(adsbygoogle = window.adsbygoogle || []).push({}); Il doit son infamant naufrage à l’agression sexuelle alléguée d’une femme de chambre guinéenne, un jour de mai 2011, dans la suite 2806 du Sofitel de New York. Dominique Strauss Kahn devra-t-il son renflouage à l'Afrique, berceau de sa proie?
Collision symbolique
Troublant raccourci: le 22 janvier, lorsque le chef d’Etat sénégalais Macky Sall reçoit en son palais l'ancien directeur général du Fonds monétaire international (FMI), en costume de conseiller de luxe, les deux hommes devisent à quelques encablures d'un building résidentiel du quartier dakarois Sicap-Liberté1 que convoite Nafissatou Diallo.
C'est qu'après avoir ouvert dans le Bronx un restaurant à l’enseigne de « Chez Amina », partiellement détruit par un incendie en mars 2015, elle a investi dans l'immobilier local l'essentiel du capital reçu, via une transaction financière négociée par avocat interposés, en contrepartie de l'extinction de l'action en justice intentée pour viol.
La collision symbolique n'émeut guère l'entourage du président Sall: "On peut condamner ce que DSK a fait, esquive un de ses confidents, mais nul ne peut demander à notre Etat, mobilisé depuis 2014 par le Plan Sénégal Émergent, de se priver de ses compétences ni de son réseau. Embauché en qualité de consultant, il a pour mandat d'appuyer l'instauration de partenariats avec l'ex-bloc soviétique et d'attirer à nous de nouveaux investisseurs."
Voilà comment l'ex maire de Sarcelles apparaît au sortir de son audience sur les écrans de la télé du "pays de la Teranga", flanqué des ministres Amadou Bâ (Economie) et Birima Mangara (Budget). La durée du contrat? Mystère. Le montant des émoluments? Motus.
Un traitement de VIP
Au Togo, où Strauss-Kahn officie depuis plus d'un an, pas davantage d'états d'âme. "Au contraire, glisse un haut-fonctionnaire. Mon patron ( le Président Faure Gnassingbé) est lui aussi un homme à femmes, qui collectionne les maîtresses de par le monde. Un point commun de nature à les rapprocher."
(adsbygoogle = window.adsbygoogle || []).push({}); Lors de ses passages à Lomé -on l'y aperçut en mars et en octobre 2016, puis en février dernier-, DSK a droit à un traitement de VIP, avec accueil à l'aéroport par le service du protocole des Affaires étrangères et ballet de limousines. Il réside alors au Patio, une "maison d'hôtes" cossue de sept chambres, "dont cinq suites de haut standing", nichée entre l'université et l'ambassade américaine.
A en croire son site Web, l'établissement prodigue à ses clients "le doux sentiment d'être chez [eux] tout en étant ailleurs" et leur offre, plus prosaïquement, un "concept unique" de literie, alliant "maintien et douceur". Toujours bon à savoir.
Au diner, le nouveau sorcier blanc du palais de la Marina peut, après le foie gras poêlé sur un carpaccio de betterave aux pommes de tapioca soufflé, déguster des gambas rôties au gingembre ou un filet de zébu. Le dessert? Pourquoi pas le "gazpacho de mangue aux épices et sa quenelle d'arachides"?
Des ministres déférents et frustrés
A Lomé comme ailleurs, le recrutement du globe-trotteur de la finance relève du fait du prince. "Le patron -entendez le chef de l'Etat-, conscient du faible niveau de formation de nos élites, tend à s'entourer d'une cohorte de conseillers étrangers, dont Strauss-Kahn dans le rôle du mentor économique, avance un initié togolais. D'autant qu'il estime avoir besoin de lui à l'heure où le pays, après deux ans de fâcheries, renoue avec le FMI. DSK le briefe et lui rédige des fiches."
Il peut aussi animer un séminaire sur la "gouvernance financière", entouré de ministres déférents. Déférents mais parfois frustrés. "Certains, concède l'un d'eux, se sentent dépossédés d'une partie de leurs prérogatives. Mais c'est ainsi chez nous: le boss fait ce qu'il veut." Et paye ce que bon lui semble. Aux dires d'un témoin privilégié, un avenant confidentiel au contrat annuel renouvelable du consultant lui garantit 800 000€ par exercice. "Somme versée en plusieurs virements bancaires, et assortie d'un bonus."
A Dakar, l'irruption du gourou vieillissant suscite d'autres griefs. Les uns ineptes; les autres fondés. Passons sur les fantasmes antisémites que colportent quelques médias: Macky Sall aurait enrôlé DSK, connu "pour ses entrées dans les milieux juifs" et "son allégeance à Israël", afin d'apaiser le courroux de l'Etat hébreu. Allusion à la bisbille bilatérale née du vote par le Sénégal, en décembre dernier, d'une résolution onusienne exigeant l’arrêt de la colonisation dans les territoires palestiniens..
Plus sérieusement, un familier de la présidence admet douter de la pertinence des oracles du griot français. "Je ne vois pas très bien, confesse-t-il, ce que Strauss-Kahn peut nous apporter." Verdict plus abrupt dans les colonnes du quotidien Walfadjri : "Le Sénégal est une bonne pioche pour lui, et non l'inverse".
Malgré les casseroles
Là réside le cœur de l'énigme: par quel prodige la "magie DSK" opère-t-elle encore, en dépit des casseroles qu'il trimbale et des fiascos semés dans son sillage?
Bien sûr, l'ancien ministre de Lionel Jospin est en droit d'invoquer, donc de monnayer, son épais carnet d'adresses et les réseaux tissés à Bercy, puis, entre novembre 2007 et mai 2011, à la tête du FMI.
Bien sûr, il s'est échiné durant son mandat abrégé à redorer, au gré de ses tournées africaines, le terne blason d'une institution perçue, sur un continent étranglé par les "plans d'ajustements structurels", comme arrogante, tyrannique et cachottière, sinon reléguée au rang de fer de lance de l'impérialisme ultra-libéral.
(adsbygoogle = window.adsbygoogle || []).push({}); Bien sûr enfin, le parler dru de ce viveur séduit des potentats volontiers crédules. Pour autant, comment un pays subsaharien -tel le Congo-Brazzaville, où lui et son ami Wladimir Mollof, patron de la banque Arjil, furent reçus par le président Denis Sassou Nguesso en mai 2016- peut-il confier la réforme de sa dette privée à un expert supposé impécunieux? Et pourquoi un aventurier, hier figure de proue de fonds d'investissements acculés à la banqueroute, serait-il le mieux à même d'attirer les investisseurs ?
Piètre gestionnaire, DSK n'a pas, depuis son crash de mai 2011, ruiné que sa réputation. Il a aussi, en apportant sa caution à des montages hasardeux, contribué à la débâcle de clients fortunés, hypnotisés par son bagout et son culot.
Que l'on songe à la déroute de la société de droit luxembourgeois LSK (Leyne Strauss-Kahn&Partners) créée en 2013, puis à celle, tout aussi fracassante, du fonds spéculatifs DSK Global Investment Fund, radié du registre du commerce de Guernesey dès la fin de 2014, moins d'un an après sa naissance.
Ambitions délirantes, fuites en avant, noyades. Avec, à la clé, plus de 100 millions d'euros envolés en fumée, des arriérés d'impôts réclamés par le Grand-Duché, les poursuites de créanciers floués, une information judiciaire, ouverte en mars 2016, pour "escroquerie en bande organisée, abus de confiance et abus de biens sociaux". Et une fêlure intime: le suicide de l’ami franco-israélien Thierry Leyne, son associé au sein de LSK, survenu le 23 octobre 2014.
Ce jour-là, le flambeur attachant, inventif et fantasque se jette dans le vide du haut de son loft immense et luxueux, perché au 23e étage d'une tour au design futuriste de Tel-Aviv.
Tropisme africain
En 2013, le même Thierry Leyne avait attiré son copain Dominique à Djouba, capitale du Soudan du Sud, Etat chétif surgi deux ans plus tôt des cendres laissées par une longue et cruelle guerre de sécession. Le 14 mai, soit deux ans jour pour jour après l'épisode dévastateur du Sofitel new-yorkais, DSK se penche en parrain attentionné sur le berceau de la National Crédit Bank. Las! C’est aujourd'hui la nation la plus jeune de la planète toute entière, ravagée par d'atroces conflits claniques, que guette la faillite.
Le tropisme africain de Strauss-Kahn, on l'a vu, ne date pas de cette escapade sud-soudanaise. L'étoile filante du PS connaît fort bien le Maghreb et l'aire sahélienne. Il entretient de très cordiales relations avec le magnat mauritanien Mohamed Ould Bouamatou, ennemi juré du régime de Nouakchott et propriétaire, comme lui, d’un riad à Makarrakech..
Son cabinet de "conseil juridique et de gestion" Parnasse International, cousin d'une société éponyme installée dans le XIVe arrondissement de Paris et liquidée à l'été 2015, est domiciliée à Casablanca.
En Mauritanie, DSK fut un temps, selon La Lettre du Continent, le "VRP de luxe" de la banque Lazard. En revanche, en Tunisie, l'ancien ministre roule pour son compère Mollof, contre Lazard et Rothschild. Au printemps 2016, c'est en effet le consortium formé par Arjil, le bureau d'études tunisois Comète et la Difcom, filiale du Groupe Jeune Afrique, qui s'adjuge l'appel d'offres lancé pour l'orchestration de Tunisia 2020, plan de développement quinquennal.
Une facture à 2,2 millions d'euros
Au menu, un "road show" -tournée promotionnelle- passant par Washington et Paris, puis une méga-conférence in situ, les 29 et 30 novembre. "Il est clair que la parfaite connaissance qu'a M. Strauss-Kahn des mécanismes financiers internationaux a pesé dans le choix, note sobrement Fadhel Abdelkefi, ministre du Développement, de l'Investissement et de la Coopération internationale. Quant aux objectifs assignés, à savoir restaurer l'image de notre économie et lever des fonds au profit de nos projets publics -15 milliard d'euros de promesses, dont 7 de prêts d'ores et déjà signés-, ils ont été atteints."
(adsbygoogle = window.adsbygoogle || []).push({}); Ça vaut mieux : de l'aveu même d'un acteur-clé du dossier, la facture s'élève pour Tunis à 2,2 millions d'euro, dont un million pour la seule banque d'affaires Arjil.
Pas sectaire pour un sou -c'est bien le moins-, DSK dispense aussi ses avis de Moscou à Kiev, bien loin des délices et des poisons du "village" africain. Ainsi siège-t-il au sein des conseils de surveillance de la Banque russe de développement des régions, filiale du Groupe Rosneft, et du Russian Direct Investment Fund. Voilà un an, il a rejoint en Ukraine celui de la banque Crédit Dniepr, fleuron de l'empire de l'oligarque Viktor Pintchouk, gendre de l'ex-président Leonid Koutchma. Un compagnon de longue date qui ne l'a jamais lâché, embarqué lui aussi dans la folle équipée LSK.
Ces échappées postsoviétiques ne changent rien à l'affaire: c'est encore sur le continent noir que les marabouts au teint plus ou moins pâle soignent le mieux leur ego endolori. Peut-on aussi, grâce aux sortilèges du bois sacré, y patiner à la feuille d'or une carrière fracassée? Pas sûr.
Ni DSK ni sa conseillère Anne Hommel n'ont daigné répondre à nos sollicitations réitérées.
Source lexpress
Collision symbolique
Troublant raccourci: le 22 janvier, lorsque le chef d’Etat sénégalais Macky Sall reçoit en son palais l'ancien directeur général du Fonds monétaire international (FMI), en costume de conseiller de luxe, les deux hommes devisent à quelques encablures d'un building résidentiel du quartier dakarois Sicap-Liberté1 que convoite Nafissatou Diallo.
C'est qu'après avoir ouvert dans le Bronx un restaurant à l’enseigne de « Chez Amina », partiellement détruit par un incendie en mars 2015, elle a investi dans l'immobilier local l'essentiel du capital reçu, via une transaction financière négociée par avocat interposés, en contrepartie de l'extinction de l'action en justice intentée pour viol.
La collision symbolique n'émeut guère l'entourage du président Sall: "On peut condamner ce que DSK a fait, esquive un de ses confidents, mais nul ne peut demander à notre Etat, mobilisé depuis 2014 par le Plan Sénégal Émergent, de se priver de ses compétences ni de son réseau. Embauché en qualité de consultant, il a pour mandat d'appuyer l'instauration de partenariats avec l'ex-bloc soviétique et d'attirer à nous de nouveaux investisseurs."
Voilà comment l'ex maire de Sarcelles apparaît au sortir de son audience sur les écrans de la télé du "pays de la Teranga", flanqué des ministres Amadou Bâ (Economie) et Birima Mangara (Budget). La durée du contrat? Mystère. Le montant des émoluments? Motus.
Un traitement de VIP
Au Togo, où Strauss-Kahn officie depuis plus d'un an, pas davantage d'états d'âme. "Au contraire, glisse un haut-fonctionnaire. Mon patron ( le Président Faure Gnassingbé) est lui aussi un homme à femmes, qui collectionne les maîtresses de par le monde. Un point commun de nature à les rapprocher."
(adsbygoogle = window.adsbygoogle || []).push({}); Lors de ses passages à Lomé -on l'y aperçut en mars et en octobre 2016, puis en février dernier-, DSK a droit à un traitement de VIP, avec accueil à l'aéroport par le service du protocole des Affaires étrangères et ballet de limousines. Il réside alors au Patio, une "maison d'hôtes" cossue de sept chambres, "dont cinq suites de haut standing", nichée entre l'université et l'ambassade américaine.
A en croire son site Web, l'établissement prodigue à ses clients "le doux sentiment d'être chez [eux] tout en étant ailleurs" et leur offre, plus prosaïquement, un "concept unique" de literie, alliant "maintien et douceur". Toujours bon à savoir.
Au diner, le nouveau sorcier blanc du palais de la Marina peut, après le foie gras poêlé sur un carpaccio de betterave aux pommes de tapioca soufflé, déguster des gambas rôties au gingembre ou un filet de zébu. Le dessert? Pourquoi pas le "gazpacho de mangue aux épices et sa quenelle d'arachides"?
Des ministres déférents et frustrés
A Lomé comme ailleurs, le recrutement du globe-trotteur de la finance relève du fait du prince. "Le patron -entendez le chef de l'Etat-, conscient du faible niveau de formation de nos élites, tend à s'entourer d'une cohorte de conseillers étrangers, dont Strauss-Kahn dans le rôle du mentor économique, avance un initié togolais. D'autant qu'il estime avoir besoin de lui à l'heure où le pays, après deux ans de fâcheries, renoue avec le FMI. DSK le briefe et lui rédige des fiches."
Il peut aussi animer un séminaire sur la "gouvernance financière", entouré de ministres déférents. Déférents mais parfois frustrés. "Certains, concède l'un d'eux, se sentent dépossédés d'une partie de leurs prérogatives. Mais c'est ainsi chez nous: le boss fait ce qu'il veut." Et paye ce que bon lui semble. Aux dires d'un témoin privilégié, un avenant confidentiel au contrat annuel renouvelable du consultant lui garantit 800 000€ par exercice. "Somme versée en plusieurs virements bancaires, et assortie d'un bonus."
A Dakar, l'irruption du gourou vieillissant suscite d'autres griefs. Les uns ineptes; les autres fondés. Passons sur les fantasmes antisémites que colportent quelques médias: Macky Sall aurait enrôlé DSK, connu "pour ses entrées dans les milieux juifs" et "son allégeance à Israël", afin d'apaiser le courroux de l'Etat hébreu. Allusion à la bisbille bilatérale née du vote par le Sénégal, en décembre dernier, d'une résolution onusienne exigeant l’arrêt de la colonisation dans les territoires palestiniens..
Plus sérieusement, un familier de la présidence admet douter de la pertinence des oracles du griot français. "Je ne vois pas très bien, confesse-t-il, ce que Strauss-Kahn peut nous apporter." Verdict plus abrupt dans les colonnes du quotidien Walfadjri : "Le Sénégal est une bonne pioche pour lui, et non l'inverse".
Malgré les casseroles
Là réside le cœur de l'énigme: par quel prodige la "magie DSK" opère-t-elle encore, en dépit des casseroles qu'il trimbale et des fiascos semés dans son sillage?
Bien sûr, l'ancien ministre de Lionel Jospin est en droit d'invoquer, donc de monnayer, son épais carnet d'adresses et les réseaux tissés à Bercy, puis, entre novembre 2007 et mai 2011, à la tête du FMI.
Bien sûr, il s'est échiné durant son mandat abrégé à redorer, au gré de ses tournées africaines, le terne blason d'une institution perçue, sur un continent étranglé par les "plans d'ajustements structurels", comme arrogante, tyrannique et cachottière, sinon reléguée au rang de fer de lance de l'impérialisme ultra-libéral.
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Piètre gestionnaire, DSK n'a pas, depuis son crash de mai 2011, ruiné que sa réputation. Il a aussi, en apportant sa caution à des montages hasardeux, contribué à la débâcle de clients fortunés, hypnotisés par son bagout et son culot.
Que l'on songe à la déroute de la société de droit luxembourgeois LSK (Leyne Strauss-Kahn&Partners) créée en 2013, puis à celle, tout aussi fracassante, du fonds spéculatifs DSK Global Investment Fund, radié du registre du commerce de Guernesey dès la fin de 2014, moins d'un an après sa naissance.
Ambitions délirantes, fuites en avant, noyades. Avec, à la clé, plus de 100 millions d'euros envolés en fumée, des arriérés d'impôts réclamés par le Grand-Duché, les poursuites de créanciers floués, une information judiciaire, ouverte en mars 2016, pour "escroquerie en bande organisée, abus de confiance et abus de biens sociaux". Et une fêlure intime: le suicide de l’ami franco-israélien Thierry Leyne, son associé au sein de LSK, survenu le 23 octobre 2014.
Ce jour-là, le flambeur attachant, inventif et fantasque se jette dans le vide du haut de son loft immense et luxueux, perché au 23e étage d'une tour au design futuriste de Tel-Aviv.
Tropisme africain
En 2013, le même Thierry Leyne avait attiré son copain Dominique à Djouba, capitale du Soudan du Sud, Etat chétif surgi deux ans plus tôt des cendres laissées par une longue et cruelle guerre de sécession. Le 14 mai, soit deux ans jour pour jour après l'épisode dévastateur du Sofitel new-yorkais, DSK se penche en parrain attentionné sur le berceau de la National Crédit Bank. Las! C’est aujourd'hui la nation la plus jeune de la planète toute entière, ravagée par d'atroces conflits claniques, que guette la faillite.
Le tropisme africain de Strauss-Kahn, on l'a vu, ne date pas de cette escapade sud-soudanaise. L'étoile filante du PS connaît fort bien le Maghreb et l'aire sahélienne. Il entretient de très cordiales relations avec le magnat mauritanien Mohamed Ould Bouamatou, ennemi juré du régime de Nouakchott et propriétaire, comme lui, d’un riad à Makarrakech..
Son cabinet de "conseil juridique et de gestion" Parnasse International, cousin d'une société éponyme installée dans le XIVe arrondissement de Paris et liquidée à l'été 2015, est domiciliée à Casablanca.
En Mauritanie, DSK fut un temps, selon La Lettre du Continent, le "VRP de luxe" de la banque Lazard. En revanche, en Tunisie, l'ancien ministre roule pour son compère Mollof, contre Lazard et Rothschild. Au printemps 2016, c'est en effet le consortium formé par Arjil, le bureau d'études tunisois Comète et la Difcom, filiale du Groupe Jeune Afrique, qui s'adjuge l'appel d'offres lancé pour l'orchestration de Tunisia 2020, plan de développement quinquennal.
Une facture à 2,2 millions d'euros
Au menu, un "road show" -tournée promotionnelle- passant par Washington et Paris, puis une méga-conférence in situ, les 29 et 30 novembre. "Il est clair que la parfaite connaissance qu'a M. Strauss-Kahn des mécanismes financiers internationaux a pesé dans le choix, note sobrement Fadhel Abdelkefi, ministre du Développement, de l'Investissement et de la Coopération internationale. Quant aux objectifs assignés, à savoir restaurer l'image de notre économie et lever des fonds au profit de nos projets publics -15 milliard d'euros de promesses, dont 7 de prêts d'ores et déjà signés-, ils ont été atteints."
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Pas sectaire pour un sou -c'est bien le moins-, DSK dispense aussi ses avis de Moscou à Kiev, bien loin des délices et des poisons du "village" africain. Ainsi siège-t-il au sein des conseils de surveillance de la Banque russe de développement des régions, filiale du Groupe Rosneft, et du Russian Direct Investment Fund. Voilà un an, il a rejoint en Ukraine celui de la banque Crédit Dniepr, fleuron de l'empire de l'oligarque Viktor Pintchouk, gendre de l'ex-président Leonid Koutchma. Un compagnon de longue date qui ne l'a jamais lâché, embarqué lui aussi dans la folle équipée LSK.
Ces échappées postsoviétiques ne changent rien à l'affaire: c'est encore sur le continent noir que les marabouts au teint plus ou moins pâle soignent le mieux leur ego endolori. Peut-on aussi, grâce aux sortilèges du bois sacré, y patiner à la feuille d'or une carrière fracassée? Pas sûr.
Ni DSK ni sa conseillère Anne Hommel n'ont daigné répondre à nos sollicitations réitérées.
Source lexpress