L’accusation du Groupement des armateurs et industriels de la pêche au Sénégal (GAIPES) selon laquelle le ministre de la Pêche et de l’Economie maritime, Alioune Ndoye, envisagerait d’octroyer 52 licences de pêche à des navires chinois a réussi à s’imposer dans l’actualité dominée par le Covid19.
Accusations et démentis voire contre-accusations entre le Gaipes et le ministère de la Pêche rythment la chronique, avec des balles perdues sur Le Témoin. Votre quotidien serait en effet traîné à la barre du tribunal par le ministre des Pêches pour diffamation après « l’exploitation insidieuse » de la lettre ouverte du GAIPES dans nos colonnes. En attendant cette comparution, Le Témoin est en mesure de dire que sur ces 52 licences, le ministre Alioune Ndoye a au moins signé une nouvelle licence pour « un navire chinois ».
Alors que le ministre de la Pêche a sorti ses torpilles contre le GAIPES et surtout contre les journalistes ayant une « manière particulière » de traiter les informations, il ne peut évidemment pas éviter le débat sur la gestion de nos maigres ressources halieutiques. Une gestion marquée par un pillage systématique de ces ressources halieutiques, de cet véritable « or bleu », par des navires étrangers. Un débat récurrent depuis le règne des socialistes. On se rappelle notamment la fameuse affaire des licences de pêche brandie par les libéraux nouvellement arrivés au pouvoir pour gêner aux entournures Ousmane Tanor Dieng, l’alors tout-puissant secrétaire général du Parti socialiste (Ps). Il y a eu aussi les accusations lancées à l’époque par le même Gaipes contre le ministre Khoureychi Thiam, lui aussi accusé de vendre des licences de pêche à des armateurs étrangers… Pour dire que la vente de licences de pêche à des navires étrangers est devenue une problématique nationale.
Pour en revenir à M. Alioune Ndoye, en niant avec force la signature de 52 licences de pêche au profit de navires chinois, le ministre de la Pêche qu’il est n’a visiblement pas dit la vérité aux Sénégalais, mais aussi au Président Macky Sall. En effet, le ministre a au moins signé à la date du 17 avril 2020 une licence de pêche Démersale profonde pour le navire chinois Fu YUAN Yu 9889, le numéro d’immatriculation est DAK 1335, l’option de pêche reste du chalutier poissonnier, une jauge brute 297 TJb, une longueur hors Tout 41,90m.
Seulement voilà, la nationalité du Fu YUAN Yu est… sénégalaise, selon le document parcouru pour votre serviteur. Justement, à quel moment ce bateau est-il entré dans le pavillon Sénégal ? Mais ce qui est le plus curieux, voire scandaleux, c’est que le Fu YUAN Yu 9889 fait partie de la flotte de la compagnie Univers Pêche. Laquelle est une société à responsabilité limitée qui a aussi soumis une demande de licences pour neuf autres navires s’appelant Fu YUAN Yu (933, 945, 946, 935, 927, 928, 929, 930,679) et a obtenu sa licence directement du ministre Alioune Ndoye. Autrement dit, notre honorable ministre a contourné la Commission consultative d’attribution des licences de pêche qui devait se réunir en consultation à distance à partir de lundi 13 avril.
Or, d’après des sources bien renseignées du Témoin, cette commission présidée par le directeur des Pêches maritimes ne s’est pas encore réunie pour procéder à l’attribution de licences. Ce qui n’a pas empêché le ministre à l’honneur à 500 millions de balles, — pardon, au franc symbolique ! — à octroyer directement une licence au Fu YUAN Yu 9889. Une violation flagrante du Code de la pêche qui fait de la Commission une étape obligatoire avant l’octroi d’une quelconque licence de pêche. La Commission est en effet chargée de donner des avis motivés sur « toute question relative à l’octroi de licences de pêche à des navires de pêche industrielle qui lui est soumise par le Ministre chargé de la Pêche maritime, toute demande de licence d’un navire qui opère pour la première fois dans les eaux sous juridiction sénégalaise, toute demande de licence d’un navire immobilisé pendant une période de plus de trente (30) mois, toute suspension ou retrait de licence pour des motifs liés à l’exécution des plans d’aménagement des pêcheries adoptés et approuvés, ou d’une évolution imprévisible de l’état des stocks concernés ».
Malgré une bonne disponibilité du pavillon national, le gouvernement a continué à creuser l’effort de pêche en offrant nos ressources halieutiques aux étrangers. Le nombre de licences délivrées est passé de 118 en 2009 à 199 en 2019, soit une hausse de plus de 68,4 %. Ces licences ont été délivrées à des navires sénégalais (154), cap-verdiens (01), européens (32) et gambiens (12). Cette hausse a été accentuée par la signature de l’Accord de partenariat dans le domaine de la pêche durable entre le Sénégal et l’UE et l’Accord de pêche entre le Sénégal et la Gambie. Ces deux accords ont permis à des navires européens et gambiens de pêcher dans les eaux sous juridiction sénégalaise. En admettant que c’est seulement une licence qui a été signée, on attend de voir la suite réservée aux 51 autres demandes de licences chinoises par le ministre Alioune Ndoye.
Les acteurs du secteur parlent de près de 49 navires introduits dans le pavillon au cours de ces trois dernières selon le même procédé. Il est vrai que M. Alioune Ndoye n’est aux affaires que depuis quelques mois mais lui aussi a eu à octroyer des licences à des navires étrangers ! Les acteurs du secteur demandent juste que la lumière soit faite sur le nombre exact de licences octroyées au cours des dernières années.
Le Témoin
Accusations et démentis voire contre-accusations entre le Gaipes et le ministère de la Pêche rythment la chronique, avec des balles perdues sur Le Témoin. Votre quotidien serait en effet traîné à la barre du tribunal par le ministre des Pêches pour diffamation après « l’exploitation insidieuse » de la lettre ouverte du GAIPES dans nos colonnes. En attendant cette comparution, Le Témoin est en mesure de dire que sur ces 52 licences, le ministre Alioune Ndoye a au moins signé une nouvelle licence pour « un navire chinois ».
Alors que le ministre de la Pêche a sorti ses torpilles contre le GAIPES et surtout contre les journalistes ayant une « manière particulière » de traiter les informations, il ne peut évidemment pas éviter le débat sur la gestion de nos maigres ressources halieutiques. Une gestion marquée par un pillage systématique de ces ressources halieutiques, de cet véritable « or bleu », par des navires étrangers. Un débat récurrent depuis le règne des socialistes. On se rappelle notamment la fameuse affaire des licences de pêche brandie par les libéraux nouvellement arrivés au pouvoir pour gêner aux entournures Ousmane Tanor Dieng, l’alors tout-puissant secrétaire général du Parti socialiste (Ps). Il y a eu aussi les accusations lancées à l’époque par le même Gaipes contre le ministre Khoureychi Thiam, lui aussi accusé de vendre des licences de pêche à des armateurs étrangers… Pour dire que la vente de licences de pêche à des navires étrangers est devenue une problématique nationale.
Pour en revenir à M. Alioune Ndoye, en niant avec force la signature de 52 licences de pêche au profit de navires chinois, le ministre de la Pêche qu’il est n’a visiblement pas dit la vérité aux Sénégalais, mais aussi au Président Macky Sall. En effet, le ministre a au moins signé à la date du 17 avril 2020 une licence de pêche Démersale profonde pour le navire chinois Fu YUAN Yu 9889, le numéro d’immatriculation est DAK 1335, l’option de pêche reste du chalutier poissonnier, une jauge brute 297 TJb, une longueur hors Tout 41,90m.
Seulement voilà, la nationalité du Fu YUAN Yu est… sénégalaise, selon le document parcouru pour votre serviteur. Justement, à quel moment ce bateau est-il entré dans le pavillon Sénégal ? Mais ce qui est le plus curieux, voire scandaleux, c’est que le Fu YUAN Yu 9889 fait partie de la flotte de la compagnie Univers Pêche. Laquelle est une société à responsabilité limitée qui a aussi soumis une demande de licences pour neuf autres navires s’appelant Fu YUAN Yu (933, 945, 946, 935, 927, 928, 929, 930,679) et a obtenu sa licence directement du ministre Alioune Ndoye. Autrement dit, notre honorable ministre a contourné la Commission consultative d’attribution des licences de pêche qui devait se réunir en consultation à distance à partir de lundi 13 avril.
Or, d’après des sources bien renseignées du Témoin, cette commission présidée par le directeur des Pêches maritimes ne s’est pas encore réunie pour procéder à l’attribution de licences. Ce qui n’a pas empêché le ministre à l’honneur à 500 millions de balles, — pardon, au franc symbolique ! — à octroyer directement une licence au Fu YUAN Yu 9889. Une violation flagrante du Code de la pêche qui fait de la Commission une étape obligatoire avant l’octroi d’une quelconque licence de pêche. La Commission est en effet chargée de donner des avis motivés sur « toute question relative à l’octroi de licences de pêche à des navires de pêche industrielle qui lui est soumise par le Ministre chargé de la Pêche maritime, toute demande de licence d’un navire qui opère pour la première fois dans les eaux sous juridiction sénégalaise, toute demande de licence d’un navire immobilisé pendant une période de plus de trente (30) mois, toute suspension ou retrait de licence pour des motifs liés à l’exécution des plans d’aménagement des pêcheries adoptés et approuvés, ou d’une évolution imprévisible de l’état des stocks concernés ».
Malgré une bonne disponibilité du pavillon national, le gouvernement a continué à creuser l’effort de pêche en offrant nos ressources halieutiques aux étrangers. Le nombre de licences délivrées est passé de 118 en 2009 à 199 en 2019, soit une hausse de plus de 68,4 %. Ces licences ont été délivrées à des navires sénégalais (154), cap-verdiens (01), européens (32) et gambiens (12). Cette hausse a été accentuée par la signature de l’Accord de partenariat dans le domaine de la pêche durable entre le Sénégal et l’UE et l’Accord de pêche entre le Sénégal et la Gambie. Ces deux accords ont permis à des navires européens et gambiens de pêcher dans les eaux sous juridiction sénégalaise. En admettant que c’est seulement une licence qui a été signée, on attend de voir la suite réservée aux 51 autres demandes de licences chinoises par le ministre Alioune Ndoye.
Les acteurs du secteur parlent de près de 49 navires introduits dans le pavillon au cours de ces trois dernières selon le même procédé. Il est vrai que M. Alioune Ndoye n’est aux affaires que depuis quelques mois mais lui aussi a eu à octroyer des licences à des navires étrangers ! Les acteurs du secteur demandent juste que la lumière soit faite sur le nombre exact de licences octroyées au cours des dernières années.
Le Témoin