« Une parole pathologiquement instable et un discours spécieux et apocryphe instillent le doute et sèment le trouble dans les esprits ».
Monsieur le Président de la République,
Permettez à ma très modeste et insignifiante personne de s’associer à vous pour présenter ses très sincères condoléances à toutes les familles sénégalaises ayant perdu un être cher dans les récentes inondations qui ont plongé le pays dans une situation de calamité indescriptible. Je disais récemment dans une contribution qui m’avait valu une convocation à la DIC qu’il faut être doté de certaines qualités et imbu de certaines valeurs pour être un bon Président de la république ; ainsi avais-je cité la compétence, l’efficacité, le courage dans les prises de décisions, l’honnêteté, le sens de la justice, de l’éthique et de la morale dont on dit qu’elles constituent l’âme de l’Etat. A cela, il faut ajouter beaucoup d’empathie envers son peuple. Pour ce dernier aspect, je constate, malheureusement, et certainement avec beaucoup de Sénégalais, que vous semblez en manquer ; ce n’est qu’une impression fortifiée par votre démarche. A votre empathie apparente se greffe une condescendance envers les Sénégalais. La condescendance, la morgue, l’orgueil ainsi que l’arrogance ont en commun de toujours de toujours perdre ceux qui s’en prévalent.
Monsieur le Président de la République, comment avez-vous pu prendre tranquillement l’avion pour vous envoler quelque part dans le continent alors que votre pays que voulez émergent est profondément immergé dans les eaux de pluies, alors que votre vaillant peuple vit dans le désarroi, se trouve dans une détresse incommensurable et connait un des moments les plus catastrophiques de sa récente histoire ? Pendant que vous étiez dans les airs, peut-être dans l’espace aérien du Mali, les Sénégalais souhaitaient très vivement et ardemment vous sentir à leur coté parce que, tout simplement et le plus normalement du monde, voyant en vous le dépositaire de leur salut. Votre présence physique les aurait confortés, encouragés et rassurés ; ils pourraient ainsi dire, avec fierté, que l’homme auquel nous avons confié les destinées du pays ne nous a point abandonnés, délaissés et laissés à la merci des intempéries et à la furie des eaux.
Monsieur le Président de la République, j’ai constaté, et certainement d’autres compatriotes avec moi, qu’à chaque fois que vous subodorez d’éventuels remous, des velléités de manifestations et des mouvements d’humeur de la part des populations, vous trouvez toujours un bon prétexte, une occasion pour précipitamment quitter le pays. C’est peut-être un hasard ; mais, à mon avis, un tel comportement ne sied pas à une autorité qui doit être prête et préparée à affronter toutes sortes de défis, à consentir tous les sacrifices nécessaires, même physiques, non seulement pour défendre son pays et protéger ses populations mais aussi pour le maintien et la garantie de la stabilité, de la tranquillité et de la paix sociales. En donnant la désagréable impression de fuir devant l’adversité, je me garderais de dire que c’est réellement le cas, vous pourriez faire croire à certains de vos concitoyens que peu vous chaut le sort de votre pays.
Monsieur le Président de la République, de retour de voyage vous avez pris la très bonne initiative de vous adresser à vos compatriotes pour évoquer le problème crucial de l’heure, c’est-à-dire les inondations. Alors que l’on s’attendait à une adresse intelligente d’une grande et grave solennité, compte bien tenu de l’ampleur du malheur, vous nous avez servi un discours d’une banale tonalité, fade, sans hauteur ni dépassement, à la limite de la désinvolture. Au lieu de reconnaitre, honnêtement et en toute responsabilité, les manquements et les dysfonctionnements au niveau de l’Etat et de venir à résipiscence, ce qui n’aurait fait que redorer votre image, vous vous êtes évertué à exclure toute responsabilité de votre gouvernement, en développant des arguties et un argumentaire simpliste à caractère, parfois, fataliste. Pour justifier l’impéritie de votre gouvernement de dormeurs, de noceurs, d’incompétents et d’incapables, vous avez d’abord évoqué les changements climatiques et ensuite fustiger l’indiscipline de vos compatriotes. Le directeur général de l’ONAS a, de manière méprisante, mis tous nos problèmes d’assainissements sur le dos des Sénégalais qu’il accuse d’avoir une tendance exacerbée à vouloir toujours procréer sans limite. C’est à croire que la grande majorité de vos cadres est constituée d’imbéciles à la cervelle de moineau ne pouvant débiter que des idioties et des sornettes.
Monsieur le Président de la République, ma très modeste et insignifiante personne s’associe encore à vous pour condamner ce qui s’est passé au Mali voisin avec la destitution de votre frère et ami, le Président Ibrahima Boubacar KEITA. Qu’on le veuille ou non, il s’agit bel et bien d’un coup d’Etat, peut-être « soft », mais un coup d’Etat quand même. Permettez-moi d’exprimer, d’abord, un coup de cœur par rapport à la situation actuelle. Il ne s’agira pas pour moi de jeter l’anathème sur les jeunes officiers qui ont courageusement assumé leurs responsabilités. On nous parle de rétablissement de l’ordre constitutionnel ou institutionnel, c’est selon. Mais enfin, de quel ordre parle-t-on ? Un ordre bafoué, piétiné, avili et trahi par le Président Ibrahima Boubacar Keita qui a commis toutes sortes de forfaitures politiques pour se maintenir au pouvoir. Le Président IBK a instauré un régime autocratique, népotique, clanique et familial ou les différents membres se livraient à la luxure et avaient un penchant prononcé pour le luxe. Avec IBK ce sont des détournements de deniers publics aussi bien de la part de responsables civils que de hauts gradés de la hiérarchie militaire, toutes les formes de prévarications et de malversations ; la vassalisation de toutes les institutions, notamment une cour constitutionnelle corrompue et une assemblée nationale croupion présidée par un usurpateur. Pendant ce temps des militaires patriotes et engagés aux différents fronts se faisaient tuer, amputer faute d’équipements adéquats.-
Monsieur le Président de la République, devant une telle situation de désagrégation jamais atteinte dans leur pays, les populations maliennes, dépitées et excédées, se sont massivement soulevées pour y mettre un terme. Les forces de défense et de sécurité qui ont pour missions essentielles, on semble ou feint de l’oublier, de défendre l’intégralité du pays, de veiller à la stabilité et à la solidité des institutions à travers un jeu démocratique respectueux des valeurs et principes républicains, n’ont fait que parachever une crise qui avait atteint son point paroxystique. Les militaires ont agi ainsi pour mettre un terme à l’anarchie et au désordre institutionnel créés par le Président IBK et éviter que leur pays dont ils sont amoureux et fiers ne sombre dans le chaos. Leur action a pris la forme d’un coup d’état, certes condamnable sur le principe mais tout aussi salutaire parce que tout simplement libérateur d’un peuple subissant les affres d’une ploutocratie éhontée, avide, cupide, arrogante, peu soucieuse des intérêts des maliens et totalement indifférente à leurs légitimes aspirations de vivre à l’abri du besoin et de la peur, dans un environnement sécurisé, de tranquillité publique et de paix sociale. Mon coup de gueule porte sur les orientations que semblent prendre les auteurs du coup d’état ; chasser IBK, ne devrait etre qu’une première étape. Une autre étape, qui ne me parait pas trop visible et qui est tout aussi crucial, est de traduire en justice tous les malfaiteurs, prévaricateurs et autres détourneurs de deniers publics ; sinon le combat aura perdu tout son sens.
Monsieur le Président de la République, la communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) s’est très tôt engagée pour gérer la crise malienne avec des initiatives malheureuses et pas réalistes, souvent dictées par les intérêts crypto personnels des dirigeants des pays qui la composent. Les Présidents Alassane Ouattara et Alpha Condé ont très tôt voulu faire adopter une ligne dure et sans concession aucune, tout simplement, parce qu’il y a dans chacun de leurs pays respectifs les prémices du syndrome malien. ILs ont voulu pousser la CEDEAO à agir sans délai et vigoureusement pour conjurer toutes tentatives de mutinerie ou tout risque de contagion chez eux. Vous avez été d’une grande lucidité en vous y opposant avec fermeté et en proposant que la question soit examinée de manière sereine et judicieuse pour éviter de faire subir au peuple malien les conséquences néfastes d’une répression irréfléchie, je vous en félicite honnêtement. Il y a que la CEDEAO souffre congénitalement et originellement d’un très grave déficit de crédibilité dans la mesure où certains de ses émissaires avaient perdu toute légitimité aux yeux des maliens ; il s’agit du Président Alassane Ouattara et de vous-même. La Cote d’Ivoire et le Sénégal, évoquant opportunément et hypocritement leur souveraineté nationale, n’avaient-ils pas, bruyamment, ostensiblement et gaillardement refusé de se soumettre aux décisions de l’organe communautaire ? Cela n’était-il pas un défi humiliant qui a beaucoup entamé la crédibilité de la CEDEAO ? Il y a beaucoup contradictions, de paradoxes et de gamineries dans le comportement de nos roitelets d’Afrique de l’ouest. L’organe communautaire devrait etre rebaptisé, communauté des dictateurs des Etas de l’Afrique de l’ouest (CDEAO).
Monsieur le Président de la République, au Mali, les jeunes officiers qui ont renversé votre ami et non moins frère Ibrahima Boubacar Keita, n’ont fait que concrétiser l’inextinguible, ardent et pressant désir du vaillant et brave peuple de se débarrasser d’un système autocratique et ploutocratique qui y sévissait et qui, à bien des égards, présentent quelques similitudes avec ce qui se passe dans notre pays. L’éveil des consciences va inéluctablement susciter une véritable prise de conscience des populations ouest africaines longtemps spoliées, brimées et exploitées, sur la nécessité de prendre leurs destins en main. Aucune force, si puissamment armée soit-elle, aucun soutien extérieur, ne pourra résister à la détermination, encore moins, à la furie d’un peuple décidé à s’affranchir, à se libérer du joug dictatorial de ses dirigeants tyranniques. Aujourd’hui, heureusement qu’une tendance dans ce sens s’affirme davantage, la CEDEAO doit s’imposer comme agenda politique prioritaire le bannissement du troisième mandat dans son espace. Vos collègues de la Cote d’ivoire et de la Guinée se sont engagés dans la quête d’un troisième mandat en marchant sur des cadavres.
Monsieur le Président de la République, il vous est prêté la très forte intention de vouloir solliciter un troisième mandat, ce qui serait en totale et profonde contradiction avec vos propos et engagements d’antan. Après avoir déclaré, sans équivoque, que le présent mandat (2019-2024) sera votre dernier mandat, vous semblez vouloir revenir sur votre parole. Votre fameuse réponse de ni oui ni non n’est qu’une extraordinaire reculade qui pourrait relever du parjure. « La parole c’est l’homme » dit un proverbe ; et celle d’un Président de la République, émanation du pouvoir divin chez nous en Afrique, a une valeur sacrée. C’est très regrettable de le dire, votre parole est réputée d’une instabilité pathologique chronique ; et s’il faut maintenant y ajouter un discours apocryphe et spécieux, cela ne peut qu’instiller le doute et semer le trouble dans l’esprit de vos concitoyens. Un Président de la République doit entretenir avec ses concitoyens qui ne sont pas ses sujets et dont il n’est que le délégataire des relations de confiance absolue fondées sur la transparence, la vérité, la sincérité et l’honnêteté. Il doit s’interdire de louvoyer avec son peuple, il ne doit pas ériger l’effet de surprise comme mode de comportement, de fonctionnement et de gestion de la chose publique. Ses paroles, actes ou actions ne doivent laisser subsister le moindre doute quant à ses véritables intentions et sur ses véritables objectifs. Le Sénégal, sous votre magistère, a connu et vit un recul démocratique sans précèdent ; pour preuve, le calendrier républicain des élections est devenu erratique, vous seul, sur les quinze millions de Sénégalais, le maitrise. N’est-ce pas ahurissant et effarant ?
Vous ne pouvez pas avoir un troisième mandat et vous ne l’aurez pas, c’est clair, tenez-vous le pour dit définitivement. De grâce n’écoutez pas cette faune de lâches qui vous entourent et vous incitent à vous dédire honteusement. Ils vous précipitent dans un précipice dont vous ne sortirez pas indemne. Pour votre gouverne, sachez que les plus farouches opposants et les plus grands contempteurs contre un éventuel troisième mandat se trouvent dans votre propre camp, à vos côtés, et très proches ; certains ont le privilège et le grand avantage de vous rencontrer hebdomadairement. Les services compétents pourraient vous aider à les identifier ; vous serez surpris de la véhémence et de la charge virale de leurs attaques le moment venu. Patientons un peu.
Monsieur le Président de la République, votre épouse, la première dame Marième Faye, celle qui, selon vos thuriféraires et autres flagorneurs, a introduit l’encens pour la première fois au Palais, a offert aux Sénégalais une image peu reluisante et un spectacle plus que désolant lors de sa visite à Pikine. On la reconnait et l’accepte comme la Première dame, aussi-devrait-elle, en toutes circonstances, faire montre de classe, de tenue et de retenue. Certes, elle a la réputation d’avoir un bon cœur, d’etre altruiste et empathique ; elle se soucie de vous épauler dans votre action politique, seulement elle devrait revoir la manière de s’y prendre. Certaines actions pourraient facilement etre interprétées comme du populisme et ce n’est pas souhaitable. C’est votre épouse, en bon mari, excusez-moi mon impertinence, il faut la protéger et la mettre à l’abri de certains désagréments, sa présence n’est ni nécessaire ni obligatoire lors de certaines cérémonies. Je m’autoriserai à faire des observations du point de vue sécuritaire ; en effet, les services compétents en charge de la sécurité du couple présidentiel auraient dû s’opposer à un tel déplacement dans la banlieue, notamment à Pikine. Une analyse sérieuse du contexte aurait dû indiquer clairement qu’un tel déplacement pouvait etre dangereux voire périlleux et surtout contreproductif. Sur le terrain, il était aisé de constater l’insuffisance de la couverture sécuritaire globale et l’effectif très réduit de la garde rapprochée. Le climat était délétère et tendu sur fond de rivalités politiques exacerbées avec des nervis surexcités et quasi incontrôlables ; la première dame était exposée à toutes formes d’agressions et manifestement en situation de grand risque.
Monsieur le Président de la République, je ne saurais terminer sans convoquer mon personnage préféré, en l’occurrence Souleymane Jules DIOP qui disait :
« Abdoulaye Wade est un abime de perversité et Macky Sall se réclame fils d’Abdoulaye Wade. Quelqu’un qui se réclame fils d’Abdoulaye ne peut pas etre un homme bon » ;
« Macky Sall est un incapable, c’est Abdoulaye Wade qui l’a fabriqué de toutes pièces » ;
« Comment un misérable qui était plus pauvre qu’un rat d’église en 2002, et qui louait un appartement à 50 000 FRS à Derklé, a pu acheter un appartement et aux Etats-Unis et en France en 2006 ? Sans nul doute, c’est parce qu’il est un voleur au cœur sec et à la conscience réifiée ».
Je vous laisse réfléchir, méditer et apprécier ces propos de votre nouvel ami qui est dans vos bonnes grâces et qui jouit, présentement de tous les privilèges de la République. Personnellement ni ma dignité ni ma fierté encore moins mon honneur ne m’auraient permis de faire appel à un tel individu à mes côtés.
Le pouvoir au peuple, les servitudes aux dirigeants.
TERMINUS 2024.
Ziguinchor le 15 Septembre 2020.
Boubacar SADIO
Commissaire divisionnaire de police
De classe exceptionnelle à la retraite.
Monsieur le Président de la République,
Permettez à ma très modeste et insignifiante personne de s’associer à vous pour présenter ses très sincères condoléances à toutes les familles sénégalaises ayant perdu un être cher dans les récentes inondations qui ont plongé le pays dans une situation de calamité indescriptible. Je disais récemment dans une contribution qui m’avait valu une convocation à la DIC qu’il faut être doté de certaines qualités et imbu de certaines valeurs pour être un bon Président de la république ; ainsi avais-je cité la compétence, l’efficacité, le courage dans les prises de décisions, l’honnêteté, le sens de la justice, de l’éthique et de la morale dont on dit qu’elles constituent l’âme de l’Etat. A cela, il faut ajouter beaucoup d’empathie envers son peuple. Pour ce dernier aspect, je constate, malheureusement, et certainement avec beaucoup de Sénégalais, que vous semblez en manquer ; ce n’est qu’une impression fortifiée par votre démarche. A votre empathie apparente se greffe une condescendance envers les Sénégalais. La condescendance, la morgue, l’orgueil ainsi que l’arrogance ont en commun de toujours de toujours perdre ceux qui s’en prévalent.
Monsieur le Président de la République, comment avez-vous pu prendre tranquillement l’avion pour vous envoler quelque part dans le continent alors que votre pays que voulez émergent est profondément immergé dans les eaux de pluies, alors que votre vaillant peuple vit dans le désarroi, se trouve dans une détresse incommensurable et connait un des moments les plus catastrophiques de sa récente histoire ? Pendant que vous étiez dans les airs, peut-être dans l’espace aérien du Mali, les Sénégalais souhaitaient très vivement et ardemment vous sentir à leur coté parce que, tout simplement et le plus normalement du monde, voyant en vous le dépositaire de leur salut. Votre présence physique les aurait confortés, encouragés et rassurés ; ils pourraient ainsi dire, avec fierté, que l’homme auquel nous avons confié les destinées du pays ne nous a point abandonnés, délaissés et laissés à la merci des intempéries et à la furie des eaux.
Monsieur le Président de la République, j’ai constaté, et certainement d’autres compatriotes avec moi, qu’à chaque fois que vous subodorez d’éventuels remous, des velléités de manifestations et des mouvements d’humeur de la part des populations, vous trouvez toujours un bon prétexte, une occasion pour précipitamment quitter le pays. C’est peut-être un hasard ; mais, à mon avis, un tel comportement ne sied pas à une autorité qui doit être prête et préparée à affronter toutes sortes de défis, à consentir tous les sacrifices nécessaires, même physiques, non seulement pour défendre son pays et protéger ses populations mais aussi pour le maintien et la garantie de la stabilité, de la tranquillité et de la paix sociales. En donnant la désagréable impression de fuir devant l’adversité, je me garderais de dire que c’est réellement le cas, vous pourriez faire croire à certains de vos concitoyens que peu vous chaut le sort de votre pays.
Monsieur le Président de la République, de retour de voyage vous avez pris la très bonne initiative de vous adresser à vos compatriotes pour évoquer le problème crucial de l’heure, c’est-à-dire les inondations. Alors que l’on s’attendait à une adresse intelligente d’une grande et grave solennité, compte bien tenu de l’ampleur du malheur, vous nous avez servi un discours d’une banale tonalité, fade, sans hauteur ni dépassement, à la limite de la désinvolture. Au lieu de reconnaitre, honnêtement et en toute responsabilité, les manquements et les dysfonctionnements au niveau de l’Etat et de venir à résipiscence, ce qui n’aurait fait que redorer votre image, vous vous êtes évertué à exclure toute responsabilité de votre gouvernement, en développant des arguties et un argumentaire simpliste à caractère, parfois, fataliste. Pour justifier l’impéritie de votre gouvernement de dormeurs, de noceurs, d’incompétents et d’incapables, vous avez d’abord évoqué les changements climatiques et ensuite fustiger l’indiscipline de vos compatriotes. Le directeur général de l’ONAS a, de manière méprisante, mis tous nos problèmes d’assainissements sur le dos des Sénégalais qu’il accuse d’avoir une tendance exacerbée à vouloir toujours procréer sans limite. C’est à croire que la grande majorité de vos cadres est constituée d’imbéciles à la cervelle de moineau ne pouvant débiter que des idioties et des sornettes.
Monsieur le Président de la République, ma très modeste et insignifiante personne s’associe encore à vous pour condamner ce qui s’est passé au Mali voisin avec la destitution de votre frère et ami, le Président Ibrahima Boubacar KEITA. Qu’on le veuille ou non, il s’agit bel et bien d’un coup d’Etat, peut-être « soft », mais un coup d’Etat quand même. Permettez-moi d’exprimer, d’abord, un coup de cœur par rapport à la situation actuelle. Il ne s’agira pas pour moi de jeter l’anathème sur les jeunes officiers qui ont courageusement assumé leurs responsabilités. On nous parle de rétablissement de l’ordre constitutionnel ou institutionnel, c’est selon. Mais enfin, de quel ordre parle-t-on ? Un ordre bafoué, piétiné, avili et trahi par le Président Ibrahima Boubacar Keita qui a commis toutes sortes de forfaitures politiques pour se maintenir au pouvoir. Le Président IBK a instauré un régime autocratique, népotique, clanique et familial ou les différents membres se livraient à la luxure et avaient un penchant prononcé pour le luxe. Avec IBK ce sont des détournements de deniers publics aussi bien de la part de responsables civils que de hauts gradés de la hiérarchie militaire, toutes les formes de prévarications et de malversations ; la vassalisation de toutes les institutions, notamment une cour constitutionnelle corrompue et une assemblée nationale croupion présidée par un usurpateur. Pendant ce temps des militaires patriotes et engagés aux différents fronts se faisaient tuer, amputer faute d’équipements adéquats.-
Monsieur le Président de la République, devant une telle situation de désagrégation jamais atteinte dans leur pays, les populations maliennes, dépitées et excédées, se sont massivement soulevées pour y mettre un terme. Les forces de défense et de sécurité qui ont pour missions essentielles, on semble ou feint de l’oublier, de défendre l’intégralité du pays, de veiller à la stabilité et à la solidité des institutions à travers un jeu démocratique respectueux des valeurs et principes républicains, n’ont fait que parachever une crise qui avait atteint son point paroxystique. Les militaires ont agi ainsi pour mettre un terme à l’anarchie et au désordre institutionnel créés par le Président IBK et éviter que leur pays dont ils sont amoureux et fiers ne sombre dans le chaos. Leur action a pris la forme d’un coup d’état, certes condamnable sur le principe mais tout aussi salutaire parce que tout simplement libérateur d’un peuple subissant les affres d’une ploutocratie éhontée, avide, cupide, arrogante, peu soucieuse des intérêts des maliens et totalement indifférente à leurs légitimes aspirations de vivre à l’abri du besoin et de la peur, dans un environnement sécurisé, de tranquillité publique et de paix sociale. Mon coup de gueule porte sur les orientations que semblent prendre les auteurs du coup d’état ; chasser IBK, ne devrait etre qu’une première étape. Une autre étape, qui ne me parait pas trop visible et qui est tout aussi crucial, est de traduire en justice tous les malfaiteurs, prévaricateurs et autres détourneurs de deniers publics ; sinon le combat aura perdu tout son sens.
Monsieur le Président de la République, la communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) s’est très tôt engagée pour gérer la crise malienne avec des initiatives malheureuses et pas réalistes, souvent dictées par les intérêts crypto personnels des dirigeants des pays qui la composent. Les Présidents Alassane Ouattara et Alpha Condé ont très tôt voulu faire adopter une ligne dure et sans concession aucune, tout simplement, parce qu’il y a dans chacun de leurs pays respectifs les prémices du syndrome malien. ILs ont voulu pousser la CEDEAO à agir sans délai et vigoureusement pour conjurer toutes tentatives de mutinerie ou tout risque de contagion chez eux. Vous avez été d’une grande lucidité en vous y opposant avec fermeté et en proposant que la question soit examinée de manière sereine et judicieuse pour éviter de faire subir au peuple malien les conséquences néfastes d’une répression irréfléchie, je vous en félicite honnêtement. Il y a que la CEDEAO souffre congénitalement et originellement d’un très grave déficit de crédibilité dans la mesure où certains de ses émissaires avaient perdu toute légitimité aux yeux des maliens ; il s’agit du Président Alassane Ouattara et de vous-même. La Cote d’Ivoire et le Sénégal, évoquant opportunément et hypocritement leur souveraineté nationale, n’avaient-ils pas, bruyamment, ostensiblement et gaillardement refusé de se soumettre aux décisions de l’organe communautaire ? Cela n’était-il pas un défi humiliant qui a beaucoup entamé la crédibilité de la CEDEAO ? Il y a beaucoup contradictions, de paradoxes et de gamineries dans le comportement de nos roitelets d’Afrique de l’ouest. L’organe communautaire devrait etre rebaptisé, communauté des dictateurs des Etas de l’Afrique de l’ouest (CDEAO).
Monsieur le Président de la République, au Mali, les jeunes officiers qui ont renversé votre ami et non moins frère Ibrahima Boubacar Keita, n’ont fait que concrétiser l’inextinguible, ardent et pressant désir du vaillant et brave peuple de se débarrasser d’un système autocratique et ploutocratique qui y sévissait et qui, à bien des égards, présentent quelques similitudes avec ce qui se passe dans notre pays. L’éveil des consciences va inéluctablement susciter une véritable prise de conscience des populations ouest africaines longtemps spoliées, brimées et exploitées, sur la nécessité de prendre leurs destins en main. Aucune force, si puissamment armée soit-elle, aucun soutien extérieur, ne pourra résister à la détermination, encore moins, à la furie d’un peuple décidé à s’affranchir, à se libérer du joug dictatorial de ses dirigeants tyranniques. Aujourd’hui, heureusement qu’une tendance dans ce sens s’affirme davantage, la CEDEAO doit s’imposer comme agenda politique prioritaire le bannissement du troisième mandat dans son espace. Vos collègues de la Cote d’ivoire et de la Guinée se sont engagés dans la quête d’un troisième mandat en marchant sur des cadavres.
Monsieur le Président de la République, il vous est prêté la très forte intention de vouloir solliciter un troisième mandat, ce qui serait en totale et profonde contradiction avec vos propos et engagements d’antan. Après avoir déclaré, sans équivoque, que le présent mandat (2019-2024) sera votre dernier mandat, vous semblez vouloir revenir sur votre parole. Votre fameuse réponse de ni oui ni non n’est qu’une extraordinaire reculade qui pourrait relever du parjure. « La parole c’est l’homme » dit un proverbe ; et celle d’un Président de la République, émanation du pouvoir divin chez nous en Afrique, a une valeur sacrée. C’est très regrettable de le dire, votre parole est réputée d’une instabilité pathologique chronique ; et s’il faut maintenant y ajouter un discours apocryphe et spécieux, cela ne peut qu’instiller le doute et semer le trouble dans l’esprit de vos concitoyens. Un Président de la République doit entretenir avec ses concitoyens qui ne sont pas ses sujets et dont il n’est que le délégataire des relations de confiance absolue fondées sur la transparence, la vérité, la sincérité et l’honnêteté. Il doit s’interdire de louvoyer avec son peuple, il ne doit pas ériger l’effet de surprise comme mode de comportement, de fonctionnement et de gestion de la chose publique. Ses paroles, actes ou actions ne doivent laisser subsister le moindre doute quant à ses véritables intentions et sur ses véritables objectifs. Le Sénégal, sous votre magistère, a connu et vit un recul démocratique sans précèdent ; pour preuve, le calendrier républicain des élections est devenu erratique, vous seul, sur les quinze millions de Sénégalais, le maitrise. N’est-ce pas ahurissant et effarant ?
Vous ne pouvez pas avoir un troisième mandat et vous ne l’aurez pas, c’est clair, tenez-vous le pour dit définitivement. De grâce n’écoutez pas cette faune de lâches qui vous entourent et vous incitent à vous dédire honteusement. Ils vous précipitent dans un précipice dont vous ne sortirez pas indemne. Pour votre gouverne, sachez que les plus farouches opposants et les plus grands contempteurs contre un éventuel troisième mandat se trouvent dans votre propre camp, à vos côtés, et très proches ; certains ont le privilège et le grand avantage de vous rencontrer hebdomadairement. Les services compétents pourraient vous aider à les identifier ; vous serez surpris de la véhémence et de la charge virale de leurs attaques le moment venu. Patientons un peu.
Monsieur le Président de la République, votre épouse, la première dame Marième Faye, celle qui, selon vos thuriféraires et autres flagorneurs, a introduit l’encens pour la première fois au Palais, a offert aux Sénégalais une image peu reluisante et un spectacle plus que désolant lors de sa visite à Pikine. On la reconnait et l’accepte comme la Première dame, aussi-devrait-elle, en toutes circonstances, faire montre de classe, de tenue et de retenue. Certes, elle a la réputation d’avoir un bon cœur, d’etre altruiste et empathique ; elle se soucie de vous épauler dans votre action politique, seulement elle devrait revoir la manière de s’y prendre. Certaines actions pourraient facilement etre interprétées comme du populisme et ce n’est pas souhaitable. C’est votre épouse, en bon mari, excusez-moi mon impertinence, il faut la protéger et la mettre à l’abri de certains désagréments, sa présence n’est ni nécessaire ni obligatoire lors de certaines cérémonies. Je m’autoriserai à faire des observations du point de vue sécuritaire ; en effet, les services compétents en charge de la sécurité du couple présidentiel auraient dû s’opposer à un tel déplacement dans la banlieue, notamment à Pikine. Une analyse sérieuse du contexte aurait dû indiquer clairement qu’un tel déplacement pouvait etre dangereux voire périlleux et surtout contreproductif. Sur le terrain, il était aisé de constater l’insuffisance de la couverture sécuritaire globale et l’effectif très réduit de la garde rapprochée. Le climat était délétère et tendu sur fond de rivalités politiques exacerbées avec des nervis surexcités et quasi incontrôlables ; la première dame était exposée à toutes formes d’agressions et manifestement en situation de grand risque.
Monsieur le Président de la République, je ne saurais terminer sans convoquer mon personnage préféré, en l’occurrence Souleymane Jules DIOP qui disait :
« Abdoulaye Wade est un abime de perversité et Macky Sall se réclame fils d’Abdoulaye Wade. Quelqu’un qui se réclame fils d’Abdoulaye ne peut pas etre un homme bon » ;
« Macky Sall est un incapable, c’est Abdoulaye Wade qui l’a fabriqué de toutes pièces » ;
« Comment un misérable qui était plus pauvre qu’un rat d’église en 2002, et qui louait un appartement à 50 000 FRS à Derklé, a pu acheter un appartement et aux Etats-Unis et en France en 2006 ? Sans nul doute, c’est parce qu’il est un voleur au cœur sec et à la conscience réifiée ».
Je vous laisse réfléchir, méditer et apprécier ces propos de votre nouvel ami qui est dans vos bonnes grâces et qui jouit, présentement de tous les privilèges de la République. Personnellement ni ma dignité ni ma fierté encore moins mon honneur ne m’auraient permis de faire appel à un tel individu à mes côtés.
Le pouvoir au peuple, les servitudes aux dirigeants.
TERMINUS 2024.
Ziguinchor le 15 Septembre 2020.
Boubacar SADIO
Commissaire divisionnaire de police
De classe exceptionnelle à la retraite.