Le guide des thiantacônes est hors du pays, précisément à Bordeaux (France) pour se soigner, selon ses proches. C'est à quelques jours du procès que ses avocats ont déposé un certificat médical attestant qu'il ne peut pas comparaître. Et ce mardi, dès l'ouverture de l'audience, les conseils du guide des thiantacones ont demandé au juge de juger l'excuse légitime et de sursoir au jugement de Cheikh Béthio Thioune. Ce, tout en procédant à celui des autres accusés.
"Nous sommes face à un dilemme"
Les robes noires veulent que leur client ne soit jugé par défaut (ou par contumace). "Cheikh Béthio est un citoyen ordinaire, plaide Me Ousmane Sèye, un des avocats de la défense. Il doit se présenter à la barre de votre tribunal. Mais, depuis janvier 2019, il reçoit des soins intensifs. Nous ne pouvons pas solliciter le renvoi de cette affaire comme nous le permet le Code pénal car cela pourrait porter préjudice aux accusés qui sont en détention préventive depuis 7 ans. Vous avez un dossier médical signé établi par son médecin traitant qui vous éclaire sur la santé de Béthio Thioune."
Me Mouhamadou Moustapha Dieng d'appuyer : "Nous sommes aujourd'hui face à un dilemme. La défense a déposé à temps et en toute transparence le dossier de Cheikh Béthio Thioune qui atteste un état de santé précaire. Le droit à la santé est un droit fondamental. Cependant, les accusés ont droit à un procès équitable et jugés conformément à la loi. Donc, l'affaire doit être retenue."
"L'argument de la défense n'est pas du tout recevable"
Faisant son réquisitoire, le ministère public a révélé que dossier médical de Cheikh Béthio ne lui a pas été communiqué. Il dit : "Le parquet n'a pas le dossier entre ses mains au moment où je vous parle. Le débat en matière pénale est un débat loyal. On ne doit pas prendre parti. Cela porte atteinte à la bonne administration de la justice. Quand un dossier médical n'est pas à mon connaissance, je ne peux pas prononcer un sursis de contumace."
Sur les considérations juridiques soulevées par la défense, procureur a rappelé que "nous sommes en matière criminelle". De ce fait, enseigne-t-il, il appartient à l'accusé de se mettre à la disposition de la justice. Il martèle : "Cheikh Béthio est placé sous contrôle judiciaire depuis le 21 février 2013. La Chambre d'accusation n'a toujours pas levé cette mesure. Le dossier constitue un tout. L'argument balancé n'est pas du tout recevable. L'accusé doit respecter les obligations imposées par la justice."
Au nom des avocats la partie civile, Me Khassimou Touré s'est dit "meurtri et triste à la fois". Il a rappelé qu'un bon procès est un procès qui respecte les fondamentaux d'un procès juste et équitable. "On ne nous a jamais communiqué le dossier médical de Cheikh Béthio, signale-t-il. Les victimes ont les mêmes droits que les accusés. Bara Sow et Ababacar Fall ont atrocement tués et atrocement ensevelis."
"Il n'y a pas d'accusé de première classe ou de seconde classe"
Me Touré de poursuivre : "Celui par qui tout est arrivé est absent du prétoire. Il faut respecter les droits de la victime torturé et écrasée. La personne morale de cette affaire ne doit pas être jugé par contumace. Tous les hommes naissent égaux de la loi. Il n'y a pas d'accusé de première classe ou de seconde classe."
L'avocat plaidera le rejet pur et simple de la demande de la défense qui, selon lui, n'est "fondée sur aucun fait juridique pertinent". Avant de conclure, Me Khassimou Touré a laissé entendre que le dossier médical en question, fabriqué de façon confidentielle, est un dossier médical de complaisance.
Avec Seneweb