Opération de charme : Macky et Tanor caressent Abdoulaye Wade

POLITIQUE
Mardi 28 Aout 2018

En moins d’une semaine, les deux principales personnalités de la coalition Benno Bokk Yaakaar ont chanté comme jamais auparavant les louanges du Pape du Sopi.  

En moins d’une semaine, les deux principales personnalités de la coalition Benno Bokk Yaakaar ont chanté comme jamais auparavant les louanges du Pape du Sopi. Ousmane Tanor Dieng s’émerveille devant les «qualités d’homme politique» de Wade, quant au président Macky Sall il interdit à ses troupes de dire du mal de lui.
Ce n’est pas coutume, au contraire, c’est très rare pour être signalé. Depuis quelque temps, la mouvance présidentielle est dans une dynamique de caresser l’ancien président Abdoulaye Wade dans le sens du poil. Macky Sall et ses alliés de la mouvance présidentielle sont dans une campagne sans précédente de séduction vis-à-vis de leur principal adversaire. 

En effet, en moins d’une semaine, les deux principales personnalités de la coalition Benno Bokk Yaakaar, comme si elles s’étaient passé le mot, ont tenu des propos dithyrambiques envers le Pape du Sopi. Ils ont chanté comme jamais auparavant les louanges du Pape du Sopi, après l’avoir voué aux gémonies durant neuf ans. Ainsi, subitement, Wade est passé à leurs yeux de démon à ange. Le président Macky Sall qui promettait de réduire à sa plus expression l’opposition incarnée par le Pds et son fondateur Abdoulaye Wade jure qu’il ne dira jamais du mal, selon le journal Libération, réputé très proche du pouvoir.
 «On ne m’a jamais entendu, ni en public ni en privé, dire du mal de Wade. Et je ne le ferai jamais. Nous avons cheminé ensemble (avec Wade), yalla moko yémalé fimou warona yame (Dieu a mis fin au compagnonnage, en wolof). Mais je suis sûr que nous nous retrouverons tous un jour car nous sommes issus de la même famille politique», aurait déclaré le président Macky Sall. Le chef de l’Etat aurait tenu ses propos lors d’une audience qu’il avait accordée à Pape Samba Mboup, Souleymane Ndéné Ndiaye et d’autres anciens dignitaires libéraux regroupés autour du Rassemblement pour la pérennisation du libéralisme (Rapel) et qui ont décidé de le soutenir en 2019. Une manière certainement pour lui de dissuader ces derniers de tenir des propos déplacés à son encontre.
«Abdoulaye Wade est une bête politique; c’est un grand stratège, patient et endurant. Il a atteint ses objectifs grâce à ses qualités d’homme. Il n’est pas n’importe qui», s’émerveille de son côté Ousmane Tanor Dieng. Mieux, le patron du PS, qui s’est toujours dit allergique au tombeur des socialistes, est maintenant dans une posture de béatification du Pape du Sopi. 

En effet, le secrétaire général du Ps retient désormais de Wade sa «générosité et son sens de la mesure». Qui dit mieux ?  «Abdoulaye Wade est un homme d’une grande générosité, cela il faut le lui reconnaître», poursuit Ousmane Tanor Dieng. Un manège assimilable à un leurre d’été? Benno aurait-il rangé les couteaux et tenterait d’amadouer Abdoulaye Wade ?
Quoi qu’il en soit, ce concert de louanges aussi inattendues que surprenantes, si l’on connaît les relations tendues entre Wade et ses deux hommes interviennent alors que le Pds a décidé de boycotter la rencontre prévue ce lundi entre la direction générale des élections et les partis politiques désireux de présenter des candidats à l’élection présidentielle de février 2019.
Les libéraux ne cessent d’accuser le président Macky Sall d’avoir fait emprisonner, condamner et exiler de force Karim Wade, le candidat déclaré du PDS. Et maintenant, il chercherait à le priver de la prochaine présidentielle.  D’ailleurs, le Pds voit la main du chef de l’Etat derrière la radiation de Wade-fils des listes électorales. 

On le voit, le secrétaire général du PS a beaucoup de considération envers l’éternel rival du PS, mais on ne peut pas dire autant avec Khalifa Sall, son camarade ou ex camarade de parti, c’est selon. En effet, interrogé sur la candidature du maire socialiste de Dakar, il assène ses vérités. 

«Nous ne nous occupons pas de ce qu’ils sont en train de faire. C’est leur affaire et pas la nôtre, ça ne nous regarde pas. Ils ont le droit de se coaliser avec qui ils veulent», martèle-t-il, avant d’ajouter : «Ce sont les gens pour qui vous avez tout ou presque tout fait qui sont les premiers à vous poignarder dans le dos».