Ou le dialogue conjure la confrontation ou la confrontation provoque le dialogue. C’est ce que nous enseigne l’Histoire de l’Humanité. Il se trouve qu’aujourd’hui notre pays, le Sénégal, est à la croisée des chemins. Le mode démocratique et pacifique de dévolution du pouvoir, en cours depuis le consensus électoral de 1992 et qui avait assuré stabilité politique et paix civile à l’intérieur de nos frontières, ainsi que respect et considération à l’extérieur, est très rudement malmené. Le sabotage des élections législatives, planifié et exécuté en amont du référendum et achevé froidement le 30 juillet dernier grâce à une machine bien huilée, pilotée par le ministre de l’Intérieur chargé d’organiser les élections malgré les plus expresses réserves de l’Opposition, en est la principale raison.
Devant la clameur et l’indignation populaires, le Président de la République, encore une fois, appelle au dialogue. Cependant, aujourd’hui plus qu’hier, l’on a le sentiment que plus on parle de dialogue, plus on s’en éloigne, au point qu’il devient légitime de se poser la question de la finalité de cet exercice auquel se livrent les tenants du pouvoir. Tout d’abord quelques clarifications utiles :
Premièrement : Une rencontre entre un ministre de l’Intérieur et les partis politiques ne saurait être assimilée au dialogue politique. La rencontre que convoque le nouveau ministre de l’Intérieur où plusieurs centaines de personnes sont attendues représentant des organisations dont beaucoup sont une création du régime lui-même, n’a aucune portée constructive. Il est assigné à cette mise en scène deux objectifs essentiels : d’abord ancrer dans l’esprit des Sénégalais que la page des élections législatives est définitivement tournée, ce qui n’est pas le cas du côté de l’Opposition. Ensuite, sans avoir l’air d’y toucher, faire adouber le ministre de l’Intérieur comme l’organisateur des futures élections prévues en 2019. A l’époque où le consensus de 1992 était encore en vigueur, les rencontres entre le ministre de l’Intérieur et les partis politiques et la société civile (véritable) était une routine, qui était d’ailleurs rarement médiatisée. Les acteurs travaillaient normalement tout au long de l’année, selon des périodicités convenues, s’accordaient sur des points et divergeaient sur d’autres. Et lorsque des divergences surgissaient, le Président de la République les tranchait dans le sens du compromis dynamique, c’est-à-dire sans pencher du côté de son camp politique.
Deuxièmement : la notion de dialogue politique, apparue dans le champ politique à la suite de l’insurrection populaire de février-mars 1988 lorsque le principal opposant au Président sortant est arrêté et envoyé en prison dès la fermeture des bureaux de vote, va au-delà de rencontres routinières entre acteurs du processus électoral. Le dialogue politique est modéré par des personnalités consensuelles. En 1991-92, le juge Kéba Mbaye était à la tête d’une équipe d’éminentes personnalités, respectées pour leur science et pour leur indépendance d’esprit. Cette équipe, connue sous l’appellation de commission cellulaire, a conduit les travaux pendant des mois de discussions, parfois d’affrontements vigoureux mais toujours avec méthode et rigueur. Cette médiation avait de l’autorité, laquelle était tirée de la confiance dont elle bénéficiait de la part de toutes les parties prenantes. En fait, par-delà l’élaboration d’un nouveau système électoral remplaçant celui en cours sous le régime du parti unique, beaucoup de questions politiques fondamentales pour l’époque ont été abordées, comme la durée et la limitation des mandats du Président de la République, le vote des Sénégalais de l’extérieur, le vote des militaires, etc. Lorsque la mise à l’épreuve du nouveau système a révélé ses lacunes à la Présidentielle et aux Législatives de 1993 et aux Locales de 1996, et face aux pressions de l’Opposition, le Président de la République accepta un nouveau round de négociations entre le pouvoir et son opposition. La modération sera coordonnée par feu le Professeur Diaïté (qu’Allah swt l’accueille dans les jardins de Firdaws) et composée, ici aussi, d’éminentes personnalités consensuelles. Et les discussions aboutirent à la mise en place d’un organe de supervision des élections l’ONEL (Observatoire national des élections) qui a servi de véritable instrument de contrôle du travail du ministre de l’intérieur et, plus généralement, du travail de l’administration des élections. C’est sous cette loi électorale consensuelle que les Législatives de 1998 ont été organisées, tout comme la Présidentielle de février-mars 2000.
Après la première alternance, les concertations se sont poursuivies et ont permis de faire un pas supplémentaire dans la fiabilisation du processus électoral au Sénégal, avec l’avènement de la CENA (Commission électorale nationale autonome).
C’est cela que l’on appelle dialogue politique et non les foires d’empoigne que nous voyons de nos jours autour d’un ministre de l’Intérieur partisan, incapable d’assumer des positions d’autonomie et d’indépendance devant le Président de la République.
(adsbygoogle = window.adsbygoogle || []).push({}); A la place de cette tradition faite de sagesse et d’écoute mutuelle, nous voyons aujourd’hui se dresser devant les Sénégalais, une machine de confiscation de la volonté populaire qui s’affine d’élections en élections. Les concepteurs de cette machine n’ont aucune raison, du moins pour l’instant, de la mettre au rancart au profit de la promotion d’un nouveau consensus qui mène à des élections libres honnêtes et transparentes et dont les résultats seront acceptés et respectés par toutes les parties prenantes. En effet, lorsqu’on examine avec attention et lucidité les actes que posent les tenants du régime, force est de constater que les choses ne vont pas dans la bonne direction. Posons-nous, à cet égard, quelques questions dont les réponses pourraient fournir de précieux renseignements sur la présence ou pas d’une réelle volonté de dialogue du côté du pouvoir. Depuis le tollé général qui a accompagné le sabotage organisationnel des élections, quelles initiatives le gouvernement a-t-il prises pour afficher sa volonté de prendre en compte les justes récriminations de l’Opposition et de l’opinion publique en général ? Aucune pour dire vrai. L’actuel ministre de l’Intérieur vient de nous répéter ce que disait son prédécesseur, à savoir qu’on ne peut plus voler les élections au Sénégal.
On ne peut plus voler des élections au Sénégal, mais on peut empêcher 73% des électeurs inscrits d’une localité comme Touba, de voter. Rappelons qu’à Touba, 60.000 électeurs seulement ont pu voter, contre 201.000 qui n’ont pu le faire. Ceux qui ont empêché le vote de Touba savaient que les cinq députés issus du «raw gàddu» reviendraient à la coalition dirigée par le Président Wade, mais ne souhaitaient pas un vote massif qui aurait permis à la liste proportionnelle ‘ Wattu’ de gagner deux ou trois députés supplémentaires sur la liste nationale. Ce qui s’est passé a été donc clairement planifié. Jusqu’au moment où ces lignes sont écrites, aucune enquête n’a été initiée pour situer les responsabilités, encore moins une sanction contre un quelconque membre de l’administration des élections. Il en est de même à Dakar, où la coalition au pouvoir s’est attribué la victoire et les 7 sièges de députés en prétendant l’avoir remporté sur Mànkoo taxawu Senegaal (qui revendique de son côté la victoire) avec à peine 2700 voix sur près de 340.000 suffrages exprimés soit 0,008% des suffrages. Devant le refus du gouvernement de tirer cette affaire au clair, l’on ne peut que considérer qu’il s’agit, ici aussi, d’un simple hold-up. Les exemples de Touba et Dakar sont les plus frappants, puisqu’ils concernent les deux plus gros établissements humains du pays, mais l’on pourrait les multiplier partout ailleurs, y compris dans la diaspora. Tout cela a été fait à dessein. Pourquoi avoir privé deux millions sept cent mille électeurs (près de la moitié de l’électorat) de leurs cartes d’électeurs après avoir englouti 50 milliards Cfa de l’argent public dans la production de ces cartes ? Ici non plus, aucune enquête d’aucune sorte n’a été commanditée, à plus forte raison des sanctions prononcées à l’encontre des responsables de ce scandale.
Malgré toutes ces récriminations, le Président a félicité son ministre de l’Intérieur qui a organisé les élections et toute son administration, ainsi que ses responsables, pour leur « brillante victoire », avant de leur promettre que pour 2019, ‘moo ko res’. La cause semble donc entendue. Et de tout cela, il est demandé à l’opposition de faire table rase et de bien vouloir croire au Père Noël qui nous promet des élections libres et sincères en 2019. De qui se moque-t-on ?
La vérité, si on veut l’entendre, est que le pouvoir a déjà mis le cap sur les échéances à venir sans absolument rien changer à sa stratégie de confiscation de la volonté populaire le moment venu. Comme nous venons de le voir, tout dans son comportement le montre. Il me semble dès lors que la balle est plutôt dans le camp de l’opposition. S’il est vrai qu’elle a la prétention de détenir les solutions aux problèmes du pays, celui d’avoir des élections libres et honnêtes comme cela a été le cas depuis un quart de siècle, est devenu le problème majeur. Restaurer la capacité citoyenne à se choisir souverainement ses dirigeants est devenu la priorité numéro1. En l’absence de cela, aucune autre ambition ne peut avoir de sens. Et c’est sur la base de ce contexte manifestement trop chargé que le pouvoir parle de dialogue, en mettant sur le compte des pertes et profits tous les dysfonctionnements relevés.
L’opposition sénégalaise n’a pas d’autres choix que de faire face, avec à ses côtés, toutes les forces démocratiques et citoyennes convaincues que la seule voie de salut de ce pays et de son peuple est de se battre partout pour qu’en face, on les prenne au sérieux. Toute autre approche, notamment les louvoiements et autres postures d’évitement, n’aura comme résultat que de conforter les concepteurs de la machine dans l’hypothèse que les forcings opérés au referendum de 2016 et aux Législatives de juillet 2017 pourraient tout bonnement être reconduits aux prochaines échéances. Et c’est là que gît la menace majeure qui pèse sur la stabilité du pays et sur sa paix civile.
(adsbygoogle = window.adsbygoogle || []).push({}); Dès lors que la volonté du pouvoir est nettement de persévérer dans son option de contourner l’exigence d’organiser des élections crédibles, celle de l’opposition doit être de s’unir en supprimant les rancœurs issues de l’échec de la liste commune. Les intérêts du pays sont, à cet égard, au-dessus de nos petites personnes. Partout dans le monde, les peuples rejettent le totalitarisme et la confiscation de leurs libertés. Le peuple sénégalais ne peut pas être en reste. Il exige de ses élites politiques qu’elles prennent leurs responsabilités, en organisant toutes les couches, notamment juvéniles et féminines et en dirigeant leurs combats jusqu’au retour à un consensus crédible sur la modalité de dévolution du pouvoir. Ceux qui tourneront le dos à cette cause seront forclos.
L’appel qu’à And-Jëf/Pads nous lançons à l’Opposition véritable, est qu’elle se regroupe sans délai pour porter le combat, en étant prête à tous les sacrifices que requiert la situation et en ne reculant sous aucun prétexte, jusqu’à ce qu’en face, ils comprennent enfin que ce pays n’acceptera plus de holdup électoral. Ceux qui sont favorables au dialogue dans le camp du pouvoir – il en existe – savent que pour dialoguer il faut être deux et que la politique de la paix à tout prix ne mène qu’à la guerre et, au bout du compte, la défaite et l’humiliation pour ses porteurs. J’ai dit Munich, mais honni soit qui mal y pense.
L’Obs
Devant la clameur et l’indignation populaires, le Président de la République, encore une fois, appelle au dialogue. Cependant, aujourd’hui plus qu’hier, l’on a le sentiment que plus on parle de dialogue, plus on s’en éloigne, au point qu’il devient légitime de se poser la question de la finalité de cet exercice auquel se livrent les tenants du pouvoir. Tout d’abord quelques clarifications utiles :
Premièrement : Une rencontre entre un ministre de l’Intérieur et les partis politiques ne saurait être assimilée au dialogue politique. La rencontre que convoque le nouveau ministre de l’Intérieur où plusieurs centaines de personnes sont attendues représentant des organisations dont beaucoup sont une création du régime lui-même, n’a aucune portée constructive. Il est assigné à cette mise en scène deux objectifs essentiels : d’abord ancrer dans l’esprit des Sénégalais que la page des élections législatives est définitivement tournée, ce qui n’est pas le cas du côté de l’Opposition. Ensuite, sans avoir l’air d’y toucher, faire adouber le ministre de l’Intérieur comme l’organisateur des futures élections prévues en 2019. A l’époque où le consensus de 1992 était encore en vigueur, les rencontres entre le ministre de l’Intérieur et les partis politiques et la société civile (véritable) était une routine, qui était d’ailleurs rarement médiatisée. Les acteurs travaillaient normalement tout au long de l’année, selon des périodicités convenues, s’accordaient sur des points et divergeaient sur d’autres. Et lorsque des divergences surgissaient, le Président de la République les tranchait dans le sens du compromis dynamique, c’est-à-dire sans pencher du côté de son camp politique.
Deuxièmement : la notion de dialogue politique, apparue dans le champ politique à la suite de l’insurrection populaire de février-mars 1988 lorsque le principal opposant au Président sortant est arrêté et envoyé en prison dès la fermeture des bureaux de vote, va au-delà de rencontres routinières entre acteurs du processus électoral. Le dialogue politique est modéré par des personnalités consensuelles. En 1991-92, le juge Kéba Mbaye était à la tête d’une équipe d’éminentes personnalités, respectées pour leur science et pour leur indépendance d’esprit. Cette équipe, connue sous l’appellation de commission cellulaire, a conduit les travaux pendant des mois de discussions, parfois d’affrontements vigoureux mais toujours avec méthode et rigueur. Cette médiation avait de l’autorité, laquelle était tirée de la confiance dont elle bénéficiait de la part de toutes les parties prenantes. En fait, par-delà l’élaboration d’un nouveau système électoral remplaçant celui en cours sous le régime du parti unique, beaucoup de questions politiques fondamentales pour l’époque ont été abordées, comme la durée et la limitation des mandats du Président de la République, le vote des Sénégalais de l’extérieur, le vote des militaires, etc. Lorsque la mise à l’épreuve du nouveau système a révélé ses lacunes à la Présidentielle et aux Législatives de 1993 et aux Locales de 1996, et face aux pressions de l’Opposition, le Président de la République accepta un nouveau round de négociations entre le pouvoir et son opposition. La modération sera coordonnée par feu le Professeur Diaïté (qu’Allah swt l’accueille dans les jardins de Firdaws) et composée, ici aussi, d’éminentes personnalités consensuelles. Et les discussions aboutirent à la mise en place d’un organe de supervision des élections l’ONEL (Observatoire national des élections) qui a servi de véritable instrument de contrôle du travail du ministre de l’intérieur et, plus généralement, du travail de l’administration des élections. C’est sous cette loi électorale consensuelle que les Législatives de 1998 ont été organisées, tout comme la Présidentielle de février-mars 2000.
Après la première alternance, les concertations se sont poursuivies et ont permis de faire un pas supplémentaire dans la fiabilisation du processus électoral au Sénégal, avec l’avènement de la CENA (Commission électorale nationale autonome).
C’est cela que l’on appelle dialogue politique et non les foires d’empoigne que nous voyons de nos jours autour d’un ministre de l’Intérieur partisan, incapable d’assumer des positions d’autonomie et d’indépendance devant le Président de la République.
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On ne peut plus voler des élections au Sénégal, mais on peut empêcher 73% des électeurs inscrits d’une localité comme Touba, de voter. Rappelons qu’à Touba, 60.000 électeurs seulement ont pu voter, contre 201.000 qui n’ont pu le faire. Ceux qui ont empêché le vote de Touba savaient que les cinq députés issus du «raw gàddu» reviendraient à la coalition dirigée par le Président Wade, mais ne souhaitaient pas un vote massif qui aurait permis à la liste proportionnelle ‘ Wattu’ de gagner deux ou trois députés supplémentaires sur la liste nationale. Ce qui s’est passé a été donc clairement planifié. Jusqu’au moment où ces lignes sont écrites, aucune enquête n’a été initiée pour situer les responsabilités, encore moins une sanction contre un quelconque membre de l’administration des élections. Il en est de même à Dakar, où la coalition au pouvoir s’est attribué la victoire et les 7 sièges de députés en prétendant l’avoir remporté sur Mànkoo taxawu Senegaal (qui revendique de son côté la victoire) avec à peine 2700 voix sur près de 340.000 suffrages exprimés soit 0,008% des suffrages. Devant le refus du gouvernement de tirer cette affaire au clair, l’on ne peut que considérer qu’il s’agit, ici aussi, d’un simple hold-up. Les exemples de Touba et Dakar sont les plus frappants, puisqu’ils concernent les deux plus gros établissements humains du pays, mais l’on pourrait les multiplier partout ailleurs, y compris dans la diaspora. Tout cela a été fait à dessein. Pourquoi avoir privé deux millions sept cent mille électeurs (près de la moitié de l’électorat) de leurs cartes d’électeurs après avoir englouti 50 milliards Cfa de l’argent public dans la production de ces cartes ? Ici non plus, aucune enquête d’aucune sorte n’a été commanditée, à plus forte raison des sanctions prononcées à l’encontre des responsables de ce scandale.
Malgré toutes ces récriminations, le Président a félicité son ministre de l’Intérieur qui a organisé les élections et toute son administration, ainsi que ses responsables, pour leur « brillante victoire », avant de leur promettre que pour 2019, ‘moo ko res’. La cause semble donc entendue. Et de tout cela, il est demandé à l’opposition de faire table rase et de bien vouloir croire au Père Noël qui nous promet des élections libres et sincères en 2019. De qui se moque-t-on ?
La vérité, si on veut l’entendre, est que le pouvoir a déjà mis le cap sur les échéances à venir sans absolument rien changer à sa stratégie de confiscation de la volonté populaire le moment venu. Comme nous venons de le voir, tout dans son comportement le montre. Il me semble dès lors que la balle est plutôt dans le camp de l’opposition. S’il est vrai qu’elle a la prétention de détenir les solutions aux problèmes du pays, celui d’avoir des élections libres et honnêtes comme cela a été le cas depuis un quart de siècle, est devenu le problème majeur. Restaurer la capacité citoyenne à se choisir souverainement ses dirigeants est devenu la priorité numéro1. En l’absence de cela, aucune autre ambition ne peut avoir de sens. Et c’est sur la base de ce contexte manifestement trop chargé que le pouvoir parle de dialogue, en mettant sur le compte des pertes et profits tous les dysfonctionnements relevés.
L’opposition sénégalaise n’a pas d’autres choix que de faire face, avec à ses côtés, toutes les forces démocratiques et citoyennes convaincues que la seule voie de salut de ce pays et de son peuple est de se battre partout pour qu’en face, on les prenne au sérieux. Toute autre approche, notamment les louvoiements et autres postures d’évitement, n’aura comme résultat que de conforter les concepteurs de la machine dans l’hypothèse que les forcings opérés au referendum de 2016 et aux Législatives de juillet 2017 pourraient tout bonnement être reconduits aux prochaines échéances. Et c’est là que gît la menace majeure qui pèse sur la stabilité du pays et sur sa paix civile.
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L’appel qu’à And-Jëf/Pads nous lançons à l’Opposition véritable, est qu’elle se regroupe sans délai pour porter le combat, en étant prête à tous les sacrifices que requiert la situation et en ne reculant sous aucun prétexte, jusqu’à ce qu’en face, ils comprennent enfin que ce pays n’acceptera plus de holdup électoral. Ceux qui sont favorables au dialogue dans le camp du pouvoir – il en existe – savent que pour dialoguer il faut être deux et que la politique de la paix à tout prix ne mène qu’à la guerre et, au bout du compte, la défaite et l’humiliation pour ses porteurs. J’ai dit Munich, mais honni soit qui mal y pense.
L’Obs