Mansour Faye : son sourire contraste avec le désarroi des Dakarois
C’est une image peu reluisante : la file de ménagères devant les camions citernes qui distribuent l’eau dans les différents quartiers de Dakar est devenue banale au cœur d’une capitale qui rêve d’émergence. Privé d’eau depuis le jour de la Korité, le département de Guédiawaye supporte stoïquement la soif. En cette matinée ensoleillée du vendredi, les femmes sillonnent les artères des localités voisines à la recherche de l’eau qui ne coule plus depuis 7 jours.
«Ce n’est pas normal. Depuis samedi, on n’a eu une seule goutte d’eau. La Sde devrait au moins nous approvisionner un peu en eau de robinet, mais tel n’est pas le cas. L’eau de citerne qui est distribuée dans certaines localités de la banlieue ne peut être utilisée que pour laver la vaisselle», regrette une dame qui trimballe plusieurs bouteilles vides en compagnie de ses enfants. C’est une scène devenue presque banale depuis au moins trois ans. Comme si de rien n’était. Le liquide est devenu tellement précieux que certains n’hésitent plus à utiliser l’eau de la mer pour laver la vaisselle.
Situation chaotique sans exagérer. «Que faire ? On n’a pas le choix. Les robinets sont à sec, il n’y a pas de citernes pour nous soulager. On dirait que ce pays n’est pas gouverné parce que c’est inadmissible. Alors que des millions sont distribués chaque jour à des politiciens qui sont déjà à l’abri du besoin, les citoyens n’arrivent pas à avoir de l’eau correctement», rouspète un père de famille. Il a «veillé» jusque tard dans la nuit du jeudi à vendredi espérant que le robinet allait cracher de l’eau. Douche froide ! «J’ai attendu jusqu’à 4h du matin, mais rien. C’est une situation douloureuse qui aura son impact sur les Législatives», insiste-t-il.
A Wakhinane Nimzatt et Baye Laye, c’est le calvaire. Les populations de ces localités sont restées plus de 5 jours sans aucune goutte d’eau. Dans certaines unités des Parcelles Assainies, la souffrance date de plusieurs semaines. «On dirait que nous vivons dans un désert. Depuis trois semaines, il n’y a pas d’eau à l’Unité 13. L’eau venait vers 2h ou 3h du matin, mais rien ne coule des robinets. Et cette explication de déficit de production est ubuesque dans un pays où on parle d’émergence. J’ai l’impression que l’Etat ne prend pas très au sérieux cette question. Dans quel pays vivons-nous ?», s’étrangle de rage ce père de famille.
(adsbygoogle = window.adsbygoogle || []).push({}); Plan d’urgence de distribution de l’eau sans succès
A Bargny, Niary Tally, Patte d’Oie, Cité Djily Mbaye, Yoff, Fadia… les populations souffrent en silence dans leurs appartements. Elles veillent jusque tard et retrouvent leur lit avec le cœur rempli d’amertume. Laissées à elles-mêmes par le gouvernement qui s’emmure dans un silence coupable, elles supportent difficilement de vivre sans eau dans une période de forte canicule. «C’est insupportable ! Pourtant, le gouvernement n’a même pas réagi pour atténuer la souffrance des populations. Dans quel pays vivons-nous», s’interroge une dame qui loge à l’Unité 19 des Parcelles Assainies.
Elle doit prendre son mal en patience. Dans un entretien avec Sud Quotidien hier, Ndiaya Diop, chargé de communication de la Sde, parlait d’un problème conjoncturel et surtout structurel : «Il y a une conjugaison de facteurs qui ont fait qu’aujourd’hui un certain nombre de quartiers de Dakar connaissent quelques difficultés dans la distribution de l’eau potable. Parmi ces facteurs, nous pouvons lister, en premier, un déficit. La production ne couvre pas l’offre présentement. Ce déficit est accentué par la canicule, avec un besoin en eau plus accru des populations. Et ce déficit impacte davantage les quartiers situés à des niveaux élevés. Il y a aussi le fait qu’une bonne partie des populations a un mode d’habitat qui est de plus en plus en hauteur ; ce qui pose un problème de disponibilité, si ces habitants ne sont pas équipés, puisqu’il y a un problème de pression pour faire monter l’eau. Ça c’est un facteur. L’autre facteur, c’est que nous (la Sde, Ndlr) sommes perturbés par l’instabilité de la fourniture de l’électricité.»
Sos Consommateurs : «C’est une faute inexcusable»
Après le «pétage» du tuyau de Keur Momar Sarr, les Dakarois espéraient que ces impairs allaient être conjugués au passé. Entre-temps, le gouvernement avait mis sur pied en 2015 le Programme d’urgence pour la sécurisation de l’alimentation en eau de Dakar afin d’améliorer la distribution en eau dans la capitale. Par le biais de la Sones, il avait confié à la Sde ce deuxième programme pour la période 2016-2017 d’un coup de 7,5 milliards de F Cfa.
A l’évidence, ces efforts n’ont pas permis de régler ces récurrentes et chroniques pénuries d’eau. Ce qui pousse Sos Consommateurs, exaspérée par cette situation, à réclamer la remise en cause du contrat d’affermage. «C’est une faute inexcusable qui doit entraîner une remise en cause du contrat d’affermage liant le Sénégal à la Sde qui devrait bénéficier de l’expertise et des capacités techniques du Groupe Bouygues dont elle est une filiale. L’Etat doit s’assurer du respect des obligations contractuelles en matière d’investissements pour un secteur aussi stratégique que l’alimentation des populations en eau potable.»
(adsbygoogle = window.adsbygoogle || []).push({}); Me Massokhna Kane ajoute : «Cela devient un véritable casse-tête pour les populations dans certains quartiers de la capitale… Malgré les plaintes et autres récriminations des populations, la Sde semble incapable de fournir un service de qualité aux usagers, privés de cette denrée précieuse qui est source de vie. C’est encore une épreuve et des désagréments de toutes natures qu’elle inflige aux populations.» Toute honte bue !
Avec le Quotidien
«Ce n’est pas normal. Depuis samedi, on n’a eu une seule goutte d’eau. La Sde devrait au moins nous approvisionner un peu en eau de robinet, mais tel n’est pas le cas. L’eau de citerne qui est distribuée dans certaines localités de la banlieue ne peut être utilisée que pour laver la vaisselle», regrette une dame qui trimballe plusieurs bouteilles vides en compagnie de ses enfants. C’est une scène devenue presque banale depuis au moins trois ans. Comme si de rien n’était. Le liquide est devenu tellement précieux que certains n’hésitent plus à utiliser l’eau de la mer pour laver la vaisselle.
Situation chaotique sans exagérer. «Que faire ? On n’a pas le choix. Les robinets sont à sec, il n’y a pas de citernes pour nous soulager. On dirait que ce pays n’est pas gouverné parce que c’est inadmissible. Alors que des millions sont distribués chaque jour à des politiciens qui sont déjà à l’abri du besoin, les citoyens n’arrivent pas à avoir de l’eau correctement», rouspète un père de famille. Il a «veillé» jusque tard dans la nuit du jeudi à vendredi espérant que le robinet allait cracher de l’eau. Douche froide ! «J’ai attendu jusqu’à 4h du matin, mais rien. C’est une situation douloureuse qui aura son impact sur les Législatives», insiste-t-il.
A Wakhinane Nimzatt et Baye Laye, c’est le calvaire. Les populations de ces localités sont restées plus de 5 jours sans aucune goutte d’eau. Dans certaines unités des Parcelles Assainies, la souffrance date de plusieurs semaines. «On dirait que nous vivons dans un désert. Depuis trois semaines, il n’y a pas d’eau à l’Unité 13. L’eau venait vers 2h ou 3h du matin, mais rien ne coule des robinets. Et cette explication de déficit de production est ubuesque dans un pays où on parle d’émergence. J’ai l’impression que l’Etat ne prend pas très au sérieux cette question. Dans quel pays vivons-nous ?», s’étrangle de rage ce père de famille.
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A Bargny, Niary Tally, Patte d’Oie, Cité Djily Mbaye, Yoff, Fadia… les populations souffrent en silence dans leurs appartements. Elles veillent jusque tard et retrouvent leur lit avec le cœur rempli d’amertume. Laissées à elles-mêmes par le gouvernement qui s’emmure dans un silence coupable, elles supportent difficilement de vivre sans eau dans une période de forte canicule. «C’est insupportable ! Pourtant, le gouvernement n’a même pas réagi pour atténuer la souffrance des populations. Dans quel pays vivons-nous», s’interroge une dame qui loge à l’Unité 19 des Parcelles Assainies.
Elle doit prendre son mal en patience. Dans un entretien avec Sud Quotidien hier, Ndiaya Diop, chargé de communication de la Sde, parlait d’un problème conjoncturel et surtout structurel : «Il y a une conjugaison de facteurs qui ont fait qu’aujourd’hui un certain nombre de quartiers de Dakar connaissent quelques difficultés dans la distribution de l’eau potable. Parmi ces facteurs, nous pouvons lister, en premier, un déficit. La production ne couvre pas l’offre présentement. Ce déficit est accentué par la canicule, avec un besoin en eau plus accru des populations. Et ce déficit impacte davantage les quartiers situés à des niveaux élevés. Il y a aussi le fait qu’une bonne partie des populations a un mode d’habitat qui est de plus en plus en hauteur ; ce qui pose un problème de disponibilité, si ces habitants ne sont pas équipés, puisqu’il y a un problème de pression pour faire monter l’eau. Ça c’est un facteur. L’autre facteur, c’est que nous (la Sde, Ndlr) sommes perturbés par l’instabilité de la fourniture de l’électricité.»
Sos Consommateurs : «C’est une faute inexcusable»
Après le «pétage» du tuyau de Keur Momar Sarr, les Dakarois espéraient que ces impairs allaient être conjugués au passé. Entre-temps, le gouvernement avait mis sur pied en 2015 le Programme d’urgence pour la sécurisation de l’alimentation en eau de Dakar afin d’améliorer la distribution en eau dans la capitale. Par le biais de la Sones, il avait confié à la Sde ce deuxième programme pour la période 2016-2017 d’un coup de 7,5 milliards de F Cfa.
A l’évidence, ces efforts n’ont pas permis de régler ces récurrentes et chroniques pénuries d’eau. Ce qui pousse Sos Consommateurs, exaspérée par cette situation, à réclamer la remise en cause du contrat d’affermage. «C’est une faute inexcusable qui doit entraîner une remise en cause du contrat d’affermage liant le Sénégal à la Sde qui devrait bénéficier de l’expertise et des capacités techniques du Groupe Bouygues dont elle est une filiale. L’Etat doit s’assurer du respect des obligations contractuelles en matière d’investissements pour un secteur aussi stratégique que l’alimentation des populations en eau potable.»
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Avec le Quotidien