Mohamed Ould Abdelaziz, président mauritanien
C’est un président véritablement agacé qui a reçu, mercredi, un groupe de journalistes pour évoquer la suite des événements après le rejet, vendredi 17 mars 2017, par le Sénat des amendements proposés par lui.
Le président Aziz qui a gouverné avec les mêmes sénateurs ne peut s’empêcher de parler de leur «illégitimité». La couleur était annoncée. Ces propos (L'Etat, c'est moi) attribués à Louis XIV devant les parlementaires de Paris auraient pu résumer la rencontre du président Mohamed Ould Abdelaziz avec les journalistes.
Une énième rencontre avec les médias qui tranche avec les précédentes. Tout le personnel politique favorable au président –beaucoup de partis cartables- et même la première dame du pays sont aux premières loges essentiellement pour applaudir le président.
Sénaterloo
Bien habillé, costume clair et cravate dans le vent, le président Aziz aurait pu dégager une bonne image de lui. Mais la circonstance est solennelle et le président ne peut cacher son humeur contrariée par «33 sénateurs qui prennent un otage un pays». Il est d’autant plus énervé qu’il sait pertinemment que des constitutionnalistes l’avaient précédé sur le terrain, anticipant ainsi l’interprétation ourdie de l’article 38 de la Constitution.
Mais visiblement le président n’a pas encore digéré la bataille du Sénat et son échec. « L’article 38 permet de faire toutes les révisions constitutionnelles sans passer par les deux chambres » affirme alors le président sans ambages prenant à témoin des constitutionnalistes « indépendants» qu’il aurait consultés pour lui frayer le chemin dudit article et ainsi aller à son référendum.
Toute la bataille est là. Mais certains journalistes se montrent insistants et demandent au président et en cas de revers au référendum ? «Je ne suis pas fait pour la défaite » lance le président écartant au passage toute possibilité pour le conseil constitutionnel de se pencher sur la licéité de sa démarche. Mais cela parait même normal dans la logique suivie par le président tout au long de la conférence. Un président désarçonné par le vote des sénateurs et qui tente de se réaffirmer, de rasseoir son pouvoir chancelant et sachant qu’un énorme ressort à céder ce vendredi.
En filigrane, le président affirme aux sénateurs que quoiqu’ils aient entrepris le référendum projeté consacrera la dissolution de leur chambre. C’est comme si les résultats du référendum étaient connus d’avance. Psychologiquement, le président est profondément atteint par cette déconvenue du sénat mais ne veut rien laisser transparaitre. Recherche vaine. Il accusera ces sénateurs d’illégitimes après avoir gouverné avec leurs lois toutes ces années durant.
Une attitude quelque peu machiavélique où le président ramène tout à sa personne. Les innombrables «Je » suffisent pour mesurer l’ampleur de cette tentative pour un président habitué à ce que son sérail lui obéisse sans coup férir. Ce n’est certainement pas une formule mais il y aura un après Vendredi 17 mars !
Interpelé sur ses intentions de sévir dans son camp, le président rappelle aux journalistes que «c’est moi qui nomme et c’est moi qui sanctionne. Cela ne regarde ni la presse, encore moins l’Opposition». Réponse bien chevaleresque pour l’hôte.
D’ailleurs, plus question de « mise en scène » de dialogue politique ironise le président Aziz qui s’enferme dans sa logique jusqu’au-boutiste. Il se suffit de son opposition « participationniste ». Celle qui est là. Qui somnole, se lasse et qui sursaute pour applaudir, sans savoir la teneur du propos.
Le président veut rassurer ceux qui le poussent dans ce raisonnement. D’un revers de la main, il affirmera qu’aucun dialogue politique ne sera étendu à l’Opposition «radicale », «extrémiste». L’Opposition traditionnelle paye ainsi pour la fronde des sénateurs de sa Majorité.
Fort de ses certitudes le président Aziz révèle que le coût du référendum était déjà budgétisé pour l’année 2017. Six milliards d’ouguiya qu’il aurait voulu dépenser – sans cette consultation référendaire- pour construire «des écoles, des postes de santé ». Le président veut se montrer généreux mais les journalistes l’interpellent encore sur la situation économique. Pour le président «on est dans le meilleur des mondes possibles ».
La preuve, la richesse serait saillante. La pauvreté l’est encore plus. Assurément, le président est aujourd’hui déconnecté de la réalité des populations. Mais il y a une chose qu’il sait profondément, l’endettement du pays que le Fmi et la BM décrivent comme devenu insoutenable devrait le ramener à diluer son satisfécit. Pour toute offre politique, le président qui de temps à autre riait d’un rire nerveux sait probablement plus que tous que cet optimisme béat est juste un leurre.
Prisonnier de ses propres prismes, déformés par un entourage glouton, le président Aziz n’a jamais semblé aussi peu sûr de lui que quand il assène que quoique le Peuple décidera au lendemain du référendum projeté qu’il ne démissionnera jamais…
Source : Mauriweb
Le président Aziz qui a gouverné avec les mêmes sénateurs ne peut s’empêcher de parler de leur «illégitimité». La couleur était annoncée. Ces propos (L'Etat, c'est moi) attribués à Louis XIV devant les parlementaires de Paris auraient pu résumer la rencontre du président Mohamed Ould Abdelaziz avec les journalistes.
Une énième rencontre avec les médias qui tranche avec les précédentes. Tout le personnel politique favorable au président –beaucoup de partis cartables- et même la première dame du pays sont aux premières loges essentiellement pour applaudir le président.
Sénaterloo
Bien habillé, costume clair et cravate dans le vent, le président Aziz aurait pu dégager une bonne image de lui. Mais la circonstance est solennelle et le président ne peut cacher son humeur contrariée par «33 sénateurs qui prennent un otage un pays». Il est d’autant plus énervé qu’il sait pertinemment que des constitutionnalistes l’avaient précédé sur le terrain, anticipant ainsi l’interprétation ourdie de l’article 38 de la Constitution.
Mais visiblement le président n’a pas encore digéré la bataille du Sénat et son échec. « L’article 38 permet de faire toutes les révisions constitutionnelles sans passer par les deux chambres » affirme alors le président sans ambages prenant à témoin des constitutionnalistes « indépendants» qu’il aurait consultés pour lui frayer le chemin dudit article et ainsi aller à son référendum.
Toute la bataille est là. Mais certains journalistes se montrent insistants et demandent au président et en cas de revers au référendum ? «Je ne suis pas fait pour la défaite » lance le président écartant au passage toute possibilité pour le conseil constitutionnel de se pencher sur la licéité de sa démarche. Mais cela parait même normal dans la logique suivie par le président tout au long de la conférence. Un président désarçonné par le vote des sénateurs et qui tente de se réaffirmer, de rasseoir son pouvoir chancelant et sachant qu’un énorme ressort à céder ce vendredi.
En filigrane, le président affirme aux sénateurs que quoiqu’ils aient entrepris le référendum projeté consacrera la dissolution de leur chambre. C’est comme si les résultats du référendum étaient connus d’avance. Psychologiquement, le président est profondément atteint par cette déconvenue du sénat mais ne veut rien laisser transparaitre. Recherche vaine. Il accusera ces sénateurs d’illégitimes après avoir gouverné avec leurs lois toutes ces années durant.
Une attitude quelque peu machiavélique où le président ramène tout à sa personne. Les innombrables «Je » suffisent pour mesurer l’ampleur de cette tentative pour un président habitué à ce que son sérail lui obéisse sans coup férir. Ce n’est certainement pas une formule mais il y aura un après Vendredi 17 mars !
Interpelé sur ses intentions de sévir dans son camp, le président rappelle aux journalistes que «c’est moi qui nomme et c’est moi qui sanctionne. Cela ne regarde ni la presse, encore moins l’Opposition». Réponse bien chevaleresque pour l’hôte.
D’ailleurs, plus question de « mise en scène » de dialogue politique ironise le président Aziz qui s’enferme dans sa logique jusqu’au-boutiste. Il se suffit de son opposition « participationniste ». Celle qui est là. Qui somnole, se lasse et qui sursaute pour applaudir, sans savoir la teneur du propos.
Le président veut rassurer ceux qui le poussent dans ce raisonnement. D’un revers de la main, il affirmera qu’aucun dialogue politique ne sera étendu à l’Opposition «radicale », «extrémiste». L’Opposition traditionnelle paye ainsi pour la fronde des sénateurs de sa Majorité.
Fort de ses certitudes le président Aziz révèle que le coût du référendum était déjà budgétisé pour l’année 2017. Six milliards d’ouguiya qu’il aurait voulu dépenser – sans cette consultation référendaire- pour construire «des écoles, des postes de santé ». Le président veut se montrer généreux mais les journalistes l’interpellent encore sur la situation économique. Pour le président «on est dans le meilleur des mondes possibles ».
La preuve, la richesse serait saillante. La pauvreté l’est encore plus. Assurément, le président est aujourd’hui déconnecté de la réalité des populations. Mais il y a une chose qu’il sait profondément, l’endettement du pays que le Fmi et la BM décrivent comme devenu insoutenable devrait le ramener à diluer son satisfécit. Pour toute offre politique, le président qui de temps à autre riait d’un rire nerveux sait probablement plus que tous que cet optimisme béat est juste un leurre.
Prisonnier de ses propres prismes, déformés par un entourage glouton, le président Aziz n’a jamais semblé aussi peu sûr de lui que quand il assène que quoique le Peuple décidera au lendemain du référendum projeté qu’il ne démissionnera jamais…
Source : Mauriweb