Serigne Moustapha Sy menace : «Qu’on ne me fasse pas parler !»

POLITIQUE
Dimanche 5 Mars 2017

Serigne Moustapha Sy menace
C’est dans une salle archi-comble de la mairie de Dakar où s’est tenue la conférence de presse ce dimanche 05 mars de Khalifa Sall. Ses militants en grand nombre ont investi les lieux au point qu’on pensait à un méga-meeting politique. Les leaders de l’opposition, notamment ceux regroupés dans Manko Wattu Senegal, et la société civile étaient présents à cette conférence presse. Mais l’invité de marque, c’est Serigne Moustapha Sy, guide spirituel des Moustarchidines wal moustarchidates, en compagnie de Serigne Cheikh et Mame Daba Sy.

Et le maire de Dakar de commencer intervention : «C’est une présence pleine de sens mais c’est un message qui est donné ; il est venu marquer une présence, un soutien. Il montre qu’il est pour nous dans ce combat où il ne s’agit que de dire la vérité». Pour le maire de Dakar, c’est «une attitude de répulsion et de révulsion contre l’injustice qui se passe dans ce pays». Il ajoute : «toutes ces agitations du procureur de la République (PR) sont une cabale, une manœuvre infamante, ignominieuse, relayées par le lynchage médiatique orchestré par trois médias (l’Obs, Libération, le Quotidien, ndlr) parce qu’il s’agit de salir un homme, de discréditer une institution. Il y a des soubassements politiques dans cette affaire.» Pour l’édile de Dakar «le juge d’instruction l’a convoqué ce lundi après la conférence de Serigne Bassirou Guèye». Ce qui atteste de tout le complot ourdi contre lui. Il a accusé le procureur «d’avoir tronqué les réponses de son DAF et aussi l’entièreté des déclarations des cinq membres de son administration» qu’il dit avoir enfoncé le maire.

Khalifa Sall démontre le manque de sérieux du procureur qui n’a enquêté que pendant 12 jours après la présence de la Dic dans les locaux de la mairie de Dakar pendant 18 mois. Il conclut par-là que «l’allégeance du PR à l’exécutif sème le malaise dans la justice». Il l’accuse de manipulateur de l’opinion en disant que c’est l’IGE qui l’a saisi pour enquêter sur les fonds politiques. «C’est le président Macky Sall qui a remis le dossier au PR mais non par l’IGE» clarifie-t-elle.

Il s’étonne des enquêteurs de la DIC de ne s’être pas intéressés des «conditions de la création de la caisse d’avance et fonctionnement qui en réalité n’est qu’un fonds politique». In fine, Khalifa qualifie «l’enquête de n’être qu’une manœuvre pour empêcher un potentiel adversaire de Macky Sall à se présenter à la présidentielle de 2019» avant d’ajouter que «depuis qu’il gère, dans la transparence les marchés de la ville de Dakar, il a été bien noté». C’est pourquoi, il demande au «président de déclassifier le rapport concernant la ville de Dakar».

Concernant l’origine des fonds de la controverse, le maire de Dakar explique : «Depuis 1920, la ville de Dakar existe. Ces fonds étaient là pour venir en aide aux nécessiteux. Ce sont des fonds politiques. Les réformes ont impacté la gestion de ces fonds politiques. De 1960 à 1990, c’est l’administrateur de la commune qui donnait les fonds et le maire rendait compte au président de la République. Quand l’administrateur de la commune a été supprimé, c’est le PRM qui donnait l’argent au maire qui rendait compte au ministre  des Collectivités. Et en 1996, on a supprimé la tutelle. Et le PRM donnait l’argent au maire qui s’en servait comme fonds politiques selon un dispositif dérogatoire au règlement en vigueur. C’est un document administratif qui renouvelle les fonds politiques appelés caisse d’avance. Ces fonds sont régulièrement renouvelés. Un faux ne peut pas exister pendant 20 ans. Aucun maire n’a donné des justificatifs sur son utilisation. Je ne donnerai le nom d’aucun bénéficiaire  de ces fonds répartis en trois volets sociaux. Il faut gérer la nature confidentielle de l’utilisation de ces fonds politiques. Ainsi je suis prêt à aller à la CREI avec tous ceux qui m’accusent...»

Et voulant évoquer la détresse de sa mère et de ses proches, Khalifa Sall s’effondre en larmes avant poursuivre 10 minutes après. Il déclare qu’«il a sursis à toutes ces fonctions qu’il occupe au niveau de certains organismes internationaux». Catégorique, il lance : «Je ferais face, je ferais face. Ce n’est pas une procédure judiciaire normale ce qui se passe. Ils veulent m’écarter de la compétition. Je suis prêt à aller en prison pour ça parce que j’y ai préparé ma mère ma famille et mes proches. Aujourd’hui par des procédures déloyales, le président de la  République veut supprimer tous les candidats sérieux pour faire son marché parmi les candidats qu’il se sera choisis. Mais qu’il déchante, je présenterai une liste aux législatives avec toutes les forces vives éprises d’alternative.»

Quand Serigne Moustapha Sy a pris la parole, il a menacé le régime d’éviter «l’emprisonnement de Khalifa Sall, parce qu’ils iront ensemble en prison et il est sûr que 70% de la population seront avec lui dans ce combat» avant d’ajouter que «tout cet acharnement n’est dû qu’à l’alliance du maire de Dakar avec Khalifa Sall qui empêche Macky Sall de dormir». Il termine de façon comminatoire en avertissant «le pouvoir de ne pas le faire parler».