En se qualifiant brillamment au second tour de la CDM 2022, les Lions du Sénégal ont confirmé leur statut de numéro 1 en Afrique et ogre parmi les ogres du gotha du football mondial.
Première équipe africaine et 18ème dans le dernier classement FIFA (Octobre 2022), le Sénégal fait désormais partie des 16 meilleures équipes du monde. Il s’est sublimé et transcendé avec hargne, rage et générosité pour atteindre les sommets après un premier match de groupe contre les Pays-Bas au cours duquel une attaque inefficace et brouillonne n’a pas été capable d’un brin de folie pour exploser la défense néerlandaise et la fébrilité de son arrière garde coupable sur les coups de pied arrêtés ont semé le doute sur sa capacité de gérer un match de très haut niveau et garder un résultat positif à 5 ou 6 minutes du terme.
Si l’absence de Sadio Mané est rédhibitoire pour un succès final, il n’en demeure pas moins que le coach Aliou Cisse, El Tactico, que certaines personnes voudraient faire virer, en plus de son discours a dû procéder à un savant réglage alchimique dans le positionnement et l’intégration de joueurs donnant plus de cohésion et de fluidité de son jeu sur les plans technico- tactique et physique. L’équipe a su faire montre de caractère, d’intelligence et d’initiative pour gagner ses deux finales contre le Qatar et l’Equateur du Groupe A.
Avec le talent, la détermination, la confiance en soi et le culot en bandoulière, ils ont rendu un vibrant hommage à leur aîné Pape Bouba Diop, disparu deux ans plus tôt, matérialisé par une banderole confectionnée à l’avance. Les joueurs se sont vaillamment battus pour assurer leur deuxième qualification en huitièmes de finale après celle de 2002. L’ombre de Sadio Mané a plané au cour de ses deux matchs. Et sa présence dans les têtes et les cœurs a eu des effets bénéfiques pour l’accomplissement de cette qualification. Bravo et félicitations.
Pour le prochain palier dans cette CDM 2022, il s’agira de défier l’Angleterre en 8èmes de finale d’une compétition mondiale. Comme les travaux de Sisiphe, il faut tout remettre à zéro et recommencer pour affronter la talentueuse armada anglaise sevrée de titres depuis 1966.
La tâche si ardue soit elle est excitante avec de bonnes promesses, le Sénégal étant considéré comme un outsider dans ce tournoi. Mais c’est un match de football qui reste et demeurera toujours indécis. Nos joueurs ont les mêmes arguments que leurs collègues anglais qu’ils côtoient chaque semaine sur les pelouses de la puissante et lucrative Premier League, centre névralgique du football mondial avec sa constellation de virtuoses prêts à en découdre pour nous régaler et enchanter avec des matchs toujours indécis et d’une rare intensité.
Nos joueurs se distinguent aussi sur les pelouses des autres grands championnats avec plusieurs matchs de Champion’s League ou League Europa. Ils ont gagné des trophées nationaux et continentaux. Ils se connaissent et se respectent dans le cadre d’une rude et implacable concurrence entre professionnels.
Ce qui fait que cette génération de joueurs sénégalais est correctement formée dabs nos écoles de Foot au Sénégal (Djambars, Génération Foot, bravo et merci aux Grands frères Saer et Ben Madi) et bénéficie de la science des meilleurs techniciens de foot. Ils disposent d’atouts indéniables aussi bien techniques que tactiques pour bousculer, faire douter et gagner devant toutes les équipes y compris l’Angleterre qui dispose d’une pléiade de stars et d’une des profondeurs de banc des plus garnies. Cette Angleterre voudrait faire revenir le foot à la maison lors du dernier Euro avec le concept “football back home”. Elle est assoiffée de titres. Un seul titre majeur obtenu sur ses terrains lors de la CDM de 1966 quand bien même le football est né sur ses terres au 19ème siècle.
Tout un défi. Mais l’espoir et la confiance sont permis.
En effet, pour cette CDM, nous pouvons mentionner des faits notables pour le football africain que l’équipe du Sénégal devrait se permettre de prolonger:
- le Maroc a réussi la prouesse historique en étant le premier pays africain de terminer premier de son groupe. Venus en masse, les supporters marocains ont massivement répondu présents. Il doivent avoir un Prix.
- le Cameroun a fait chuter le Brésil, quintuple vainqueur de la coupe de monde (par ailleurs, sans tomber dans le narcissisme ou le chauvinisme, le Sénégal a eu à tenir en échec le Brésil en match amical);
- la Tunisie a battu la France, champion du monde en titre, une des favorites de cette compétition, ce qui constitue, au demeurant une performance remarquable, peu importe les commentaires condescendants d’une partie de la presse ou d’observateurs ou les noms de ceux qui ont joué pour la France ce jour là au stade Education City Stadium.
Parmi les 16, ils ne sont plus que 12 pays du top 20 à prétendre disputer la finale programmée le 18 décembre 2022. Il y les absences remarquées du Danemark, de l’Italie, de l’Uruguay (anciens champions du monde ou d’Europe), de la Belgique, des Pays de Galle et du Mexique, grand pays de sport avec l’organisation de 2 CDM (1970 et 1986) ainsi que les jeux olympiques de 1968.
De ce qui précède, nous pouvons relever que l’Afrique peut légitimement nourrir des ambitions et aspirer à disposer de plus de places lors les prochaines joutes mondiales. Sur 52 pays, seuls 5 sont qualifiés. On peut dire pêle-mêle que des pays exportateurs de footballeurs (ou fuite des cerveaux; Feu Mawade Wade qui fut instructeur de la FIFA disait que « le football est de l’intelligence en mouvement » en plus des binationaux) comme l’Algérie, le Nigeria, l’Égypte, la Tunisie, le Mali, la Côte d’Ivoire, la RD Congo ou la Guinée pourraient être de sérieux prétendants pour participer à des phases finales de CDM.
Ça c’est un autre débat et défi liés à des nécessaires changements structurels et de la gouvernance du football dans beaucoup de pays et mais aussi de la Confédération africaine de football (CAF) avec un effet domino sur d’autres secteurs porteurs de croissance et levain pour le développement de nos pays.
Pour en revenir au football, la lutte de la CAF continue et il semble que 9 places et demie sont déjà acquises pour la CDM aux États unies, Canada et Mexique.
En tout état de cause, cette CDM au Qatar est une réussite selon des témoignages d’observateurs avertis ayant une expérience avec 2 à 4 éditions à leur actif. Au Qatar l’avantage est que les stades ne sont pas trop éloignés avec moins de 1 heure et 30 maximum de trajet pour rallier les hôtels et résidences et les stades. Des navettes de bus et un métro ultra moderne sont mis gratuitement à la disposition des détenteurs de carte Hayya. Des centaines voire des milliers de volontaires anonymes ont aidé à orienter les spectateurs du monde entiers avec leurs lampes fluorescentes vert ou rouge égayant les voyageurs de messages amicaux comme Metro this way, Bus this way.
La police Qatari et la sécurité veillaient au grain avec une courtoise exquise envers les spectateurs.
Nos compatriotes surtout ceux dits de la diaspora ont fait le déplacement. Des jeunes et moins jeunes rencontrés venaient des Amériques (États de California, Caroline du Nord, New York, New Jersey, Géorgie… Canada, Brésil…), d’Europe (Finlande, France, Italie, Belgique, UK, Espagne, Allemagne…). On a aussi l’impression que les sénégalais résidents dans les pays du Golfe sont tous là pour accueillir les nombreux sénégalais venus directement du pays. Le 12ème Gaindé aux couleurs nationales avec 7 bonhommes S.E.N.E.G.A.L debout, chantant, donnant de la voix ont fait vibrer les gradins. Il ont donné une forte impression aux spectateurs venus d’autres pays et qui apprécient le rythme des drums similaire à la Samba brésilienne et la chorégraphie s’y rattachant.
Enfin, le football est une produit universel consommé partout dans le monde malgré les crises, guerres ou conflits. Des spectateurs venant de pays qui n’ont pas une grande tradition de football par exemple les syriens, irakiens, afghans, Sudan, Maurice, Inde… ont participé à la fête.
Tout le sens de ces retrouvailles qui font déferler passion et argent avec cette manne financière provenant des droits TV que la FIFA distribue aux équipes qualifiées et qui vont jusqu’au bout de la compétition selon une clef de répartition préétablie. Nous espérons qu’une bonne partie des sommes allouées au Sénégal servira aux renforcements de capacités de toute l’architecture du football national et éviter des erreurs et errements connus par le passé.
Je ne puis terminer sans mentionner le nom de notre compatriote, notre sœur Fatma Samoura, Secrétaire Générale de la FIFA et toute son équipe qui ont abattu un travail titanesque sous sa coordination générale pour faire tourner cette machine administrative de la FIFA. Le Sénégal, l’Afrique et le monde entier lui tirent bas le chapeau. Fier de toi sister Fatma.
Bonne continuation pour les équipes qui lutte pour le titre final.
Heureusement qu’il n’y a pas que le foot. C’est juste une discipline sportive et le monde ne va pas s’arrêter. Les individus, les pays ont d’autres priorités comme la paix, la santé et l’éducation de nos enfants, une gouvernance mondiale à réinventer pour un monde meilleur. Mais, savourons ces moments magiques de ce qui nous sépare du 18 décembre 2022. Et que le meilleur gagne.
Dieu fasse que ce soit le SÉNÉGAL
Le 4 décembre 2022
Moustapha Niang
Ingénieur génie civil
Kinshasa, RDC
Première équipe africaine et 18ème dans le dernier classement FIFA (Octobre 2022), le Sénégal fait désormais partie des 16 meilleures équipes du monde. Il s’est sublimé et transcendé avec hargne, rage et générosité pour atteindre les sommets après un premier match de groupe contre les Pays-Bas au cours duquel une attaque inefficace et brouillonne n’a pas été capable d’un brin de folie pour exploser la défense néerlandaise et la fébrilité de son arrière garde coupable sur les coups de pied arrêtés ont semé le doute sur sa capacité de gérer un match de très haut niveau et garder un résultat positif à 5 ou 6 minutes du terme.
Si l’absence de Sadio Mané est rédhibitoire pour un succès final, il n’en demeure pas moins que le coach Aliou Cisse, El Tactico, que certaines personnes voudraient faire virer, en plus de son discours a dû procéder à un savant réglage alchimique dans le positionnement et l’intégration de joueurs donnant plus de cohésion et de fluidité de son jeu sur les plans technico- tactique et physique. L’équipe a su faire montre de caractère, d’intelligence et d’initiative pour gagner ses deux finales contre le Qatar et l’Equateur du Groupe A.
Avec le talent, la détermination, la confiance en soi et le culot en bandoulière, ils ont rendu un vibrant hommage à leur aîné Pape Bouba Diop, disparu deux ans plus tôt, matérialisé par une banderole confectionnée à l’avance. Les joueurs se sont vaillamment battus pour assurer leur deuxième qualification en huitièmes de finale après celle de 2002. L’ombre de Sadio Mané a plané au cour de ses deux matchs. Et sa présence dans les têtes et les cœurs a eu des effets bénéfiques pour l’accomplissement de cette qualification. Bravo et félicitations.
Pour le prochain palier dans cette CDM 2022, il s’agira de défier l’Angleterre en 8èmes de finale d’une compétition mondiale. Comme les travaux de Sisiphe, il faut tout remettre à zéro et recommencer pour affronter la talentueuse armada anglaise sevrée de titres depuis 1966.
La tâche si ardue soit elle est excitante avec de bonnes promesses, le Sénégal étant considéré comme un outsider dans ce tournoi. Mais c’est un match de football qui reste et demeurera toujours indécis. Nos joueurs ont les mêmes arguments que leurs collègues anglais qu’ils côtoient chaque semaine sur les pelouses de la puissante et lucrative Premier League, centre névralgique du football mondial avec sa constellation de virtuoses prêts à en découdre pour nous régaler et enchanter avec des matchs toujours indécis et d’une rare intensité.
Nos joueurs se distinguent aussi sur les pelouses des autres grands championnats avec plusieurs matchs de Champion’s League ou League Europa. Ils ont gagné des trophées nationaux et continentaux. Ils se connaissent et se respectent dans le cadre d’une rude et implacable concurrence entre professionnels.
Ce qui fait que cette génération de joueurs sénégalais est correctement formée dabs nos écoles de Foot au Sénégal (Djambars, Génération Foot, bravo et merci aux Grands frères Saer et Ben Madi) et bénéficie de la science des meilleurs techniciens de foot. Ils disposent d’atouts indéniables aussi bien techniques que tactiques pour bousculer, faire douter et gagner devant toutes les équipes y compris l’Angleterre qui dispose d’une pléiade de stars et d’une des profondeurs de banc des plus garnies. Cette Angleterre voudrait faire revenir le foot à la maison lors du dernier Euro avec le concept “football back home”. Elle est assoiffée de titres. Un seul titre majeur obtenu sur ses terrains lors de la CDM de 1966 quand bien même le football est né sur ses terres au 19ème siècle.
Tout un défi. Mais l’espoir et la confiance sont permis.
En effet, pour cette CDM, nous pouvons mentionner des faits notables pour le football africain que l’équipe du Sénégal devrait se permettre de prolonger:
- le Maroc a réussi la prouesse historique en étant le premier pays africain de terminer premier de son groupe. Venus en masse, les supporters marocains ont massivement répondu présents. Il doivent avoir un Prix.
- le Cameroun a fait chuter le Brésil, quintuple vainqueur de la coupe de monde (par ailleurs, sans tomber dans le narcissisme ou le chauvinisme, le Sénégal a eu à tenir en échec le Brésil en match amical);
- la Tunisie a battu la France, champion du monde en titre, une des favorites de cette compétition, ce qui constitue, au demeurant une performance remarquable, peu importe les commentaires condescendants d’une partie de la presse ou d’observateurs ou les noms de ceux qui ont joué pour la France ce jour là au stade Education City Stadium.
Parmi les 16, ils ne sont plus que 12 pays du top 20 à prétendre disputer la finale programmée le 18 décembre 2022. Il y les absences remarquées du Danemark, de l’Italie, de l’Uruguay (anciens champions du monde ou d’Europe), de la Belgique, des Pays de Galle et du Mexique, grand pays de sport avec l’organisation de 2 CDM (1970 et 1986) ainsi que les jeux olympiques de 1968.
De ce qui précède, nous pouvons relever que l’Afrique peut légitimement nourrir des ambitions et aspirer à disposer de plus de places lors les prochaines joutes mondiales. Sur 52 pays, seuls 5 sont qualifiés. On peut dire pêle-mêle que des pays exportateurs de footballeurs (ou fuite des cerveaux; Feu Mawade Wade qui fut instructeur de la FIFA disait que « le football est de l’intelligence en mouvement » en plus des binationaux) comme l’Algérie, le Nigeria, l’Égypte, la Tunisie, le Mali, la Côte d’Ivoire, la RD Congo ou la Guinée pourraient être de sérieux prétendants pour participer à des phases finales de CDM.
Ça c’est un autre débat et défi liés à des nécessaires changements structurels et de la gouvernance du football dans beaucoup de pays et mais aussi de la Confédération africaine de football (CAF) avec un effet domino sur d’autres secteurs porteurs de croissance et levain pour le développement de nos pays.
Pour en revenir au football, la lutte de la CAF continue et il semble que 9 places et demie sont déjà acquises pour la CDM aux États unies, Canada et Mexique.
En tout état de cause, cette CDM au Qatar est une réussite selon des témoignages d’observateurs avertis ayant une expérience avec 2 à 4 éditions à leur actif. Au Qatar l’avantage est que les stades ne sont pas trop éloignés avec moins de 1 heure et 30 maximum de trajet pour rallier les hôtels et résidences et les stades. Des navettes de bus et un métro ultra moderne sont mis gratuitement à la disposition des détenteurs de carte Hayya. Des centaines voire des milliers de volontaires anonymes ont aidé à orienter les spectateurs du monde entiers avec leurs lampes fluorescentes vert ou rouge égayant les voyageurs de messages amicaux comme Metro this way, Bus this way.
La police Qatari et la sécurité veillaient au grain avec une courtoise exquise envers les spectateurs.
Nos compatriotes surtout ceux dits de la diaspora ont fait le déplacement. Des jeunes et moins jeunes rencontrés venaient des Amériques (États de California, Caroline du Nord, New York, New Jersey, Géorgie… Canada, Brésil…), d’Europe (Finlande, France, Italie, Belgique, UK, Espagne, Allemagne…). On a aussi l’impression que les sénégalais résidents dans les pays du Golfe sont tous là pour accueillir les nombreux sénégalais venus directement du pays. Le 12ème Gaindé aux couleurs nationales avec 7 bonhommes S.E.N.E.G.A.L debout, chantant, donnant de la voix ont fait vibrer les gradins. Il ont donné une forte impression aux spectateurs venus d’autres pays et qui apprécient le rythme des drums similaire à la Samba brésilienne et la chorégraphie s’y rattachant.
Enfin, le football est une produit universel consommé partout dans le monde malgré les crises, guerres ou conflits. Des spectateurs venant de pays qui n’ont pas une grande tradition de football par exemple les syriens, irakiens, afghans, Sudan, Maurice, Inde… ont participé à la fête.
Tout le sens de ces retrouvailles qui font déferler passion et argent avec cette manne financière provenant des droits TV que la FIFA distribue aux équipes qualifiées et qui vont jusqu’au bout de la compétition selon une clef de répartition préétablie. Nous espérons qu’une bonne partie des sommes allouées au Sénégal servira aux renforcements de capacités de toute l’architecture du football national et éviter des erreurs et errements connus par le passé.
Je ne puis terminer sans mentionner le nom de notre compatriote, notre sœur Fatma Samoura, Secrétaire Générale de la FIFA et toute son équipe qui ont abattu un travail titanesque sous sa coordination générale pour faire tourner cette machine administrative de la FIFA. Le Sénégal, l’Afrique et le monde entier lui tirent bas le chapeau. Fier de toi sister Fatma.
Bonne continuation pour les équipes qui lutte pour le titre final.
Heureusement qu’il n’y a pas que le foot. C’est juste une discipline sportive et le monde ne va pas s’arrêter. Les individus, les pays ont d’autres priorités comme la paix, la santé et l’éducation de nos enfants, une gouvernance mondiale à réinventer pour un monde meilleur. Mais, savourons ces moments magiques de ce qui nous sépare du 18 décembre 2022. Et que le meilleur gagne.
Dieu fasse que ce soit le SÉNÉGAL
Le 4 décembre 2022
Moustapha Niang
Ingénieur génie civil
Kinshasa, RDC