«Ne seriez-vous pas ravis d’entendre un de ses propriétaires de NFL, quand quelqu’un manque de respect au drapeau, dire “foutez-moi ce fils de pute en dehors du terrain tout de suite. (…) Il est viré.”»
Il visait, sans le nommer, l’ancien «quarterback» des San Francisco 49ers, Colin Kaepernick. En août 2016, il s’était agenouillé pendant la diffusion de l’hymne américain, pour protester contre plusieurs meurtres de Noirs par des policiers blancs. La mère adoptive de Colin Kaepernick, Teresa, lui a répondu directement dans un tweet : «Figure-toi que ça fait de moi une pute fière.»
De son côté, le grand patron du championnat NFL, Roger Goodell, a regretté dans un communiqué les «commentaires clivants» du président qui «montrent malheureusement un manque de respect pour la NFL». Le syndicat des footballeurs professionnels a lui aussi déploré les propos de Donald Trump et s’est engagé à défendre leur liberté d’expression.
«C’est une honte et un déshonneur quand un président des Etats-Unis traite des citoyens de fils de pute», a réagi sur Twitter le joueur des Minnesota Vikings, Bishop Sankey.
Dimanche, une bonne vingtaine de joueurs des Ravens de Baltimore (football américain) ont récidivé, s’agenouillant lors de l’hymne américain avant un match au stade de Wembley, à Londres. Une démonstration saluée par le propriétaire de l’équipe, Steve Bisciotti, qui a dit « soutenir à 100 % » ses joueurs :
«Toutes les voix doivent être entendues. C’est de la démocratie dans son expression la plus noble.»
La NBA contre Trump
Après la NFL, c’est la ligue de basket (NBA) qui a fait les frais de la colère présidentielle. Samedi matin, Donald Trump a annoncé sur Twitter qu’il annulait l’invitation faite à Stephen Curry, un des joueurs vedettes des Golden State Warriors, qui avait eu le tort de faire savoir qu’il n’était pas disposé à se rendre à la Maison Blanche, une tradition pour les joueurs de basket ayant remporté le dernier titre national en date.
«Aller à la Maison Blanche est considéré comme un honneur pour l’équipe championne. Stephen Curry hésite, dans ce cas, invitation retirée », a écrit le président américain. Sollicité lors d’une conférence de presse organisée dans la ville californienne d’Oakland, Stephen Curry a répondu qu’il était « indigne pour le président d’un pays de se comporter ainsi». «Les dirigeants ne font pas ça», a-t-il ajouté.
Stephen Curry a reçu des renforts de poids : «Aller à la Maison Blanche était un honneur avant que tu y sois », a tweeté à l’adresse de M. Trump l’autre vedette du sport roi aux Etats-Unis, LeBron James, finaliste cette année avec Cleveland et soutien d’Hillary Clinton lors de la campagne de 2016. «Steph : considère cette annulation comme une distinction honorifique», a affirmé le syndicat des joueurs sur son compte Twitter. «Je me demande encore comment ce gars dirige le pays», a ironisé dans un tweet, Draymond Green, un coéquipier de Curry.
Depuis son sacre en juin, l’équipe d’Oakland est dans une opposition marquée au président Trump. Kevin Durant, autre joueur emblématique, avait annoncé en août qu’il boycotterait aussi la visite. «Je ne respecte pas la personne qui occupe le poste en ce moment, je ne suis pas d’accord avec lui, je vais faire entendre ma voix en ne m’y rendant pas», avait-il expliqué.
Selon Kevin Durant, les joueurs n’ont pas digéré les propos du président américain, qui avait renvoyé dos à dos les suprémacistes blancs et les antifascistes pour les violences de Charlottesville.
Stevie Wonder à New York joint le mouvement
Samedi soir, la contagion s’est propagée dans l’autre sport majeur des Etats-Unis, le baseball, avec le premier joueur de la ligue professionnelle, Bruce Maxwell des Oakland Athletics, à s’agenouiller durant l’hymne américain.
Lors d’un concert réunissant stars et politiques pour soutenir la lutte contre la pauvreté dans le monde à New York, le chanteur Stevie Wonder s’est lui aussi agenouillé. «Ce soir, je m’agenouille pour l’Amérique», a-t-il déclaré, accompagné par son fils Kwame Morris. Des milliers de personnes avaient convergé vers Central Park pour le Global Citizen Festival, qui attire depuis 2012 les artistes parmi les plus célèbres et coïncide avec la tenue de l’Assemblée générale des Nations unies.
Le Monde