Yeumbeul nord et sud, Malika, Bène Baraque, Asecna, Gadaye, Thiaroye, entre autres localités de la banlieue, sont frappés par une pénurie d’eau. Pour Ousmane Cissé, « le calvaire des habitants continue toujours. Certains quartiers qui sont privés d’eau potable devront être pris en compte. Le liquide précieux ne coule dans certains foyers que tard dans la nuit. Et les populations continuent de payer des factures devenues trop chères ».
«Si les autorités tentent de fournir de l’eau aux habitants, avec les citernes, en attendant le retour normal des choses, la quantité mise à la disposition des populations ne suffit pas et tout le monde fait avec les moyens du bord», souligne notre interlocuteur. Face à cette situation, certains habitants de la banlieue décident, malgré les risques encourus, de se laver, de faire la vaisselle ou la lessive avec l’eau stagnante issue de la pluie, n’utilisant l’eau des pompes que pour faire la cuisine ou se désaltérer.
(adsbygoogle = window.adsbygoogle || []).push({});D’autres, plus nantis, se servent de l’eau minérale. Le signe le plus frappant de la détresse populaire, c’est les passants, bidons en bandoulière, pieds empoussiérés, à la recherche d’eau. Et selon mère Oumy Diop, «faire ses ablutions pour aller prier pour certains est impossible à cause des coupures injustifiables. C’est vers 3 heures du matin que mes deux frères se lèvent pour remplir des bidons de dix litres et autres ustensiles pouvant contenir de l’eau pour que les membres de la famille puissent se servir durant la journée». Binta Camara, habitant à Malika, explique : «je suis souvent en retard à mon travail parce que je fais la course à l’eau, le matin, au niveau des pompes du quartier, et je parcours de longues distances pour la même raison.»
Interrogés sur la situation, certains agents de la Société des Eaux, rencontrés au niveau de la banlieue, déclarent que «les explications de la situation reviennent à leurs supérieurs». Des arguments qui sont loin de convaincre les populations qui ont manifesté leur colère contre les autorités, surtout celles en charge de la question. Et à ce sujet, les employés de la Société des eaux avaient évoqué une panne au niveau de l’usine de Keur Momar Sarr, depuis la semaine dernière, annonçant un retour des choses à la normale sous peu.
(adsbygoogle = window.adsbygoogle || []).push({}); Corvée familiale
Baba Dramé, employé d’une société privée de la place, a décidé de faire une répartition des tâches avec sa petite famille. «Pour ne pas subir totalement la charge de la corvée, mon fils aîné et moi, nous nous occupons de remplir tous les récipients avec de l’eau des pompes et ma fille et ma femme se chargent de faire d’en même pour les bouteilles de 20 litres et les réserves, le soir, quand on revient à la maison.
Si tout cela rempli, on peut tenir deux jours, mais comme l’eau est vitale, on ne peut vraiment pas en contrôler la consommation. C’est d’autant plus dur que nous avons nos activités professionnelles et les employeurs ne pardonnent pas les retards à cause d’un problème social, si sérieux soit-il. Le plus amusant, c’est que, le plus souvent, la facture d’eau va crescendo alors que la fourniture est en crise», dira-t-il.
A l’heure où d’autres pays sont confrontés à des défis de taille, comme le pouvoir d’achat, les relations diplomatiques ou le développement, les populations sénégalaises font encore face à un problème bien plus simple, mais dont aux conséquences sont ô combien désastreuses. Neuf personnes sur dix interrogées se disent outrées par le laxisme des autorités qu’elles accusent d’être les responsables de cette pénurie.
Rewmi