Les responsables du Parti socialiste (Ps) évitent le sujet. Par pudeur ? Par crainte d'une rechute de leur formation politique secouée par la fronde suivie de l'exclusion de Khalifa Sal et Cie ? Dans tous les cas, ils claironnent que la succession du défunt secrétaire général, Ousmane Tanor Dieng, n'est pas à l'ordre du jour. Mais jusqu'à quand ? La question devra forcément être tranchée. Le calme qui règne en ce moment à la Maison du parti de Colobane annonce certainement une tempête imminente. En dépit du perceptible désir d'unité, un choc des ambitions se profile dans les rangs des Verts.
L'arrière garde socialiste, composée de jeunes loups aux dents longues et aiguisées, exige le "rajeunissement" des instances, afin, pronostiquent-ils, de rendre le parti de Senghor plus attrayant en vue des prochaines joutes présidentielles de 2024.
La vieille garde quant à elle, n'entend pas céder à ce jeunisme ambiant. La direction du Ps, elle n'entend pas la laisser entre les "mains inexpertes" de leurs pourfendeurs.
"Vide juridique"
Sans doute pour freiner très tôt les ardeurs de ses jeunes camarades, annihiler leurs velléités de conquête du pouvoir, Serigne Mbaye Thiam s'est empressé d'introniser la secrétaire général adjointe du parti, la numéro du parti. "Aminata Mbengue Ndiaye est le (nouveau) secrétaire général du Ps", a-t-il tranché moins d'une semaine après la disparition d'Ousmane Tanor Dieng.
Le secrétaire national du Ps chargé des affaires juridiques, Me Moustapha Mbaye, proteste. S'il admet qu'« une tradition veut que généralement dans les instances du parti, si quelqu'un décède, on pousse son adjoint qui le remplace », il signale en l'occurrence "un vide juridique", qui impose une remise à zéro des compteurs.
Il dit : « Le Comité central me parait être l'organe le plus indiqué pour tenir un débat franc, loyal, ouvert et contradictoire entre les camarades pour nous mettre d'accord sur le profil des personnes qui doivent être appelées à nous conduire dans les 4 ou 5 prochaines années. Si nous nous mettons d'accord sur nos orientations stratégiques et sur le profil de ces personnes, je crois que tout le reste ne relèvera plus que de la pratique. »
L'avocat socialiste rappelle que même s'il y a des secrétaires généraux adjoints à savoir Aminata Mbengue Ndiaye, Cheikh Birahim Diagne de Sakal et Abdoukhadre Cissokho de Tamba, il n'y a rien qui puisse permettre d'établir une hiérarchie entre eux.
Cette position est appuyée par le constitutionnaliste, Mouhamadou Ngouda Mboup qui parle de "succession collégiale". "Les textes du parti ne parlent pas d'intérim, mais de suppléance, précise le juriste. L'intérim et la suppléance ne permettent pas de déterminer qui doit le remplacer."
Mboup croit savoir que « les textes du Ps ne sont pas clairs ». Qu' « en réalité, il y a une situation qui n'est pas prévue : c'est la notion de vacance, et c'est cette situation qui existe. C'est la démission ou le décès ou toute autre cause. On peut le mettre dans le cadre de l'empêchement définitif ».
« Pour autant, souligne le constitutionnaliste, pour ce qui concerne son remplacement ou sa suppléance (du secrétaire général), les textes précisent que c'est une suppléance collégiale, dans la mesure où ce sont les textes du parti qui disent que les fonctions exercées par les secrétaires ne sont pas hiérarchisées. »
La jeunesse socialiste acquiesce. Sur sa page Facebook, Abdoulaye Gallo Diao décoche ses flèches contre le chargé des élections : « Serigne Mbaye Thiam doit arrêter de mentir. Aucune disposition des textes du Ps ne permet à Aminata Mbengue Ndiaye d'assurer l'intérim. »
La main de Macky ?
En tout état de cause, Ousmane Tanor Dieng laisse derrière lui un parti qui s'avance vers de vives tensions internes. Lesquelles ont commencé avant la disparition de Tanor Dieng. On se rappelle d'ailleurs le départ fracassant du porte-parole adjoint, Me Moussa Bocar Thiam, au lendemain de l'évacuation d'OTD pour raisons de santé.
Cette décision inattendue de ce responsable, pourtant étiqueté "Tanor-Boy", de rejoindre l'Apr, allié du Ps, renseigne, si besoin en était encore, sur la profondeur des divergences, sur fond de chocs d'ambitions personnelles, qui couvent au Ps. Et la fronde entamée par le jeune socialiste Abdoulaye Gallo Diao et l'union départementale du Ps de Kaolack au mois de mai dernier n'est pas pour arranger les choses.
Il n'est exagéré de dire que le congrès extraordinaire qui devra permettre de désigner le successeur du défunt secrétaire général du Ps s'annonce explosif. Il risque de fragiliser davantage le parti et de menacer la stabilité de Benno bokk yakaar. Aminata Mbengue Ndiaye et Serigne Mbaye Thiam, qui pourraient légitimement briguer le poste de secrétaire général, sont très contestés ces derniers temps. Leur reconduction dans l'attelage gouvernemental- Macky II-, est pour nombre de responsables socialistes qui espéraient un turn-over, une pullule difficile à avaler.
Il faut aussi noter que ces deux ministres socialistes avec lesquels Macky Sall ne compte pas rompre, représentent les deux cartes que le leader de l'Apr- qui n'a pas intérêt à ce que le Ps tombe dans l'escarcelle de Khalifa Sall- abattra à coup sûr lors du choix du successeur de Tanor. Ceci, pour garder le Ps, du moins ce qui en reste, dans le giron de Benno.
La redoutable bête politique en chef de l'Apr n'en est pas à son coup d'essai. En effet, il avait réussi la prouesse de saper l'unité de Taxaawu Dakar en parrainant la candidature de hauts membres de ladite coalition contre Soham Wardini pour le remplacement de Khalifa Sal à la tête de la mairie de Dakar. Comme il l'avait fait en 2013 avec les deux ministres de Rewmi : Pape Diouf et Oumar Guèye. D'après certains observateurs, Macky Sall n'hésitera pas à rééditer le coup pour arriver à ses fins.
« Dernière volonté de Tanor »
Mais, ce sera sans compter avec la détermination de certains socialistes résolus à matérialiser la dernière volonté de Tanor Dieng qui est de voir les socialistes « de cœur et de conviction » retrouver la maison mère. Jadis réfractaire à cette idée de retrouvailles socialistes, Abdoulaye Gallo Diao, qui ne ratait jamais une occasion de tirer sur ses anciens camarades de parti (Khalifa Sall et Cie), a opéré un virage à 180 degrés. Sa conviction est que « les retrouvailles socialistes sont une nécessité vitale ».
Son avis est partagé dans les plus hautes strates du parti. Serigne Mbaye Thiam abonde dans le même sens. Selon lui, le Parti socialiste a le devoir historique de "s'unir ou (va) périr". « Je pense que nous trouverons les ressources nécessaires en nous pour nous unir, pronostique-t-il. C'est ce qu'Ousmane Tanor Dieng essayait de faire pendant tout le temps qu'il était là, c'est notre responsabilité de le faire. Nous lui devons cela, de transcender nos egos personnels, de nous retrouver collectivement ensemble, de savoir que c'est ensemble que nous pouvons rassembler le parti. »
Du côté des Khalifistes aussi, on est dans les mêmes dispositions. Aba Mbaye, un des plus radicaux des pro-Khalifa Sall, suggère une introspection : « Notre défi en tant que socialiste, c'est de nous demander comment on a pu accepter que la génération de Khalifa, Aminata Mbengue Ndiaye, Serigne Mbaye Thiam, qui a quarante ans de compagnonnage, se disloque ? »
Il s'empresse d'ajouter : « Notre devoir, c'est de nous départir de nos rancœurs et colère malgré l'emprisonnement de Khalifa Sall, pour nous retrouver autour de l'essentiel : l'avenir du Ps. »
Pour les Khalifistes, il n'est plus question que le scénario de la présidentielle de 2019 se reproduise : deux camps du Ps soutenant deux purs produits de Wade et du libéralisme (Idy pour Khalifa Sall et Macky pour Tanor et le Ps).
Seneweb
L'arrière garde socialiste, composée de jeunes loups aux dents longues et aiguisées, exige le "rajeunissement" des instances, afin, pronostiquent-ils, de rendre le parti de Senghor plus attrayant en vue des prochaines joutes présidentielles de 2024.
La vieille garde quant à elle, n'entend pas céder à ce jeunisme ambiant. La direction du Ps, elle n'entend pas la laisser entre les "mains inexpertes" de leurs pourfendeurs.
"Vide juridique"
Sans doute pour freiner très tôt les ardeurs de ses jeunes camarades, annihiler leurs velléités de conquête du pouvoir, Serigne Mbaye Thiam s'est empressé d'introniser la secrétaire général adjointe du parti, la numéro du parti. "Aminata Mbengue Ndiaye est le (nouveau) secrétaire général du Ps", a-t-il tranché moins d'une semaine après la disparition d'Ousmane Tanor Dieng.
Le secrétaire national du Ps chargé des affaires juridiques, Me Moustapha Mbaye, proteste. S'il admet qu'« une tradition veut que généralement dans les instances du parti, si quelqu'un décède, on pousse son adjoint qui le remplace », il signale en l'occurrence "un vide juridique", qui impose une remise à zéro des compteurs.
Il dit : « Le Comité central me parait être l'organe le plus indiqué pour tenir un débat franc, loyal, ouvert et contradictoire entre les camarades pour nous mettre d'accord sur le profil des personnes qui doivent être appelées à nous conduire dans les 4 ou 5 prochaines années. Si nous nous mettons d'accord sur nos orientations stratégiques et sur le profil de ces personnes, je crois que tout le reste ne relèvera plus que de la pratique. »
L'avocat socialiste rappelle que même s'il y a des secrétaires généraux adjoints à savoir Aminata Mbengue Ndiaye, Cheikh Birahim Diagne de Sakal et Abdoukhadre Cissokho de Tamba, il n'y a rien qui puisse permettre d'établir une hiérarchie entre eux.
Cette position est appuyée par le constitutionnaliste, Mouhamadou Ngouda Mboup qui parle de "succession collégiale". "Les textes du parti ne parlent pas d'intérim, mais de suppléance, précise le juriste. L'intérim et la suppléance ne permettent pas de déterminer qui doit le remplacer."
Mboup croit savoir que « les textes du Ps ne sont pas clairs ». Qu' « en réalité, il y a une situation qui n'est pas prévue : c'est la notion de vacance, et c'est cette situation qui existe. C'est la démission ou le décès ou toute autre cause. On peut le mettre dans le cadre de l'empêchement définitif ».
« Pour autant, souligne le constitutionnaliste, pour ce qui concerne son remplacement ou sa suppléance (du secrétaire général), les textes précisent que c'est une suppléance collégiale, dans la mesure où ce sont les textes du parti qui disent que les fonctions exercées par les secrétaires ne sont pas hiérarchisées. »
La jeunesse socialiste acquiesce. Sur sa page Facebook, Abdoulaye Gallo Diao décoche ses flèches contre le chargé des élections : « Serigne Mbaye Thiam doit arrêter de mentir. Aucune disposition des textes du Ps ne permet à Aminata Mbengue Ndiaye d'assurer l'intérim. »
La main de Macky ?
En tout état de cause, Ousmane Tanor Dieng laisse derrière lui un parti qui s'avance vers de vives tensions internes. Lesquelles ont commencé avant la disparition de Tanor Dieng. On se rappelle d'ailleurs le départ fracassant du porte-parole adjoint, Me Moussa Bocar Thiam, au lendemain de l'évacuation d'OTD pour raisons de santé.
Cette décision inattendue de ce responsable, pourtant étiqueté "Tanor-Boy", de rejoindre l'Apr, allié du Ps, renseigne, si besoin en était encore, sur la profondeur des divergences, sur fond de chocs d'ambitions personnelles, qui couvent au Ps. Et la fronde entamée par le jeune socialiste Abdoulaye Gallo Diao et l'union départementale du Ps de Kaolack au mois de mai dernier n'est pas pour arranger les choses.
Il n'est exagéré de dire que le congrès extraordinaire qui devra permettre de désigner le successeur du défunt secrétaire général du Ps s'annonce explosif. Il risque de fragiliser davantage le parti et de menacer la stabilité de Benno bokk yakaar. Aminata Mbengue Ndiaye et Serigne Mbaye Thiam, qui pourraient légitimement briguer le poste de secrétaire général, sont très contestés ces derniers temps. Leur reconduction dans l'attelage gouvernemental- Macky II-, est pour nombre de responsables socialistes qui espéraient un turn-over, une pullule difficile à avaler.
Il faut aussi noter que ces deux ministres socialistes avec lesquels Macky Sall ne compte pas rompre, représentent les deux cartes que le leader de l'Apr- qui n'a pas intérêt à ce que le Ps tombe dans l'escarcelle de Khalifa Sall- abattra à coup sûr lors du choix du successeur de Tanor. Ceci, pour garder le Ps, du moins ce qui en reste, dans le giron de Benno.
La redoutable bête politique en chef de l'Apr n'en est pas à son coup d'essai. En effet, il avait réussi la prouesse de saper l'unité de Taxaawu Dakar en parrainant la candidature de hauts membres de ladite coalition contre Soham Wardini pour le remplacement de Khalifa Sal à la tête de la mairie de Dakar. Comme il l'avait fait en 2013 avec les deux ministres de Rewmi : Pape Diouf et Oumar Guèye. D'après certains observateurs, Macky Sall n'hésitera pas à rééditer le coup pour arriver à ses fins.
« Dernière volonté de Tanor »
Mais, ce sera sans compter avec la détermination de certains socialistes résolus à matérialiser la dernière volonté de Tanor Dieng qui est de voir les socialistes « de cœur et de conviction » retrouver la maison mère. Jadis réfractaire à cette idée de retrouvailles socialistes, Abdoulaye Gallo Diao, qui ne ratait jamais une occasion de tirer sur ses anciens camarades de parti (Khalifa Sall et Cie), a opéré un virage à 180 degrés. Sa conviction est que « les retrouvailles socialistes sont une nécessité vitale ».
Son avis est partagé dans les plus hautes strates du parti. Serigne Mbaye Thiam abonde dans le même sens. Selon lui, le Parti socialiste a le devoir historique de "s'unir ou (va) périr". « Je pense que nous trouverons les ressources nécessaires en nous pour nous unir, pronostique-t-il. C'est ce qu'Ousmane Tanor Dieng essayait de faire pendant tout le temps qu'il était là, c'est notre responsabilité de le faire. Nous lui devons cela, de transcender nos egos personnels, de nous retrouver collectivement ensemble, de savoir que c'est ensemble que nous pouvons rassembler le parti. »
Du côté des Khalifistes aussi, on est dans les mêmes dispositions. Aba Mbaye, un des plus radicaux des pro-Khalifa Sall, suggère une introspection : « Notre défi en tant que socialiste, c'est de nous demander comment on a pu accepter que la génération de Khalifa, Aminata Mbengue Ndiaye, Serigne Mbaye Thiam, qui a quarante ans de compagnonnage, se disloque ? »
Il s'empresse d'ajouter : « Notre devoir, c'est de nous départir de nos rancœurs et colère malgré l'emprisonnement de Khalifa Sall, pour nous retrouver autour de l'essentiel : l'avenir du Ps. »
Pour les Khalifistes, il n'est plus question que le scénario de la présidentielle de 2019 se reproduise : deux camps du Ps soutenant deux purs produits de Wade et du libéralisme (Idy pour Khalifa Sall et Macky pour Tanor et le Ps).
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