Imam Mahmoud Dicko : «Pourquoi il faut parler aux djihadistes»
Le chef du Mouvement du 05 juin, une coalition de partis politiques et d’organisations de la société civile maliennes qui réclame le départ d’Ibrahim Boubacar Keïta du pouvoir, a déjà tenu à éclairer la lanterne de l’opinion publique ouest-africaine sur sa position sur le djihad armé.
Selon lui, « la religion ne doit pas être imposée ». « C’est un choix personnel. Le fait de venir avec des fusils et des bombes, ce n’est pas la religion. En Afrique, la religion a toujours été un choix. Personne ne nous l’a imposée », philosophe l’Imam Mahmoud Dicko pour qui, une réflexion s’impose pour avoir des réponses sur la lutte armée que mènent certains groupes qui se réclament de la religion. « Ce qui est là, est-ce au nom de la religion ou c’est d’autres forces obscures, ou des gens frustrés par des comportements qui ont trouvé leur manière à eux de s’exprimer ? », pose-t-il le débat. « On doit le savoir », indique-t-il.
Une réflexion dans laquelle le monde musulman ne doit pas jouer les seconds rôles. L’Imam Mahmoud Dicko est persuadé que les organisations internationales islamiques ont le devoir de discuter de ces questions et de trouver des solutions internes. « Il ne faut pas laisser le débat aux autres », refuse-t-il l’auto-exclusion. Le faire, précise l’ancien président du Haut conseil islamique malien, ce n’est pas être en collusion avec les terroristes. « Je ne partage rien avec qui que ce soit. Mais il faut partager la vérité avec tout le monde. S’il y a un problème, il faut chercher à savoir la nature du problème et trouver des solutions », préconise l’Imam Dicko.
C’est dans cette dynamique, ajoute-t-il, qu’il a essayé de parler aux djihadistes. Et il dit avoir constaté « des gens qui ne savent pas de quoi ils parlent ». « Il y a beaucoup de gens parmi eux qui sont là seulement parce que tous les horizons sont bouchés pour eux. Ils ne savent pas ce qu’il faut faire. Ils ont un fusil et c’est un instinct de survie pour eux. Ce n’est pas une conviction religieuse réelle », renseigne- t-il. À l’en croire, une bonne partie des candidats au jihad ont besoin d’être orientés. « Ils ont besoin de ça », insiste le religieux qui impute la responsabilité de la naissance de cette floraison de groupes djihadistes en Afrique de l’Ouest à « l’échec des politiques ».
« Ils ont été élus pour préserver l’intégrité territoriale. C’est leur job. Pourquoi ils ont laissé d’autres forces s’installer dans le pays. Ils n’ont pas fait leur travail », charge-t-il les élites africaines qui, selon sa lecture, ont échoué sur tous les plans, d’où la nécessité d’essayer d’autres voies.