Nous, hommes de média, sommes moralement coupables. L’émotion passée, la rationalité nous astreint à la responsabilité. Continuer d’accabler Ndella Madior Diouf, aujourd’hui placée sous mandat de dépôt, revient à tirer sur une ambulance.
Elle a déjà fort à faire avec tous les chefs d’accusation qui pèse sur elle : traite de personne, exercice illégal de la fonction de médecin, privation d’aliments ou de soins ayant entrainé la mort sans intention de la donner, mise en danger de la vie d’autrui, non-assistance à personne en danger et obtention indue de certificats aux fins d’inhumation.
L’affaire est cruelle parce qu’elle concerne les enfants, une couche vulnérable. Mais tirer à boulets rouges sur cette dame est un ignoble raccourci qui fait fi de la responsabilité indéniable de l’Etat et des média qui, eux aussi, ont la leur. Nous avons insidieusement participé à la légitimation de son maléfique business. Ndella Madior Diouf était régulière sur nos plateaux de télévision, de radio et de site internet. Nous nous délectâmes de ses sorties abjectes, parfois très limites sur des sujets moraux.
Cette indélicatesse à longueur d’émissions aurait dû nous alerter sur sa soudaine reconversion en « maman des orphelins ». Au contraire, nous avons participé à son projet cupide et à la publicité mensongère de « Keur Yeurmandé ». Des enfants en sont morts.
Nous n’avons pas pris le minimum de distance réflexive sur le subit intérêt de Ndella Madior Diouf pour les enfants. Nous avons naïvement cru à la bonté naturelle de l’homme et à la propension naturelle des femmes à être maternelle, sans se dire que tout le monde n’est pas animé de bonnes intentions.
Nous nous sommes trompés de bonne foi, peut-être, mais cet évènement devrait nous servir de leçon. S’interroger davantage sur le profil des personnes à qui nous tendons fréquemment nos micros sur des sujets d’enjeux majeurs est une question de fond. Sont-elles plus légitimes ? Plus expertes ? Qu’apporte-t-elle comme valeur ajoutée au débat ? etc. Car, donner systématiquement la parole à une personne, c’est accréditer sa pensée et donner foi à son action.
Cependant, il faut admettre que l’exercice est difficile. Les organes de presse n’ont plus le quasi-monopole de l’expression publique parce que internet et les média sociaux ont tout chamboulé, mais attention : la confusion actuelle entre leurs différents rôles nourrit l’indistinction. Or, le cœur de notre action est d’apporter de la précision, de la clarté et de de dissocier la vérité de la propagande.
Pour que la confiance envers les journalistes soit restaurée, nous avons l’obligation de rebâtir notre rigueur et notre crédibilité pour ne plus être trompés ni par Ndella Madior Diouf, ni par quiconque, à l’heure des assises nationales de presse.
Cherif Diop
Journaliste citoyen sénégalais
Elle a déjà fort à faire avec tous les chefs d’accusation qui pèse sur elle : traite de personne, exercice illégal de la fonction de médecin, privation d’aliments ou de soins ayant entrainé la mort sans intention de la donner, mise en danger de la vie d’autrui, non-assistance à personne en danger et obtention indue de certificats aux fins d’inhumation.
L’affaire est cruelle parce qu’elle concerne les enfants, une couche vulnérable. Mais tirer à boulets rouges sur cette dame est un ignoble raccourci qui fait fi de la responsabilité indéniable de l’Etat et des média qui, eux aussi, ont la leur. Nous avons insidieusement participé à la légitimation de son maléfique business. Ndella Madior Diouf était régulière sur nos plateaux de télévision, de radio et de site internet. Nous nous délectâmes de ses sorties abjectes, parfois très limites sur des sujets moraux.
Cette indélicatesse à longueur d’émissions aurait dû nous alerter sur sa soudaine reconversion en « maman des orphelins ». Au contraire, nous avons participé à son projet cupide et à la publicité mensongère de « Keur Yeurmandé ». Des enfants en sont morts.
Nous n’avons pas pris le minimum de distance réflexive sur le subit intérêt de Ndella Madior Diouf pour les enfants. Nous avons naïvement cru à la bonté naturelle de l’homme et à la propension naturelle des femmes à être maternelle, sans se dire que tout le monde n’est pas animé de bonnes intentions.
Nous nous sommes trompés de bonne foi, peut-être, mais cet évènement devrait nous servir de leçon. S’interroger davantage sur le profil des personnes à qui nous tendons fréquemment nos micros sur des sujets d’enjeux majeurs est une question de fond. Sont-elles plus légitimes ? Plus expertes ? Qu’apporte-t-elle comme valeur ajoutée au débat ? etc. Car, donner systématiquement la parole à une personne, c’est accréditer sa pensée et donner foi à son action.
Cependant, il faut admettre que l’exercice est difficile. Les organes de presse n’ont plus le quasi-monopole de l’expression publique parce que internet et les média sociaux ont tout chamboulé, mais attention : la confusion actuelle entre leurs différents rôles nourrit l’indistinction. Or, le cœur de notre action est d’apporter de la précision, de la clarté et de de dissocier la vérité de la propagande.
Pour que la confiance envers les journalistes soit restaurée, nous avons l’obligation de rebâtir notre rigueur et notre crédibilité pour ne plus être trompés ni par Ndella Madior Diouf, ni par quiconque, à l’heure des assises nationales de presse.
Cherif Diop
Journaliste citoyen sénégalais