L’incident est survenu quand le maître des poursuites enchainait des questions concernant le mécanisme de circulation des fonds de la caisse d’avance entre le percepteur municipal et le maire en dépit du refus de Khalifa Sall de s’y prononcer. Agacé par cette attitude de Serigne Bassirou Gueye, le maire de Dakar lui demande alors : «pourquoi il n’avait pas instruit ce dossier à charge et à décharge». «Je ne veux pas répondre à cette question », réplique le procureur qui ajoute : «Je pose des questions pour que tout soit clair afin que je puisse rentrer chez moi et dormir tranquille». Revenant à la charge, Khalifa Sall rétorque alors, «Si vous le dites, c’est parce que vous avez un problème quelque part».
Une réponse qui a fini pour pousser Serigne Bassirou Gueye à sortir de sa réserve pour accuser : «Moi, je n’ai pas de problème. Celui qui a un problème ici, c’est celui qui est attrait à la barre pour avoir détourné les fonds destinés à la population».
«Je n’ai pas et je n’ai jamais dé- tourné de l’argent», réplique Khalifa Ababacar Sall. Mais à peine qu’il termine son propos, Me Fofana du barreau de Bamako, membre du collectif des avocats de la défense, surgit et fait remarquer à son tour à Serigne Bassirou Gueye que son client est toujours présumé innocent et en tant que procureur de la République, il n’avait pas le droit de porter cette accusation.
Une remarque que le concerné n’a pas bien accueilli, puisque revenant à la charge, Serigne Bassirou Gueye toujours sur un ton colérique, fait savoir à l’avocat de la défense que c’est lui qui a la parole par conséquent, il doit se taire. «Je suis un acteur de la justice comme vous.
Vos menaces, vous les gardez pour vous», réplique à son tour Me Fofana. Prenant alors la parole, le juge Mlaick Lamotte, a invité l’ancien ministre de la Justice, garde des Sceaux de la Ré- publique du Mali au calme. Mais prenant à nouveau la parole, Me Fofana déclare : «Je suis choqué président par l’attitude du procureur vis-à-vis de moi, il doit apprendre à respecter les droits de la défense, il ne lui appartient pas de déclarer coupable mon client à la place du tribunal». Revenant à la charge, le président du tribunal soulignant que le «plus important, c’est de convaincre le tribunal», a insisté sur la nécessité pour les acteurs de garder le calme pour permettre au tribunal de faire convenablement son travail.
«Je n’ai pas à demander au procureur de passer par moi pour poser ses questions, mais il doit éviter de commenter ses questions. Il est de notre intérêt, nous tous, que les débats se déroulent dans un climat de sé- rénité pour permettre au tribunal d’entendre tout le monde pour pouvoir fonder sa décision», explique le juge Malick Lamotte avant de donner la parole au procureur pour poursuivre son interrogation.
Prenant la parole le procureur a expliqué qu’il connaissait les règles du jeu qui interdisent au prévenu de poser les questions au procureur, mais qu’il constate que cela n’était pas le cas dans cette affaire en précisant à l’endroit du député-maire de Dakar : «Vous êtes mon grand frère et je n’ai pas cherché à vous attaquer». «Moi, non plus, je ne vous ai pas attaqué», rétorque Khalifa Ababacar Sall.
LEs témoIns REnvoyés Au vEndREdI mAtIn Convoqué à l’audience d’hier, mercredi 7 février, les 22 té- moins cités dans l’affaire de la caisse d’avance de la mairie de Dakar n’ont pas été entendus comme prévus. Aussitôt après l’ouverture de l’audience, le président du tribunal correctionnel rappelant les dispositions de l’article 409 qui stipule que, le tribunal pose directement les questions aux prévenus de même que le procureur de la République, mais que les avocats devraient passer par le tribunal pour poser leurs questions, a renvoyé l’audition des témoins au vendredi 9 février prochain. Le juge Mlaick Lamotte pour justifier cette décision du tribunal de procéder à l’application de l’article 409, il a indiqué que c’est pour éviter les incidents notés au cours de ces derniers jours d’audience. «Le tribunal a décidé d’exercer pleinement ses pouvoirs pour assurer un bon déroulement des débats», a-t-il fait remarquer.