Les faits se sont produits le 6 avril dernier. Nusrat Jahan Rafi devait passer ses examens dans l’école coranique où elle étudiait. Selon le témoignage délivré par la jeune femme, une camarade l’aurait emmenée sur le toit prétextant qu’une de ses amies était en train d’être battue, nous rapporte ainsi la BBC.
Lorsqu’elle est arrivée sur le toit, plusieurs personnes, vêtues de burqas, l’auraient entourée et auraient fait pression sur elle, afin qu’elle retire la plainte qu’elle avait déposée contre le directeur de l’établissement. Elle accusait l’homme de l’avoir agressée sexuellement après l’avoir convoquée dans son bureau.
«Je me battrai jusqu’à mon dernier souffle»
Ses agresseurs, constatant qu’elle refusait de se rétracter, ont alors décidé de l’asperger de kérosène et de lui mettre le feu. Les enquêteurs ont indiqué qu’ils avaient tenté de maquiller l’agression en suicide, sans succès puisque Nusrat Jahan Rafi a été prise en charge, et a pu donner sa version des faits avant de décéder.
“Le professeur m’a agressée, je me battrai jusqu’à mon dernier souffle”, a-t-elle ainsi soutenue dans un enregistrement audio sur le portable de son frère, alors que l’ambulance la transportait jusqu’à l’hôpital. Depuis qu’elle avait déposé plainte fin mars, la jeune femme était la cible de menaces répétées.
L’annonce de son décès a provoqué une onde de choc, d’autant plus que sa plainte avait été filmée par l’officier de police qui l’avait prise en charge. Dans la vidéo diffusée par les médias locaux par la suite, on entend l’officier de police assurer que les faits ne sont “pas graves”.
Des manifestations pour obtenir justice
De nombreuses personnes sont venues assister à ses funérailles à Feni, ville dont elle était originaire. Le 14 avril dernier, des étudiants ont formé une chaîne humaine afin de demander justice. Plusieurs manifestations ont également eu lieu dans la capitale Dacca, ces derniers jours.
“Le meurtre horrible d’une jeune femme courageuse qui demandait la justice reflète la faiblesse du soutien apporté par le gouvernement bangladais aux victimes d’agressions sexuelles”, a déclaré la directrice pour l’Asie du Sud de Human Rights Watch, dans un communiqué.
À ce jour, quinze personnes ont été arrêtées par les autorités dans l’enquête sur la mort de Nusrat Jahan Rafi, indique le Dhaka Tribune.