Momar Seyni Ndiaye
Avec un dérapage de trois semaines inexplicable en démocratie où le respect du calendrier électoral est sacré comme un dogme, et rituel comme la foi. La concomitance avec le mois béni du Ramadan, ne devrait en rien gêner la tenue de ce scrutin. Bien au contraire, une démocratie démontre sa vitalité par sa capacité à transcender les écueils, présumés ou réels, au lieu de les subir. Et de surcroît l’Islam recommande bien le redoublement d’efforts en cette période de diète, pour qu’en rien les gains de productivité n’en souffrent. L’abstinence alimentaire et sous certains aspects biologique, ne devraient-elle pas dégager des espaces de temps et de concentration sur l’activité essentielle qu’est le travail ? Et les devoirs civiques, pourquoi pas ?
Et il s’y ajoute simplement qu’au cours de ce temps de tolérance, de pardon, de communion et de solidarité, les jeûneurs concentrent ce qui reste de leur énergie sur les consensus, loin des zones de conflictualité et de dissensions. Les meetings politiques et les mobilisations sociales sont par essence des moments de confrontation, de dépenses somptuaires. Les réduire de manière sensible, et poser le curseur des argumentaires sur les idées et les visites de proximité, minimiseraient d’autant les envolées conflictuelles. Ce qui n’enlève en rien à l’expression des contenus, messages politiques, des programmes et des professions de foi. En somme, les élections auraient pu bien se tenir le 2 juillet, début présumé du Ramadan, sans rien gêner dans l’expression sincère de notre foi.
La décision du Président Sall a au moins l’heur d’éloigner la perspective d’un couplage des législatives avec les présidentielles de 2019. Cette crainte manifestée par les acteurs n’était pas insensée. Mais à coup sûr, une telle option susciterait une vague de réprobation populaire. Personne ne la comprendrait. Et surtout n’accepterait son découlement, la prolongation du mandat des députés et d’une législature incroyablement improductive, marquée par des écarts juridico-politiques d’une nature et d’un degré inestimables. Les Sénégalais dans leur grande majorité attendent avec une réelle impatience, la fin de cette législature et le choix de nouveaux élus, conscients de leur rôle de contrôle et d’initiatives parlementaires. En espérant que ces 165 élus seront plus enclins à consolider nos bases démocratiques qu’à s’enticher dans ces innommables combines politiciennes. Jamais l’image de l’assemblée nationale – en dépit de son contingent de diplômés- n’a été aussi dégradée. Jamais l’antiparlementarisme populaire, justifié par ces dérapages comportementaux et verbaux à répétition, cet absentéisme compulsif, cette faiblesse conceptuelle, cette absence d’idées et de contenus innovants, n’a été aussi prégnant. Et à raison !
En témoigne cette floraison de quolibets, les uns aussi sarcastiques que les autres : fontainiers de quartier, foire aux empoignes, gare routière, bataille de rabatteurs ou de chiffonniers, dormeurs du val, repaires de momies, etc. Il a manqué à cette législature, un vrai leadership indépendant et professionnel, comme l’histoire de cette honorable institution en a fourni dans le passé. Des députés compétents, éloquents, brillants et proactifs, souvent en difficulté avec le pouvoir exécutif même du temps du parti unique et de la démocratie encadrée. Qu’ils se nomment Obèye Diop, Mbaye Jacques Diop, Christian Valentin, Me Wade, Abdoulaye Makhtar Diop Ousmane Ngom, Abdourahim Agne plus récemment, ou encore Mamadou Lamine Diallo, Jean Paul ou Barthélémy Dias, Iba Der Thiam, Hélène Tine, Moustapha Diakhaté, peu importent leur appartenance politique ou leur obédience idéologique, se sont distingués par leur aptitude à assumer cette fonction dans la plénitude de ses exigences. Des présidents de l’assemblée, leaders charismatiques, comme Amadou Cissé Dia, Daouda Sow, Mamadou Seck, avaient fait montre d’une telle autorité qu’ils gardent encore l’estime des acteurs politiques et des citoyens.
Le vice-président de l’assemblée nationale et Grand Serigne, Abdoulaye Makhtar Diop aurait d’ailleurs beaucoup de tort à vouloir ignorer les impensables dérives de cette législature en mettant la présence de figures intellectuelles de haut niveau dont les idées n’auraient pas été correctement relayées par la presse. Faut-il lui rappeler que la RTS diffuse très largement les débats et que les journalistes couvrent quasi entièrement les sessions parlementaires. Ils font état des prestations oratoires les plus intéressantes, mais aussi les comportements les plus puérils des représentants du peuple.
Le Grand Serigne, symbole vivant de compétence et de professionnalisme doit-il noter que si tous les députés étaient à son image, ces diatribes antiparlementaires n’auraient pas lieu d’être. On en est bien loin assurément, hélas. C’est donc avec soulagement que les Sénégalais assisteront à la fin de cette législature qualifiée poliment de la plus faible dans l’histoire du Sénégal. Fort heureusement, le Président Sall n’aurait pas besoin de dissoudre l’Assemblée nationale après ce dépassement du délai de fin législature. Ouf… Les dispositions transitoires de la constitution révisée, écartent une éventuelle procédure de dissolution.
Les députés actuels ne pourront trouver aucune branche à laquelle s’accrocher pour allonger leur mandat et continuer de bénéficier de dividendes indus, compte tenu de leur faible niveau de production parlementaire et du sac de l’image de l’assemblée nationale dont ils sont coupables.
Au fond, cette annonce présidentielle arrange tout le gotha politique, qui piaffait d’impatience de voir enfin le calendrier électoral respecté. Le Président Sall n’a pas, fort heureusement franchi le Rubicon du couplage. C’en serait trop assurément ! La sagesse politique et le courage de résister aux appels de nombre de ses conseillers qui prodiguaient de tels conseils sont à saluer. Les conseilleurs ne sont pas les payeurs, et il est important que le Président Sall en eut conscience, à quelques semaines du triste anniversaire du 16 février 2016, quand il annonça à la face du monde incrédule, son fameux reniement.
La répétition d’une telle erreur, qui serait là une faute grave voire fatale, n’était pas admissible dans le contexte actuel, où l’embellie macroéconomique et la mise en œuvre progressive du PSE commencent à s’ancrer dans les esprits. En attendant, que les ménages en sentent les effets induits, de manière inclusive.
Toujours est-il que la classe politique ne se plaindrait pas certainement de l’annonce de la date du 30 juillet pour la tenue des élections législatives. Elle gagne trois semaines supplémentaires, pour mieux affuter ses armes. Et surtout mettre à profit, cette prolongation, pour affiner les nombreux et délicats arbitrages que les investitures et la constitution des listes vont probablement provoquer au sein des appareils et des partis.
La coalition Benno Bok Yakar, au pouvoir, sera la première à plébisciter le choix du 30 juillet. Traversée par des contradictions de toutes sortes et de toutes espèces, elle peine et peinera encore plus à dresser une liste, sans créer un nombre incalculable de frustrations dans ses rangs. Et surtout à l’intérieur de l’APR, parti dominant, sans structures élues, sans véritable autorité, minée par des querelles byzantines d’une rare virulence. Le tout dans un contexte d’explosion d’appétits aiguisés de pouvoir et souvent d’intolérance et de stigmatisation à l’encontre de leurs propres dirigeants. Incroyable, guerre de positionnement dans laquelle, certaines figures même au sein de cette formation à la recherche d’identité, y voient les prémisses d’une véritable guerre de succession, après 2024, fin du dernier mandat éventuel du Président.
Déjà, l’après Macky ! Enjeu de positionnement ? Elles seraient semble-t-il une quinzaine de personnalités de tous bords à avoir perdu le sommeil, à force d’y penser. On prête au frère du président Sall, Aliou Sall l’intention de prendre possession de la direction de l’APR. D’autres y voient une première marche vers la Primature. Qu’en sera—t-il, mystère et boule de gomme. Le choix du chef de liste de Benno Bock Yakar, va-t-elle permettre au Président de l’APR de s’inscrire dans une bonne diagonale politique et de la consolidation de l’APR dans le contrôle des institutions. Comment pourrait-il y arriver avec un choix d’hommes et de femmes, dont la loyauté et l’engagement ne sont pas teintés d’opportunisme. Le choix de cette tête liste devrait être guidée par la jeunesse, sources d’innovations créatrices, la compétence et l’expérience professionnelle, la probité morale venant se greffer à la confiance, l’engagement et la loyauté. Pour le regroupement de l’opposition ; Manko Wattu Sénégal, une seule phrase du président de l’ACT, l’ancien Premier ministre Abdou Mbaye, disant qu’elle ne saurait être une coalition électorale suffit à mesurer l’étendue des contradictions et les sombres perspectives d’entente. De là à conclure que ces législatives pourraient lui être fatales, ne serait pas du tout, un pari risqué.
Et il s’y ajoute simplement qu’au cours de ce temps de tolérance, de pardon, de communion et de solidarité, les jeûneurs concentrent ce qui reste de leur énergie sur les consensus, loin des zones de conflictualité et de dissensions. Les meetings politiques et les mobilisations sociales sont par essence des moments de confrontation, de dépenses somptuaires. Les réduire de manière sensible, et poser le curseur des argumentaires sur les idées et les visites de proximité, minimiseraient d’autant les envolées conflictuelles. Ce qui n’enlève en rien à l’expression des contenus, messages politiques, des programmes et des professions de foi. En somme, les élections auraient pu bien se tenir le 2 juillet, début présumé du Ramadan, sans rien gêner dans l’expression sincère de notre foi.
La décision du Président Sall a au moins l’heur d’éloigner la perspective d’un couplage des législatives avec les présidentielles de 2019. Cette crainte manifestée par les acteurs n’était pas insensée. Mais à coup sûr, une telle option susciterait une vague de réprobation populaire. Personne ne la comprendrait. Et surtout n’accepterait son découlement, la prolongation du mandat des députés et d’une législature incroyablement improductive, marquée par des écarts juridico-politiques d’une nature et d’un degré inestimables. Les Sénégalais dans leur grande majorité attendent avec une réelle impatience, la fin de cette législature et le choix de nouveaux élus, conscients de leur rôle de contrôle et d’initiatives parlementaires. En espérant que ces 165 élus seront plus enclins à consolider nos bases démocratiques qu’à s’enticher dans ces innommables combines politiciennes. Jamais l’image de l’assemblée nationale – en dépit de son contingent de diplômés- n’a été aussi dégradée. Jamais l’antiparlementarisme populaire, justifié par ces dérapages comportementaux et verbaux à répétition, cet absentéisme compulsif, cette faiblesse conceptuelle, cette absence d’idées et de contenus innovants, n’a été aussi prégnant. Et à raison !
En témoigne cette floraison de quolibets, les uns aussi sarcastiques que les autres : fontainiers de quartier, foire aux empoignes, gare routière, bataille de rabatteurs ou de chiffonniers, dormeurs du val, repaires de momies, etc. Il a manqué à cette législature, un vrai leadership indépendant et professionnel, comme l’histoire de cette honorable institution en a fourni dans le passé. Des députés compétents, éloquents, brillants et proactifs, souvent en difficulté avec le pouvoir exécutif même du temps du parti unique et de la démocratie encadrée. Qu’ils se nomment Obèye Diop, Mbaye Jacques Diop, Christian Valentin, Me Wade, Abdoulaye Makhtar Diop Ousmane Ngom, Abdourahim Agne plus récemment, ou encore Mamadou Lamine Diallo, Jean Paul ou Barthélémy Dias, Iba Der Thiam, Hélène Tine, Moustapha Diakhaté, peu importent leur appartenance politique ou leur obédience idéologique, se sont distingués par leur aptitude à assumer cette fonction dans la plénitude de ses exigences. Des présidents de l’assemblée, leaders charismatiques, comme Amadou Cissé Dia, Daouda Sow, Mamadou Seck, avaient fait montre d’une telle autorité qu’ils gardent encore l’estime des acteurs politiques et des citoyens.
Le vice-président de l’assemblée nationale et Grand Serigne, Abdoulaye Makhtar Diop aurait d’ailleurs beaucoup de tort à vouloir ignorer les impensables dérives de cette législature en mettant la présence de figures intellectuelles de haut niveau dont les idées n’auraient pas été correctement relayées par la presse. Faut-il lui rappeler que la RTS diffuse très largement les débats et que les journalistes couvrent quasi entièrement les sessions parlementaires. Ils font état des prestations oratoires les plus intéressantes, mais aussi les comportements les plus puérils des représentants du peuple.
Le Grand Serigne, symbole vivant de compétence et de professionnalisme doit-il noter que si tous les députés étaient à son image, ces diatribes antiparlementaires n’auraient pas lieu d’être. On en est bien loin assurément, hélas. C’est donc avec soulagement que les Sénégalais assisteront à la fin de cette législature qualifiée poliment de la plus faible dans l’histoire du Sénégal. Fort heureusement, le Président Sall n’aurait pas besoin de dissoudre l’Assemblée nationale après ce dépassement du délai de fin législature. Ouf… Les dispositions transitoires de la constitution révisée, écartent une éventuelle procédure de dissolution.
Les députés actuels ne pourront trouver aucune branche à laquelle s’accrocher pour allonger leur mandat et continuer de bénéficier de dividendes indus, compte tenu de leur faible niveau de production parlementaire et du sac de l’image de l’assemblée nationale dont ils sont coupables.
Au fond, cette annonce présidentielle arrange tout le gotha politique, qui piaffait d’impatience de voir enfin le calendrier électoral respecté. Le Président Sall n’a pas, fort heureusement franchi le Rubicon du couplage. C’en serait trop assurément ! La sagesse politique et le courage de résister aux appels de nombre de ses conseillers qui prodiguaient de tels conseils sont à saluer. Les conseilleurs ne sont pas les payeurs, et il est important que le Président Sall en eut conscience, à quelques semaines du triste anniversaire du 16 février 2016, quand il annonça à la face du monde incrédule, son fameux reniement.
La répétition d’une telle erreur, qui serait là une faute grave voire fatale, n’était pas admissible dans le contexte actuel, où l’embellie macroéconomique et la mise en œuvre progressive du PSE commencent à s’ancrer dans les esprits. En attendant, que les ménages en sentent les effets induits, de manière inclusive.
Toujours est-il que la classe politique ne se plaindrait pas certainement de l’annonce de la date du 30 juillet pour la tenue des élections législatives. Elle gagne trois semaines supplémentaires, pour mieux affuter ses armes. Et surtout mettre à profit, cette prolongation, pour affiner les nombreux et délicats arbitrages que les investitures et la constitution des listes vont probablement provoquer au sein des appareils et des partis.
La coalition Benno Bok Yakar, au pouvoir, sera la première à plébisciter le choix du 30 juillet. Traversée par des contradictions de toutes sortes et de toutes espèces, elle peine et peinera encore plus à dresser une liste, sans créer un nombre incalculable de frustrations dans ses rangs. Et surtout à l’intérieur de l’APR, parti dominant, sans structures élues, sans véritable autorité, minée par des querelles byzantines d’une rare virulence. Le tout dans un contexte d’explosion d’appétits aiguisés de pouvoir et souvent d’intolérance et de stigmatisation à l’encontre de leurs propres dirigeants. Incroyable, guerre de positionnement dans laquelle, certaines figures même au sein de cette formation à la recherche d’identité, y voient les prémisses d’une véritable guerre de succession, après 2024, fin du dernier mandat éventuel du Président.
Déjà, l’après Macky ! Enjeu de positionnement ? Elles seraient semble-t-il une quinzaine de personnalités de tous bords à avoir perdu le sommeil, à force d’y penser. On prête au frère du président Sall, Aliou Sall l’intention de prendre possession de la direction de l’APR. D’autres y voient une première marche vers la Primature. Qu’en sera—t-il, mystère et boule de gomme. Le choix du chef de liste de Benno Bock Yakar, va-t-elle permettre au Président de l’APR de s’inscrire dans une bonne diagonale politique et de la consolidation de l’APR dans le contrôle des institutions. Comment pourrait-il y arriver avec un choix d’hommes et de femmes, dont la loyauté et l’engagement ne sont pas teintés d’opportunisme. Le choix de cette tête liste devrait être guidée par la jeunesse, sources d’innovations créatrices, la compétence et l’expérience professionnelle, la probité morale venant se greffer à la confiance, l’engagement et la loyauté. Pour le regroupement de l’opposition ; Manko Wattu Sénégal, une seule phrase du président de l’ACT, l’ancien Premier ministre Abdou Mbaye, disant qu’elle ne saurait être une coalition électorale suffit à mesurer l’étendue des contradictions et les sombres perspectives d’entente. De là à conclure que ces législatives pourraient lui être fatales, ne serait pas du tout, un pari risqué.
Momar Seyni Ndiaye