim du parti Pastef, qui cite l’article 4 de la Constitution, qui impose aux partis politiques d’œuvrer à la formation des citoyens. Quant à Jean-Luc Mélenchon, il a sollicité la complicité de l’auditoire pour qu’il y ait une conférence et non un meeting. Pour disserter sur l’avenir, les deux ont puisé dans le passé de leurs pays respectifs et parfois dans la mémoire plus lointaine de l’humanité. Mélenchon souligne un lien qui unit chaque individu à l’Afrique, et Ousmane Sonko évoque des «relations léonines» au détriment des Africains et du continent africain, une longue histoire faite d’étreintes et de sentiments singulièrement ambivalents où amour, désamour, fierté, culpabilité, crédulité, déception et scepticisme se succèdent.

Pour la figure de proue de La France insoumise, l’histoire est commune et l’avenir plein d’incertitudes, de défis. Il voit un futur menacé par le fait démographique, le réchauffement climatique irréversible et l’ère des intelligences artificielles à «humaniser». Jean-Luc Mélenchon estime que tout est à réinventer. Il faut repenser une nouvelle condition humaine. Il faut relever le défi de la production intellectuelle, libérer le savoir. «Sans savoir, il n’y a pas d’issue à la crise. La crise de l’humanité se résume à la crise du contrôle des citoyens sur leur société», martèle-t-il. L’Afrique, le Sénégal qui a «ouvert la nouvelle voie d’une révolution citoyenne», chaque pays a une partition à jouer pour «aboutir à une humanité intervenante, une humanité citoyenne». C’est la révolution citoyenne théorisée par Mélenchon. Une révolution qui se donne pour ambition de changer les conditions sociales, mais aussi celles culturelles et intellectuelles du monde entier.

 

Ousmane Sonko, pour sa part, opte pour un prisme moins global. Pour lui, il y a avant tout «un pays à transformer et un continent à inspirer». S’il faut marcher ensemble vers un avenir commun et faire face aux défis contemporains, les maîtres-mots seront : respect mutuel, coopération équitable et solidarité. Il rêve d’une Afrique «locomotive de l’économie mondiale» et souligne les préalables. Il faut pour cela, développe-t-il, une économie endogène, une souveraineté nationale, la renégociation des conventions léonines, «une monnaie flexible, arrimée au moins à deux devises», et surtout une solidarité ferme entre Africains. «Nous ne lâcherons pas nos frères du Sahel et nous ferons tout ce qu’il faut pour raffermir les liens et leur apporter notre solidarité», dit-il.

Diamétralement et franchement opposés sur l’homosexualité

Si les deux leaders politiques se sont sensiblement accordés sur bien des points, leurs positions se sont diamétralement et franchement opposées sur la question de l’homosexualité. Là où le Sénégalais appelle le monde occidental à faire preuve de retenu et de respect, et affiche son opposition à toute velléité d’imposition de la légalisation du «phénomène», Mélenchon a réaffirmé son engagement absolu et radical pour le mariage homosexuel. Point de concession !