J’ai, personnellement, un devoir de témoignage vis-à-vis du parrainage aux élections. Nous avons concrètement vécu le parrainage lors des élections législatives du 30 juillet 2017 sous la bannière du mouvement indépendant «Defar Senegaal».
La loi nous exigeait, en tant que candidats indépendants, de rassembler 0,5% de signatures de l’ensemble du fichier des électeurs inscrits répartis sur au moins la moitié des régions du pays. Ce qui revenait à 30.000 signatures environ dans sept régions. Nous en avions récolté 49.217, déposées et validées.
Ce fut une très riche expérience, nous ayant permis d’être en contact direct avec tant de Sénégalais de tant de couches et contrées différentes. Nous avons expérimenté et corrigé des méthodes, mis en place des stratégies et des tactiques pour aboutir à ce résultat.
Reconnaissance et gratitude à toutes les équipes qui ont rendu cela possible et à tous les signataires qui ont parrainé la première candidature indépendante aux élections législatives de l’histoire du Sénégal.
Le parrainage aux élections comble un grand gap : l’absence d’éducation politique des masses, tâche que devaient accomplir les formations politiques, en permanence. L’éveil et la participation politiques sont des conditions incontournables de la réussite du vouloir-vivre commun. A défaut, une confiscation de fait s’opère par les élites politiciennes tendant à se reproduire sans cesse. Aller voir les populations, leur présenter son offre politique, les convaincre de signer pour vous peuvent jouer un grand rôle en cela. Sous ces rapports, le parrainage est une excellente chose.
Là où cela est fâcheux, c’est quand le parrainage est utilisé comme arme pour écarter des concurrents et rendre la vie plus difficile à d’autres. Le projet de loi sur le parrainage qui doit être soumis au vote à l’Assemblée nationale ce jeudi 19 avril 2018 est une révision «déconsolidante» de la Constitution, pour paraphraser l’actuel ministre de la Justice.
Le président de la République qui pousse cette loi sait qu’il peut facilement réunir les signatures requises car ayant la force du pouvoir, ce qui n’est pas le cas pour tous les prétendants à la magistrature suprême ; la loi électorale ne devrait pas être révisée à dix mois de l’élection présidentielle dans le sens de filtrer les candidats, contrairement à la lettre et l’esprit du préambule de notre Charte fondamentale qui bannit toute forme de barrières aux citoyens, en consacrant «l’accès de tous les citoyens, sans discrimination, à l’exercice du pouvoir à tous les niveaux».
Le parrainage permettrait aussi au parti de pouvoir de disposer d’informations capitales sur qui veut voter pour qui et procéder ainsi à des «réglages». «Celui qui vote ne fait rien, c’est celui qui compte les votes qui fait tout», disait Josef Staline. Ne suffit-il pas au parti au pouvoir d’avoir l’organisateur des élections, le ministre de l’Intérieur, membre de son Comité directeur, déclarer haut et fort : «J’ai la ferme intention de faire gagner Macky Sall au premier tour de la présidentielle» ?
Il est si facile de réguler la participation politicienne au Sénégal : il suffit que le ministère de l’Intérieur fasse son travail en demandant à toutes les formations politiques de se conformer à la loi ou d’être interdites (avoir un siège, déposer un rapport d’activités, produire des états financiers annuels). Même le parti au pouvoir ne s’y conforme pas.
Les tensions nées de cette loi et les passes d’armes orales stériles qui s’en suivent participent toutes d’un même cycle sans fin de politique politicienne très éloignée des véritables préoccupations et enjeux du Sénégal et du monde d’aujourd’hui et de demain.
Mamadou Sy TOUNKARA
La loi nous exigeait, en tant que candidats indépendants, de rassembler 0,5% de signatures de l’ensemble du fichier des électeurs inscrits répartis sur au moins la moitié des régions du pays. Ce qui revenait à 30.000 signatures environ dans sept régions. Nous en avions récolté 49.217, déposées et validées.
Ce fut une très riche expérience, nous ayant permis d’être en contact direct avec tant de Sénégalais de tant de couches et contrées différentes. Nous avons expérimenté et corrigé des méthodes, mis en place des stratégies et des tactiques pour aboutir à ce résultat.
Reconnaissance et gratitude à toutes les équipes qui ont rendu cela possible et à tous les signataires qui ont parrainé la première candidature indépendante aux élections législatives de l’histoire du Sénégal.
Le parrainage aux élections comble un grand gap : l’absence d’éducation politique des masses, tâche que devaient accomplir les formations politiques, en permanence. L’éveil et la participation politiques sont des conditions incontournables de la réussite du vouloir-vivre commun. A défaut, une confiscation de fait s’opère par les élites politiciennes tendant à se reproduire sans cesse. Aller voir les populations, leur présenter son offre politique, les convaincre de signer pour vous peuvent jouer un grand rôle en cela. Sous ces rapports, le parrainage est une excellente chose.
Là où cela est fâcheux, c’est quand le parrainage est utilisé comme arme pour écarter des concurrents et rendre la vie plus difficile à d’autres. Le projet de loi sur le parrainage qui doit être soumis au vote à l’Assemblée nationale ce jeudi 19 avril 2018 est une révision «déconsolidante» de la Constitution, pour paraphraser l’actuel ministre de la Justice.
Le président de la République qui pousse cette loi sait qu’il peut facilement réunir les signatures requises car ayant la force du pouvoir, ce qui n’est pas le cas pour tous les prétendants à la magistrature suprême ; la loi électorale ne devrait pas être révisée à dix mois de l’élection présidentielle dans le sens de filtrer les candidats, contrairement à la lettre et l’esprit du préambule de notre Charte fondamentale qui bannit toute forme de barrières aux citoyens, en consacrant «l’accès de tous les citoyens, sans discrimination, à l’exercice du pouvoir à tous les niveaux».
Le parrainage permettrait aussi au parti de pouvoir de disposer d’informations capitales sur qui veut voter pour qui et procéder ainsi à des «réglages». «Celui qui vote ne fait rien, c’est celui qui compte les votes qui fait tout», disait Josef Staline. Ne suffit-il pas au parti au pouvoir d’avoir l’organisateur des élections, le ministre de l’Intérieur, membre de son Comité directeur, déclarer haut et fort : «J’ai la ferme intention de faire gagner Macky Sall au premier tour de la présidentielle» ?
Il est si facile de réguler la participation politicienne au Sénégal : il suffit que le ministère de l’Intérieur fasse son travail en demandant à toutes les formations politiques de se conformer à la loi ou d’être interdites (avoir un siège, déposer un rapport d’activités, produire des états financiers annuels). Même le parti au pouvoir ne s’y conforme pas.
Les tensions nées de cette loi et les passes d’armes orales stériles qui s’en suivent participent toutes d’un même cycle sans fin de politique politicienne très éloignée des véritables préoccupations et enjeux du Sénégal et du monde d’aujourd’hui et de demain.
Mamadou Sy TOUNKARA