Le Covid-19, une simple variante du vieux «sibirou»

GUEST EDITORIALISTE
Vendredi 24 Avril 2020

Car enfin qu’auraient dit les Sénégalais si le Covid 19 avait tué 100 morts voire, on ne le souhaite pas, atteint les 1000 décès ? On aurait coupé l’électricité, emmuré les gens chez eux, mis des barricades sur les routes afin que nul ne puisse se déplacer, décrété une interdiction de circulation de l’air en plus de celle des transports en commun et même des voitures particulières, la fin de toute activité économique y compris la fermeture des boutiques, des boulangeries, des pharmacies ? Et plus encore bien sûr, si possible.

Car ce qu’il faut à ce peuple béni des dieux et sorti de la cuisse de Jupiter, c’est zéro contamination et zéro mort, compris ? Tant pis si, dans le même temps, les accidents de la route continuent de tuer comme la semaine dernière où rien qu’à Dakar, ils ont fait une demi-dizaine de tués. Ne parlons pas des morts « ordinaires » et de tous ces gens qui, ces temps-ci, sont enterrés à la va-vite et quotidiennement dans tous les cimetières du pays. On fait comme s’il n’y avait que le coronavirus qui, on l’a vu, a fait six morts seulement en plus de 45 jours !

Tout ça pour une variante de notre bon vieux « sibirou » !

Un bilan qui, franchement, ne devrait pas entraîner toutes ces mesures loufoques et ubuesques déjà en train de casser l’activité économique. Mais puisque l’on nous dit que 1000 milliards de francs vont être investis dans l’économie justement pour amortir l’impact causé par le covid-19 !

Mille milliards de subventions ? Les Sénégalais n’en ont pas cru leurs oreilles ! Quoi, ne pas travailler et recevoir des vivres pour tenir le coup ? Quoi, fermer ses entreprises, et notamment ses hôtels, et avoir droit à des chèques en compensation ? A quoi pouvait-on rêver de mieux ? Du coup, on trouve des petits malins qui jouent à gonfler le trait, à faire apparaître la situation comme plus grave qu’elle n’est en réalité, à monter en épingle les cas « communautaires » et leur dangerosité supposée pour non seulement réclamer l’instauration du port obligatoire du masque (ce qui, à la limite, peut se concevoir) mais aussi un confinement général assorti, bien sûr, d’une distribution généralisée des vivres. Sans oublier de demander d’obliger les employeurs à payer les salaires même en cas d’arrêt de l’activité. Que demandent de plus les Nègres fainéants que nous sommes ?

C’est le Pérou, on vous dit. Malgré leurs dizaines de milliers de morts, les USA, la France, l’Espagne, l’Italie et même l’Iran en sont déjà à envisager le déconfinement car conscients que leurs économies ne peuvent se payer le luxe de s’arrêter plus longtemps. Voire de tourner au ralenti car, malgré la gravité de la pandémie, ces économies n’ont jamais arrêté de tourner. A preuve, malgré la chute de leurs cours, les bourses de ces pays ne se sont jamais véritablement effondrées. Autrement dit, les fondamentaux de ces économies sont solides et tiennent bon.

Le Sénégal, lui, avant d’enregistrer son premier mort avait déjà crié « tous aux abris ! » tandis que ses citoyens s’étaient convaincus que la fin du monde était arrivée chez eux. Tout ça, tout ce branle-bas de combat, tous ces préparatifs guerriers, ce déferlement de chars de combat, de prétoriens armés jusqu’aux dents, ces émissions apocalyptiques à travers tous les médias et les réseaux dits sociaux, tous ces masques de pacotille et de zouaves, pour une simple variante du paludisme !
 
Oui, une maladie que la chloroquine peut guérir comme notre palu d’antan. Ou que l’on peut soigner encore avec le Schweppes Tonic que nos parents nous donnaient, enfants, lorsqu’on avait le « sibirou » ! D’après « Le Canard Enchaîné », en effet, un médecin tunisien exerçant en France soignait ses patients les moins gravement atteints du coronavirus par…cette boisson amère contenant un peu de quinine.

A votre bon cœur, braves prêteurs…

On me permettra de dire quelques mots sur le nouveau cheval de bataille que viennent d’enfourcher trop allègrement nos braves chefs d’Etat. Prenant prétexte du coronavirus qui, on l’a vu, a très peu affecté finalement le continent, malgré les prédictions apocalyptiques des Cassandres voire des pythies (Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, cellule d’analyse du Quai d’Orsay…), ces chefs d’Etat, donc, Macky Sall en tête, réclament gaillardement l’annulation de la dette africaine ! Ils ont déjà trouvé une oreille attentive auprès du président français Emmanuel Macron qui s’est dit favorable à cette idée. Euh… il devrait plutôt écouter les peuples africains, ceux-là même dont il dit qu’ils développent un sentiment antifrançais et qui l’avaient obligé à faire une opération abracadabrantesque sur le franc CFA. Car, je ne suis pas sûr que cette même opinion africaine soit favorable à cette annulation de la dette du continent !

Ce serait en tout cas donner un très mauvais signal à nos chefs d’Etat qui auraient vu à travers un tel geste un blanc-seing pour encore se réendetter pour des projets pharaoniques et totalement inutiles du genre de ceux qui jonchent nos pays. Des projets absolument pas rentables mais qui alourdissent nos services de la dette. Car enfin, il n’y a pas si longtemps, en 2004- 2005, le Sénégal, par exemple, avait bénéficié dans le cadre de l’Initiative pays pauvres très endettés (PPTE) de l’effacement quasi-total de sa dette. Quinze années plus tard, il est déjà au seuil du surendettement sans qu’on ait vu à quoi tout cet argent emprunté a servi à améliorer les conditions de vie des populations.

Au contraire, nos pays, nos dirigeants plutôt, mènent un train de vie ruineux, souvent plus élevé que celui de dirigeants des pays prêteurs ou donateurs, entretiennent des institutions inutiles et coûteuses, une classe politique parasitaire et pléthorique, un appareil diplomatique atrophié et le plus souvent sans rendement, une clientèle — mais aussi une parentèle ! — gloutonne et insatiable. On en passe et des meilleures. Annuler la dette de nos pays sans obliger au moins nos dirigeants à des mesures d’austérité s’agissant en tout cas de leur fonctionnement, ce serait là une très mauvaise chose, un encouragement au laxisme, à la prévarication, aux détournements rendus possibles par les surfacturations des projets éléphants blancs dont ils raffolent, à la paresse et à l’indolence finalement ! Car, plutôt que de se serrer la ceinture, de compter d’abord sur eux-mêmes, voilà ces guides éclairés qui profitent d’une pandémie qui n’a fait finalement qu’effleurer leurs pays pour mendier une remise à zéro des compteurs de leur dette !

Avouez qu’il y a quelque chose de pathétique à voir les plus grandes puissances — appelons-les ainsi — du continent comme l’Afrique du Sud et le Nigeria se joindre, à travers leurs anciens ministres des Finances, à cette honteuse opération de mendicité. C’est comme si, dans l’Union européenne, l’Allemagne et la France prenaient la tête d’une procession de demandeurs d’annulation de dettes, là où on attendait plutôt des enfants malades comme la Grèce et l’Italie ! Pour en revenir à notre affaire, on espère que les dirigeants des pays occidentaux ne vont pas utiliser les fruits des sacrifices et de l’épargne de leurs peuples pour venir une fois de plus soutenir à bout de bras des dirigeants africains qui refusent de travailler et aussi de grandir ! De ce point de vue, heureusement, le refus des pays du G20 d’annuler la dette, consentant seulement un report d’échéances, semble de bon augure assurément…

Mamadou Oumar NDIAYE

POST SCRIPTUM

Loin de moi l’idée de nier l’existence du coronavirus ou sa dangerosité voire son caractère mortel. Au contraire ! Il se trouve seulement que notre trop grande émotivité en tant que Nègres nous pousse presque toujours à trop en faire face à n’importe quelle situation. Ainsi, dans cette crise sanitaire, nous prenons des mesures de prévention que des pays 3.000 à 8.000 fois plus atteints n’ont pas encore mises en œuvre. A preuve par la généralisation du port du masque. En France, par exemple, c’est dans les transports en commun seulement que leur port est obligatoire pour le moment… 

Dans les années 2000 on disait que le Sida enrichit plus qu’il ne tue en Afrique, de même le programme de résilience mis en place par le président de la République pour un coût de 1000 milliards de francs va plus enrichir des chenapans qu’il ne va réduire l’impact économique du Covid-19 sur les ménages les plus pauvres de notre pays. On en reparlera dans quelques mois inch’Allah !