"Depuis 1974, date de sa création jusqu’à ce jour, le Parti Démocratique Sénégalais est au cœur des combats pour la démocratie et l’élargissement des espaces de liberté. Il en a payé le prix fort. Me Abdoulaye Wade, secrétaire général national du parti, a dans ce combat, payé de sa famille, de sa santé, de son patrimoine, mais surtout de sa liberté tant les assauts des partisans de l’immobilisme, réfractaires au changement, étaient cruels. D’autres militants et responsables continuent de subir le même sort.
Mais constant dans son combat, notre parti n’a jamais renoncé à ses choix ou cédé à la tentation du découragement, faisant preuve d’audace, de détermination et d’endurance. Le secrétaire général national, le frère Abdoulaye Wade, portant haut le flambeau du combat pour la liberté et cristallisant notre ferme volonté d’obtenir la confiance de notre peuple, est élu démocratiquement président de la République en 2000. La première alternance démocratique est ainsi réalisée. Douze ans après, notre parti a perdu le pouvoir pour une deuxième alternance démocratique. Aux Yeux du monde entier, notre pays est entré de plain-pied dans la catégorie des États de démocratie avancée.
Contre toute attente, les nouveaux vainqueurs, décidant de réduire notre parti à sa plus simple expression, ont exercé une incroyable et inadmissible pression sur notre appareil, nos dirigeants et nos militants pour tenter de casser la nouvelle dynamique ainsi enclenchée dont nul ne doutait de sa pertinence à nous assurer la reconquête du pouvoir. Malgré toutes les agressions, les arrestations et les emprisonnements de ses responsables et militants, le PDS, qui s'était choisi un candidat, en la personne de Karim Wade, est toujours resté porteur d’une ambition dans laquelle s’est retrouvée une large majorité de citoyens manifestement disposés et prêts à accompagner notre projet de reconquête du pouvoir.
Notre candidat, le frère Karim Wade, après avoir dit, écrit et annoncé aux Sénégalais qu’il mettrait un terme à son exil et viendrait affronter le président candidat, a malheureusement choisi le confort de Doha au détriment des espérances d'un peuple en quête de délivrance. Pourtant notre parti, ses dirigeants, ses militants et sympathisants ainsi que les citoyens s’étaient organisés, mobilisés et avaient tous pris la ferme décision de venir, par centaines de milliers, peut-être des millions, à pied, en voitures, en motos, en camions et même en charrettes ou à dos d’ânes, accueillir leur candidat Karim Wade. Ferme était également la volonté de se constituer en bouclier hermétique et de le protéger de toute tentative de l’écarter du scrutin par des artifices juridiques ou de l’emprisonner. Que de tournées organisées sur toute l’étendue du territoire et qui ont suscité un exceptionnel enthousiasme chez les Sénégalais qui se sont mis à espérer une nouvelle alternance pour parachever enfin l’œuvre entreprise par le président Abdoulaye Wade ! Ce faux bond, que rien n’est venu justifier ou expliquer jusqu’à présent, a surpris et déçu des millions de compatriotes et altéré la confiance que tout un peuple avait placée en notre parti et en notre candidat.
Avec ce faux bond, suivi d’un mot d’ordre de boycott actif de l’élection présidentielle, en l’absence du candidat et sans réunion d’aucune instance du parti, la désorientation et la confusion ont fini par s’installer dans nos rangs, laissant ainsi les militants et les électeurs dans un écart entre une attente particulièrement forte et un résultat finalement décevant. Toutes choses qui ont brouillé les cartes et favorisé le candidat sortant Macky Sall. La clairvoyance politique veut donc, après de telles péripéties, qu’on s’arrête un moment et qu’on laisse les instances du parti se réunir pour susciter le débat interne et passer l’option du boycott de l’élection présidentielle au bilan critique. En lieu et place, notre candidat, profitant de son paravent paternel, s’est évertué à obtenir du frère secrétaire général national une batterie de mesures ayant abouti à un remaniement du secrétariat national qui écarte littéralement les principaux responsables légitimes sans aucun débat à l’interne. L’objectif est de soumettre l’appareil du parti en mettant aux commandes ses partisans karimistes issus des mouvements de soutien.
Le PDS, qui est et restera un parti libéral social et démocratique, ne peut souffrir l’absence de débats avec une direction unilatérale prenant des décisions en dehors de ses instances régulières. Autant une place prépondérante est accordée au secrétaire général national, autant les instances, notamment les fédérations et le bureau politique, ont des compétences statutaires qui ne peuvent être déléguées à aucun dirigeant. (Cf Articles 20 et 21 des statuts).
En dehors du bureau politique, et entre deux congrès, contrairement à ce qui a été écrit, aucune autre instance ou aucun dirigeant ne peut modifier les statuts du parti (Cf. Article 32 desdits statuts). Or les dernières décisions portant remaniement et mise en place d’un nouveau secrétariat font litière de la réglementation du parti dont elles violent les statuts en créant un collège de secrétaires généraux adjoints et des secrétaires nationaux qui, aux allures d’un miroir aux alouettes, n'existent que dans l'esprit des putschistes. Une telle violation pourrait être annulée par voie de justice.
Un parti démocratique, composé de femmes et d’hommes libres, ayant souverainement consenti d’y adhérer, ne peut admettre des violations si flagrantes de sa charte fondamentale pour faire plaisir à un homme qui a tant manqué à ses devoirs. Le moment est venu pour les militants et les responsables du Parti Démocratique Sénégalais d’exprimer leur attachement à l’idéologie libérale, sociale et démocratique dans la perspective d’assurer l’indépendance et l’unité nationales, libérer les énergies et donner à notre pays la place que lui assignent le travail et le mérite de ses enfants. C’est aussi le moment de transformer notre grand parti, si poussif aujourd’hui, pour qu’il devienne ce qu’il n’aurait jamais cessé d’être, c’est-à-dire une alternative formidable, un outil pour éduquer aux valeurs libérales, sociales et démocratiques pour créer un espace où les idées s’affrontent librement sans aucune entrave liée à la famille, au clan ou aux amis et assurer à notre peuple une libération par le travail et la réussite par le développement. Nous devons assurément refonder notre parti pour qu’il devienne à nouveau cet outil.
Les signataires du présent appel invitent les militants, les responsables, les sympathisants ainsi que tous ceux qui croient au libéralisme social et démocratique, quels que soient leurs choix lors de la dernière élection présidentielle, à nous rejoindre pour défendre la liberté et ouvrir à notre peuple le chemin de l’audace, de l’indépendance et du développement. Ils appellent à s’organiser d’ores et déjà, dans tous les départements, les communes, les quartiers et les villages, dans les fédérations, les sections et les secteurs et au niveau de la diaspora pour la défense et la refondation du Parti Démocratique Sénégalais en ravivant les valeurs d’un compagnonnage sincère."