L’embargo de la CDEAO contre la Mali est une décision certes sévère mais la junte malienne doit aussi s’ouvrir à des négociations pour revoir la durée de la transition. Une transition ne saurait durer 5 ans. En effet, une telle durée ressemble à un mandat. Il faut donc permettre aux organisations des droits de l’homme de jouer leur rôle d’interfaces pour arrondir les angles entre la CEDEAO et la junte malienne.
Tout conflit, même les plus tragiques finissent toujours sur la table de négociations. Aujourd’hui, cette crise malienne dépasse le cadre du Mali et même de la sous-région pour devenir une crise internationale impliquant de grandes puissances comme la France, la Russie, la Chine et peut être d’autres pays qui suivent de près la situation au Mali. L’Union Européenne semble vouloir marcher sur les traces de la CEDEAO.
Dans cette crise, la France, pays colonisateur, a été la première nation européenne à s’engager au Mali mais elle a aussi beaucoup d’intérêt à faire preuve de discrétion pour ne pas raviver davantage ce sentiment anti français qui sévit dans l’opinion publique malienne et dans une certaine mesure africaine. Un embargo au Mali n’est pas une chose simple et aura forcément des répercussions sur le Sénégal. Il est vrai que le Sénégal ne peut pas se désolidariser de la CEDEAO puisqu’il a toujours été solidaire des décisions prises par cette entité sous régionale.
Aujourd’hui, la tension entre la Junte, la CEDEAO et la France est telle qu’il faut une forte intermédiation pour demander à chaque partie de revoir sa copie. Les maliens ont constaté que la présence française ne fait plus leur affaire et qu’avec la présence des russes il y a un semblant d’accalmie. On ne peut donc leur reprocher de faire un choix qui conditionne leur avenir et même leur survie. La crise malienne est aussi un laboratoire d’expérimentation d’une mutation géopolitique entre la France et l’Afrique, ou d’une nouvelle orientation des relations entre le pays colonisateur et les pays anciennement colonisés.
Le Mali est un vaste domaine géographique, beaucoup plus grand que la France, d’ailleurs, ce pays est quelque part victime de sa géographie. C’est pourquoi, l’Etat malien a du mal à maitriser ce territoire mastodonte et il est tout à fait facile de constater les difficultés de l’armée malienne sur le terrain. Pour n’importe quel observateur averti, la présence de la France à travers les forces barkhanes, ne fait plus l’affaire, d’autant plus qu’à l’heure du bilan, aucun progrès significatif sur le terrain n’est encore enregistré pour mettre un terme à cet emphysème, en l’occurrence le terrorisme, qui risque de se propager dans la sous-région.
En 2019, alors que moi-même j’ai fait un séjour d’un mois à Bamako, j’avais senti déjà ce sentiment anti français et depuis lors, la crise de confiance s’est exacerbée entre l’opinion publique malienne et la France, entre l’Etat malien et ses citoyens sous le magistère d’Ibrahima Boubacar Keita. Le sang a trop coulé au Mali et ses populations constatent, impuissants, chaque soir devant le petit écran, les images dévastatrices des djihadistes et terroristes de toute sorte.
Le Mali a un problème de survie et est obligé de faire face à son destin. Le Président sénégalais Macky Sall doit jouer un rôle important, de premier ordre, à un double titre, en tant chef d’Etat d’un pays directement frontalier mais aussi et surtout en tant que futur Président de l’Union Africaine.
L’embargo est une arme qu’on ne peut pas exclure mais on doit prendre en compte la souffrance du peuple malien. Que cela soit en Guinée ou au Mali, la CEDEAO ne saurait cautionner les coups d’Etat et rester les bras croisés. Cependant, vu les contextes et l’attitude des peuples, des mécanismes de discussions doivent être instaurés, non à priori entre la CEDEAO et les dirigeants du Mali mais entre les bonnes volontés africaines, les organismes des droits de l’homme, la société civile africaine pour trouver un compromis avec ces deux Etats solidaires même s’ils sont mis aujourd ‘hui sur le banc des accusés.
L’Afrique et la sagesse africaine ne sont pas dépourvues de génies, capables de trouver une issue à ces tohu bohu de la vie politique africaine. Le monde évolue et les mentalités changent, il faut aussi de nouvelles méthodes d’approches dans le management de nos institutions sous régionales et régionales pour les adapter et les rendre efficaces. Ce conflit malien saurait être réglé par la France qui fait partie du problème. En proposant à la tribune des Nations Unies un embargo sur le Mali, la France donne raison à ceux qui la soupçonne d’être derrière les Chefs d’Etat de la CEDEAO. Compte tenu de tous ces éléments, seule une discussion franche autour d’une table pourra déboucher sur une alternative crédible et durable.
Pr Moustapha Samb
Docteur en communication Cesti/Ucad
Tout conflit, même les plus tragiques finissent toujours sur la table de négociations. Aujourd’hui, cette crise malienne dépasse le cadre du Mali et même de la sous-région pour devenir une crise internationale impliquant de grandes puissances comme la France, la Russie, la Chine et peut être d’autres pays qui suivent de près la situation au Mali. L’Union Européenne semble vouloir marcher sur les traces de la CEDEAO.
Dans cette crise, la France, pays colonisateur, a été la première nation européenne à s’engager au Mali mais elle a aussi beaucoup d’intérêt à faire preuve de discrétion pour ne pas raviver davantage ce sentiment anti français qui sévit dans l’opinion publique malienne et dans une certaine mesure africaine. Un embargo au Mali n’est pas une chose simple et aura forcément des répercussions sur le Sénégal. Il est vrai que le Sénégal ne peut pas se désolidariser de la CEDEAO puisqu’il a toujours été solidaire des décisions prises par cette entité sous régionale.
Aujourd’hui, la tension entre la Junte, la CEDEAO et la France est telle qu’il faut une forte intermédiation pour demander à chaque partie de revoir sa copie. Les maliens ont constaté que la présence française ne fait plus leur affaire et qu’avec la présence des russes il y a un semblant d’accalmie. On ne peut donc leur reprocher de faire un choix qui conditionne leur avenir et même leur survie. La crise malienne est aussi un laboratoire d’expérimentation d’une mutation géopolitique entre la France et l’Afrique, ou d’une nouvelle orientation des relations entre le pays colonisateur et les pays anciennement colonisés.
Le Mali est un vaste domaine géographique, beaucoup plus grand que la France, d’ailleurs, ce pays est quelque part victime de sa géographie. C’est pourquoi, l’Etat malien a du mal à maitriser ce territoire mastodonte et il est tout à fait facile de constater les difficultés de l’armée malienne sur le terrain. Pour n’importe quel observateur averti, la présence de la France à travers les forces barkhanes, ne fait plus l’affaire, d’autant plus qu’à l’heure du bilan, aucun progrès significatif sur le terrain n’est encore enregistré pour mettre un terme à cet emphysème, en l’occurrence le terrorisme, qui risque de se propager dans la sous-région.
En 2019, alors que moi-même j’ai fait un séjour d’un mois à Bamako, j’avais senti déjà ce sentiment anti français et depuis lors, la crise de confiance s’est exacerbée entre l’opinion publique malienne et la France, entre l’Etat malien et ses citoyens sous le magistère d’Ibrahima Boubacar Keita. Le sang a trop coulé au Mali et ses populations constatent, impuissants, chaque soir devant le petit écran, les images dévastatrices des djihadistes et terroristes de toute sorte.
Le Mali a un problème de survie et est obligé de faire face à son destin. Le Président sénégalais Macky Sall doit jouer un rôle important, de premier ordre, à un double titre, en tant chef d’Etat d’un pays directement frontalier mais aussi et surtout en tant que futur Président de l’Union Africaine.
L’embargo est une arme qu’on ne peut pas exclure mais on doit prendre en compte la souffrance du peuple malien. Que cela soit en Guinée ou au Mali, la CEDEAO ne saurait cautionner les coups d’Etat et rester les bras croisés. Cependant, vu les contextes et l’attitude des peuples, des mécanismes de discussions doivent être instaurés, non à priori entre la CEDEAO et les dirigeants du Mali mais entre les bonnes volontés africaines, les organismes des droits de l’homme, la société civile africaine pour trouver un compromis avec ces deux Etats solidaires même s’ils sont mis aujourd ‘hui sur le banc des accusés.
L’Afrique et la sagesse africaine ne sont pas dépourvues de génies, capables de trouver une issue à ces tohu bohu de la vie politique africaine. Le monde évolue et les mentalités changent, il faut aussi de nouvelles méthodes d’approches dans le management de nos institutions sous régionales et régionales pour les adapter et les rendre efficaces. Ce conflit malien saurait être réglé par la France qui fait partie du problème. En proposant à la tribune des Nations Unies un embargo sur le Mali, la France donne raison à ceux qui la soupçonne d’être derrière les Chefs d’Etat de la CEDEAO. Compte tenu de tous ces éléments, seule une discussion franche autour d’une table pourra déboucher sur une alternative crédible et durable.
Pr Moustapha Samb
Docteur en communication Cesti/Ucad