En ces temps de crise mondiale liée au Coronavirus, entre la France et le Maroc, il n’est pas du tout inapproprié de parler d’une véritable « distanciation diplomatique ». D’ailleurs, dans une interview accordée au mensuel casablancais Economie & Entreprises, la nouvelle ambassadrice française à Rabat, Hélène Le Gal, est tombée en panne sèche de vocabulaire. Ce qui dénote d’une profonde crise silencieuse entre les deux pays.
Lors de cet entretien fleuve, à aucun moment l’ambassadrice n’a évoqué les noms des deux chefs de l’Etat, marocain et français. Ce qui est peu habituel dans les annales diplomatiques. Il est de circonstance, quand un ambassadeur, en poste dans un pays donné, prenne la parole qu’il mentionne les relations entre les chefs d’Etats ou leurs rôles dans ces relations, quand bien même ces relations seraient froides ou ces rôles inexistants. Hélène Le Gal a estimé, en parlant des relations entre la France et le Maroc, que l’évocation de Mohammed VI et d’Emmanuel Macron n’était pas opportune.
Pis encore. Chose rare dans les relations diplomatiques entre pays réputés « alliés et proches », Hélène Le Gal, bientôt depuis 8 mois en poste à Rabat, n’a pu à aucun moment citer par leurs noms des responsables marocains avec lesquels elle était en contact, se contentant de leurs fonctions. Même Nasser Bourita, le ministre marocain avec lequel elle a normalement le plus d’échanges n’a pas trouvé grâce à ses yeux. Alors, simple méprise ou véritable mépris ? A en juger par les mots que la diplomate française a utilisés pour qualifier la coopération des autorités marocaines sur le dossier du rapatriement d’une vingtaine de milliers de ressortissants français et européens dans l’hexagone, nous sommes plus proches de la condescendance que d’une malheureuse erreur de formulation.
Pour Hélène Le Gal, apparemment peu inspirée, les relations avec ses interlocuteurs locaux sont tout juste « fluides » et « denses ». Il faut dire que le temps des relations franco-marocaines « amicales, chaleureuses et extraordinaires » est révolu…pour un moment.
Selon des sources bien informées à Rabat, les relations déjà tièdes entre la France et le Maroc ne pouvaient se réchauffer avec une diplomate qui a toujours vu dans le Maroc plus un concurrent menaçant qu’un partenaire amical en Afrique. Interrogée en off sur les attaques de la presse française contre le royaume, du temps où elle était conseillère Afrique de François Hollande, Hélène Le Gal avait répondu avec cynisme « c’est dans le panier des négociations ».
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