L’économiste Demba Moussa Dembélé estime que «l’accord d’Abidjan est en contradiction avec la décision du 29 juin 2019, des chefs d’Etat de la Cedeao, qui avaient adopté le nom ECO ainsi que les mesures devant valoir cette décision à savoir que la future Banque centrale serait de type fédéral, le régime de change retenu serait flexible, avec un ciblage de l’inflation globale, comme cadre de politique monétaire», a-t-il dit. Tout en laissant entendre : «L’annonce de Ouattara ne nous surprend guère. Nous l’avions envisagé comme l’un des scénarios possibles, lors du «samedi de l’économie» du 14 décembre, consacré à ce sujet…
Après son entretien avec ce dernier, le 9 juillet dernier, il avait déclaré ceci : «A terme, le franc CFA s’appellera l’ECO». Pour souligner sa volonté d’écarter les pays non-CFA, il ajoutait : «Il faudrait que les critères de convergence soient atteints par tous les pays avant d’y aller». Pour aller au bout de sa pensée, Ouattara disait que la parité fixe avec l’Euro ne «changerait pas dans l’immédiat» avec l’entrée en vigueur de l’Eco…
DES REFORMES COSMETIQUES
Le président français, Emmanuel Macron, a parlé d’accord «historique», sans doute pour impressionner les naïfs et fourvoyer l’opinion publique française. Il n’y a absolument rien «d’historique» dans l’accord Ouattara-Macron. La plupart des mesures annoncées avaient été proposées par Dominique Strauss-Kahn, ancien Directeur général du FMI, dans un papier publié en avril 2018. Aussi bien le changement de nom, que le transfert des réserves du Trésor français vers une autre destination ou encore le remplacement des représentants français dans les instances de la Bceao.
Le but est de couper l’herbe sous les pieds des critiques, en éliminant les symboles, qui fâchent sans toucher au fond du problème. Car si le taux de change reste fixe, alors la Bceao continuera à mener les mêmes politiques monétaires, avec comme priorité la lutte contre l’inflation, comme le stipulent ses Statuts de 2010. En outre, la libre transférabilité des capitaux entre les pays africains et la France sera maintenue. Quant au transfert des réserves de change des pays de l’UEMOA vers un autre pays, cela changera quoi pour les pays africains ? Et si la France joue le « rôle de garant », quelle sera la marge de manœuvre des pays africains ?
POURQUOI LES PAYS DE L’UEMOA SEULEMENT ?
Démontant les arguments du président en exercice de la Conférence des chefs d’Etats et gouvernements de l’Uemoa, l’économiste Demba Moussa Dembélé dira : Alassane Ouattara, le président la République de la Côte d’Ivoire, fait croire que ces pays remplissent tous les critères de convergence de premier rang. Lesquels critères qui se composent comme suit : Maintien d’un taux d’inflation inférieur à 10%; avoir un ratio du déficit budgétaire de l’Etat (hors dons) par rapport au PIB inférieur ou égal à 3%; respecter la limite maximale de 10% des recettes fiscales de l’année précédente pour le financement du déficit budgétaire par la Banque centrale ; maintenir un niveau de réserves de change couvrant au moins 3 mois d’importations».
A l’en croire : «Si le taux d’inflation et le financement par la Banque centrale sont respectés- malgré eux- par les pays de l’UEMOA, il n’en est pas nécessairement de même pour les deux autres critères. Par exemple, pour le déficit budgétaire, à part la Côte d’Ivoire, aucun des autres pays de l’UEMOA ne le respecte. En 2018, le Sénégal était à un déficit de 3,7% et en 2019, il serait de 3,8%. Le Bénin, le Burkina et le Mali avaient des déficits avoisinant 5% en 2018, tandis que celui du Niger s’approchait des 6%, selon les données de l’Annuaire statistique 2019 de la BAD et de la CEA. La Guinée fait mieux que tous ces pays, sauf la Côte d’Ivoire». Dembélé de s’interroger : «Est-ce que tous les pays de l’Uemoa partagent la position de Ouattara ? On est en droit de se poser cette question, vu le point de vue exprimé par le président nigérien Issoufou, dans une interview à Jeune Afrique, le 14 août 2019, dans laquelle il disait : Soyons clairs.
La création de l’Eco signifie la sortie du franc CFA. Cette monnaie sera liée à un panier de monnaies, constitué des principales devises : euro, dollar, yuan… avec lesquelles nous commerçons. Ce ne sera donc pas le CFA sous un autre nom, ainsi que je l’entends parfois. Ce ne sera pas non plus une réforme contre la France, mais une réforme pour le développement de l’Afrique de l’Ouest, pour les investissements, pour la création d’emplois sur le continent et donc dans l’intérêt de tous». Il fera noter que «toutes ces décisions ont été prises à l’unanimité des 15 États membres de la Cedeao, francophones et anglophones.»
Sud Quotidien
Après son entretien avec ce dernier, le 9 juillet dernier, il avait déclaré ceci : «A terme, le franc CFA s’appellera l’ECO». Pour souligner sa volonté d’écarter les pays non-CFA, il ajoutait : «Il faudrait que les critères de convergence soient atteints par tous les pays avant d’y aller». Pour aller au bout de sa pensée, Ouattara disait que la parité fixe avec l’Euro ne «changerait pas dans l’immédiat» avec l’entrée en vigueur de l’Eco…
DES REFORMES COSMETIQUES
Le président français, Emmanuel Macron, a parlé d’accord «historique», sans doute pour impressionner les naïfs et fourvoyer l’opinion publique française. Il n’y a absolument rien «d’historique» dans l’accord Ouattara-Macron. La plupart des mesures annoncées avaient été proposées par Dominique Strauss-Kahn, ancien Directeur général du FMI, dans un papier publié en avril 2018. Aussi bien le changement de nom, que le transfert des réserves du Trésor français vers une autre destination ou encore le remplacement des représentants français dans les instances de la Bceao.
Le but est de couper l’herbe sous les pieds des critiques, en éliminant les symboles, qui fâchent sans toucher au fond du problème. Car si le taux de change reste fixe, alors la Bceao continuera à mener les mêmes politiques monétaires, avec comme priorité la lutte contre l’inflation, comme le stipulent ses Statuts de 2010. En outre, la libre transférabilité des capitaux entre les pays africains et la France sera maintenue. Quant au transfert des réserves de change des pays de l’UEMOA vers un autre pays, cela changera quoi pour les pays africains ? Et si la France joue le « rôle de garant », quelle sera la marge de manœuvre des pays africains ?
POURQUOI LES PAYS DE L’UEMOA SEULEMENT ?
Démontant les arguments du président en exercice de la Conférence des chefs d’Etats et gouvernements de l’Uemoa, l’économiste Demba Moussa Dembélé dira : Alassane Ouattara, le président la République de la Côte d’Ivoire, fait croire que ces pays remplissent tous les critères de convergence de premier rang. Lesquels critères qui se composent comme suit : Maintien d’un taux d’inflation inférieur à 10%; avoir un ratio du déficit budgétaire de l’Etat (hors dons) par rapport au PIB inférieur ou égal à 3%; respecter la limite maximale de 10% des recettes fiscales de l’année précédente pour le financement du déficit budgétaire par la Banque centrale ; maintenir un niveau de réserves de change couvrant au moins 3 mois d’importations».
A l’en croire : «Si le taux d’inflation et le financement par la Banque centrale sont respectés- malgré eux- par les pays de l’UEMOA, il n’en est pas nécessairement de même pour les deux autres critères. Par exemple, pour le déficit budgétaire, à part la Côte d’Ivoire, aucun des autres pays de l’UEMOA ne le respecte. En 2018, le Sénégal était à un déficit de 3,7% et en 2019, il serait de 3,8%. Le Bénin, le Burkina et le Mali avaient des déficits avoisinant 5% en 2018, tandis que celui du Niger s’approchait des 6%, selon les données de l’Annuaire statistique 2019 de la BAD et de la CEA. La Guinée fait mieux que tous ces pays, sauf la Côte d’Ivoire». Dembélé de s’interroger : «Est-ce que tous les pays de l’Uemoa partagent la position de Ouattara ? On est en droit de se poser cette question, vu le point de vue exprimé par le président nigérien Issoufou, dans une interview à Jeune Afrique, le 14 août 2019, dans laquelle il disait : Soyons clairs.
La création de l’Eco signifie la sortie du franc CFA. Cette monnaie sera liée à un panier de monnaies, constitué des principales devises : euro, dollar, yuan… avec lesquelles nous commerçons. Ce ne sera donc pas le CFA sous un autre nom, ainsi que je l’entends parfois. Ce ne sera pas non plus une réforme contre la France, mais une réforme pour le développement de l’Afrique de l’Ouest, pour les investissements, pour la création d’emplois sur le continent et donc dans l’intérêt de tous». Il fera noter que «toutes ces décisions ont été prises à l’unanimité des 15 États membres de la Cedeao, francophones et anglophones.»
Sud Quotidien