Comment un gouvernement qui n’a pas été capable d’organiser des législatives avec un système électoral rodé peut-il prétendre avoir la technicité requise pour organiser une élection présidentielle avec un système de parrainage jamais expérimenté ? Comment un gouvernement qui a ignoré la solution du bulletin unique déjà expérimenté dans la sous-région peut-il trouver les ressources nécessaires pour aller s’inspirer de pays dont la tradition démocratique est plus jeune et moins performante que la nôtre ?
Comment un régime qui réprimé sa population pour l’empêcher de manifester son désaccord sur une loi constitutionnelle peut-il faire croire à sa bonne foi lorsqu’il appelle à un dialogue sur les ressource pétrolières ? Comment un régime qui a sacrifié le droit légitime de la télévision nationale de diffuser, en exclusivité, la coupe du monde pour des raisons de copinage peut-il encore convaincre un seul sénégalais sur son patriotisme ? La trame de fond de la gouvernance Macky Sall est la dichotomie entre ses amis et les autres : le bien et le mal, le juste et l’injuste, le vrai et le faux se décrètent en fonction de cette dichotomie manichéenne.
Macky Sall est décidément un président qui n’a pas peur du ridicule : «ku sèèkhluwul bàrilé» disent fort justement les Wolofs. Ce que Macky Sall est en train de faire dans ce pays est indigne d’un homme d’État : on ne peut pas, à ce point, sacrifier la transcendance et la sacralité de la république et de la démocratie à des intérêts aussi bassement politiques. En inféodant systématiquement le pays et ses institutions à la logique de la politique politicienne, Macky Sall nous donne une clef de lecture de ce qu’il est capable de faire quand les intérêts nationaux sont en jeu face à des intérêts étrangers susceptibles de renforcer son régime.
Ce personnage aime le pouvoir, il en a la passion dévorante, et c’est pourquoi dès que ce pouvoir est en jeu, il perd sa lucidité. Convoquer une cérémonie aussi vulgaire et folklorique à Diamniadio pour discuter d’une affaire aussi sérieuse que le pétrole, c’est assurément manquer de respect aux Sénégalais et à leur exigence légitime de transparence. La transparence de Macky est une abominable ruse : une lumière qui aveugle et brouille la vue ; une transparence qui crève l’œil de la sagesse par le tintamarre et le superficiel du gestuel.
Les réformes institutionnelles dont la démocratie sénégalaise a besoin n’ont rien à voir avec ce cirque organisé à Diamniadio : le statut de l’opposition aurait permis d’instaurer un dialogue sincère et fructueux avec cette dernière. Un véritable conseil économique et social (dont les membres sont élus au suffrage universel et suivant le principe de la proportionnelle) aurait facilité des échanges éclairés sur les ressources naturelles de notre pays. L’instauration d’une cour constitutionnelle aurait permis aux citoyens de saisir directement cette dernière pour casser certaines décisions iniques et anticonstitutionnelles du régime.
Mais Macky Sall préfère la politique du charognard : il surfe sur la forme des institutions pour assouvir (en pervertissant leur fond) son désir insatiable de pouvoir. Il est des individus qui ne peuvent évoluer et être compétitifs que dans un environnement de médiocrité et de combines mesquines. En sport, dans le domaine des études et même dans la religion, il y a de la triche (dopage, achat des épreuves, corruption des juges et des guides religieux) : quand on a la culture de la triche et du complot, on ne peut pas gouverner par l’exemplarité. Avec Macky Sall, la politique a cessé d’être un moyen pour devenir éhontément une fin.
L’adversité politique doit se faire selon un minimum d’éthique : « la politique ne pourra donc pas faire un pas avant d’avoir rendu hommage à la morale » disait Kant. En effet, sans l’éthique la politique se résume à la roublardise, à la manipulation, à la violence, au vol. Or si le vol et la supercherie industrielle deviennent la norme da l’action politique, c’en est fini de toute forme de légitimité du pouvoir lui-même et de toute noblesse pour l’art politique. Ce qui fait la légitimité d’un régime, c’est son ancrage dans la volonté populaire et son attachement indéfectible aux principes de l’État de droit. Il y a des points où l’art et la politique se rejoignent : le désintéressement (gage de la beauté de l’action politique et de l’œuvre d’art), la créativité (le génie dénué de toute forme de tricherie), les vrais artistes vivent pour leur art, les vrais hommes politiques vivent pour la politique. Il n’y a pas de meilleure garantie de la civilité d’un peuple et de sa moralité qu’un État de droit incarné par des hommes politiques ayant comme boussole l’éthique. Quand la classe politique d’un pays est en faillite, quand un régime n’hésite pas à violer la conscience universelle par des manigances, il n’y a vraiment plus de certitude pour la vie en communauté : notre survie en tant que peuple est menacée.
Quand un régime en vient à penser que le droit c’est ce qu’il veut, la République a perdu son âme et il n’y a plus de raison valable pour obliger les citoyens à obéir. La liberté d’un gouvernement à violer la constitution, l’État de droit et l’éthique n’a pas d’autre répondant au sein du peuple que la désobéissance légitime. Il n’y a donc pas de posture citoyenne plus noble, plus républicaine et plus héroïque que de résister à un régime comme celui de Macky Sall. Notre pays est en danger : tous les ressorts traditionnels qui servaient de régulation sont abîmés par Macky Sall avec des pratiques corruptives. S’appuyant sur ses leviers médiatiques qui violent la conscience populaire en instillant dans l’opinion des média-mensonges, Macky Sall rend impossible une véritable altérité politique.
Le procédé est simple, mais efficace : on instrumentalise la célébrité, la misère et l’ignorance du peuple et on corrompt les élites. Les voix dissonantes sont devenues inaudibles à cause d’un véritable Apartheid politico-médiatique. La façon dont le conflit entre le RTS et le groupe de presse privé a été arbitré n’est rien d’autre qu’une forme de rançon qu’on se partage sur le dos du contribuable sénégalais. Il fallait laisser la justice faire son travail si c’est encore une justice rendue au nom du peuple : cela aurait au moins fait jurisprudence et permis de solder définitivement un lancinant problème. Mais quand les intérêts des amis de Macky Sall sont en jeu, la République et ses institutions sont tout bonnement mises en berne.
Alassane K. KITANE
Président du Mouvement citoyen LABEL-Sénégal
Membre de la commission Stratégies et programme de l’IPC/Fippu
Professeur au Lycée Serigne Ahmadou Ndack Seck de Thiès
Comment un régime qui réprimé sa population pour l’empêcher de manifester son désaccord sur une loi constitutionnelle peut-il faire croire à sa bonne foi lorsqu’il appelle à un dialogue sur les ressource pétrolières ? Comment un régime qui a sacrifié le droit légitime de la télévision nationale de diffuser, en exclusivité, la coupe du monde pour des raisons de copinage peut-il encore convaincre un seul sénégalais sur son patriotisme ? La trame de fond de la gouvernance Macky Sall est la dichotomie entre ses amis et les autres : le bien et le mal, le juste et l’injuste, le vrai et le faux se décrètent en fonction de cette dichotomie manichéenne.
Macky Sall est décidément un président qui n’a pas peur du ridicule : «ku sèèkhluwul bàrilé» disent fort justement les Wolofs. Ce que Macky Sall est en train de faire dans ce pays est indigne d’un homme d’État : on ne peut pas, à ce point, sacrifier la transcendance et la sacralité de la république et de la démocratie à des intérêts aussi bassement politiques. En inféodant systématiquement le pays et ses institutions à la logique de la politique politicienne, Macky Sall nous donne une clef de lecture de ce qu’il est capable de faire quand les intérêts nationaux sont en jeu face à des intérêts étrangers susceptibles de renforcer son régime.
Ce personnage aime le pouvoir, il en a la passion dévorante, et c’est pourquoi dès que ce pouvoir est en jeu, il perd sa lucidité. Convoquer une cérémonie aussi vulgaire et folklorique à Diamniadio pour discuter d’une affaire aussi sérieuse que le pétrole, c’est assurément manquer de respect aux Sénégalais et à leur exigence légitime de transparence. La transparence de Macky est une abominable ruse : une lumière qui aveugle et brouille la vue ; une transparence qui crève l’œil de la sagesse par le tintamarre et le superficiel du gestuel.
Les réformes institutionnelles dont la démocratie sénégalaise a besoin n’ont rien à voir avec ce cirque organisé à Diamniadio : le statut de l’opposition aurait permis d’instaurer un dialogue sincère et fructueux avec cette dernière. Un véritable conseil économique et social (dont les membres sont élus au suffrage universel et suivant le principe de la proportionnelle) aurait facilité des échanges éclairés sur les ressources naturelles de notre pays. L’instauration d’une cour constitutionnelle aurait permis aux citoyens de saisir directement cette dernière pour casser certaines décisions iniques et anticonstitutionnelles du régime.
Mais Macky Sall préfère la politique du charognard : il surfe sur la forme des institutions pour assouvir (en pervertissant leur fond) son désir insatiable de pouvoir. Il est des individus qui ne peuvent évoluer et être compétitifs que dans un environnement de médiocrité et de combines mesquines. En sport, dans le domaine des études et même dans la religion, il y a de la triche (dopage, achat des épreuves, corruption des juges et des guides religieux) : quand on a la culture de la triche et du complot, on ne peut pas gouverner par l’exemplarité. Avec Macky Sall, la politique a cessé d’être un moyen pour devenir éhontément une fin.
L’adversité politique doit se faire selon un minimum d’éthique : « la politique ne pourra donc pas faire un pas avant d’avoir rendu hommage à la morale » disait Kant. En effet, sans l’éthique la politique se résume à la roublardise, à la manipulation, à la violence, au vol. Or si le vol et la supercherie industrielle deviennent la norme da l’action politique, c’en est fini de toute forme de légitimité du pouvoir lui-même et de toute noblesse pour l’art politique. Ce qui fait la légitimité d’un régime, c’est son ancrage dans la volonté populaire et son attachement indéfectible aux principes de l’État de droit. Il y a des points où l’art et la politique se rejoignent : le désintéressement (gage de la beauté de l’action politique et de l’œuvre d’art), la créativité (le génie dénué de toute forme de tricherie), les vrais artistes vivent pour leur art, les vrais hommes politiques vivent pour la politique. Il n’y a pas de meilleure garantie de la civilité d’un peuple et de sa moralité qu’un État de droit incarné par des hommes politiques ayant comme boussole l’éthique. Quand la classe politique d’un pays est en faillite, quand un régime n’hésite pas à violer la conscience universelle par des manigances, il n’y a vraiment plus de certitude pour la vie en communauté : notre survie en tant que peuple est menacée.
Quand un régime en vient à penser que le droit c’est ce qu’il veut, la République a perdu son âme et il n’y a plus de raison valable pour obliger les citoyens à obéir. La liberté d’un gouvernement à violer la constitution, l’État de droit et l’éthique n’a pas d’autre répondant au sein du peuple que la désobéissance légitime. Il n’y a donc pas de posture citoyenne plus noble, plus républicaine et plus héroïque que de résister à un régime comme celui de Macky Sall. Notre pays est en danger : tous les ressorts traditionnels qui servaient de régulation sont abîmés par Macky Sall avec des pratiques corruptives. S’appuyant sur ses leviers médiatiques qui violent la conscience populaire en instillant dans l’opinion des média-mensonges, Macky Sall rend impossible une véritable altérité politique.
Le procédé est simple, mais efficace : on instrumentalise la célébrité, la misère et l’ignorance du peuple et on corrompt les élites. Les voix dissonantes sont devenues inaudibles à cause d’un véritable Apartheid politico-médiatique. La façon dont le conflit entre le RTS et le groupe de presse privé a été arbitré n’est rien d’autre qu’une forme de rançon qu’on se partage sur le dos du contribuable sénégalais. Il fallait laisser la justice faire son travail si c’est encore une justice rendue au nom du peuple : cela aurait au moins fait jurisprudence et permis de solder définitivement un lancinant problème. Mais quand les intérêts des amis de Macky Sall sont en jeu, la République et ses institutions sont tout bonnement mises en berne.
Alassane K. KITANE
Président du Mouvement citoyen LABEL-Sénégal
Membre de la commission Stratégies et programme de l’IPC/Fippu
Professeur au Lycée Serigne Ahmadou Ndack Seck de Thiès