«La population casamançaise voit plus au MFDC une organisation mafieuse qu’un mouvement irrédentiste»*

TRIBUNE LIBRE
Lundi 15 Janvier 2018

Ce texte signé MLKD est celui d'un internaute qui commentait un article paru le 13 Janvier 2018 à 11:30 sur le site Dakarmatin. Nous avons cru nécessaire de le reprendre et de le publier parce qu'il apporte un vrai éclairage sur la crise du Sud qui dure depuis presque quatre décennies.


Voilà trente-cinq ans que dure la crise Casamançaise qu’endure la population du sud avec dignité. Il est temps de faire une analyse rigoureuse des conséquences de ce conflit. Posons d’abord une situation géographique de ce conflit communément appelé conflit casamançais et cela peut-être nous mènera à mieux le requalifié géographiquement.
 
La Casamance naturelle est divisée géographiquement en trois parties que sont : la haute Casamance aujourd’hui la région de Kolda ou le Fouladou, la moyenne Casamance aujourd’hui la région de Sédhiou, et la basse Casamance la région de Ziguinchor. Aujourd’hui ni le Fouladou, ni la région de Sédhiou ne se sentent concernés par ce conflit et cela se traduit par le manque de front dans toute cette partie de la Casamance. Donc en conclusion on peut remarquer que ce conflit est principalement concentré dans la région de Ziguinchor c’est-à-dire, dans les départements de Ziguinchor, Bignona et Oussouye. Ce qui réduit considérablement l’aspect casamançais qu’on veut donner à ce conflit et le circonscrit à la région de Ziguinchor.
 
Par ailleurs, sur le plan ethnique la Casamance est très diverse et la réduire juste à l’ethnie diola est une réelle méconnaissance de l’histoire et du peuplement de cette partie du Sénégal. Les Diolas dominent dans la Basse Casamance, les Peuls dans la Haute Casamance, les Mandingues et les Balantes dans la Moyenne Casamance, et les Manjaag et Mancagne sur la frontière avec la Guinée-Bissau (ibid.). Ce qui prouve à suffisance qu’une hypothétique indépendance ne saurait concernée toute la Casamance ou ouvrira la voie à une guerre civile ethnique dans le sud du pays.
 
Et cela nous mène inéluctablement à nous poser des questions sur le mouvement indépendantiste MFDC. Le premier problème de ce conflit est la légitimité du Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC) dans la Casamance. En effet ce mouvement est rentré dans le quotidien des Casamançais plus particulièrement ceux de la région de Ziguinchor par un processus de viol c’est-à-dire sans forcément leur consentement.
 
D’abord par attaques meurtrières dont les principales victimes sont des fils de Casamance ensuite par la presse qui n’est intéressée que par le sensationnel sans vraiment penser à l’analyse et souvent qui donne la parole à des personnes qui ne représentent en tout cas pas les casamançais dans leur plus grande majorité. En aucun moment de l’histoire de ce peuple, les Casamançais ne se sont réunis pour donner mandat à ce mouvement pour parler et agir en son nom. Il serait intéressant de savoir combien de Casamançais connaissent ce mouvement, combien en sont membres et combien en sont sympathisants. Combien peuvent nous dire quels sont les buts de ce mouvement.
 
Le second problème concerne les agissements de cette rébellion vis-à-vis de la population casamançaise. Cette population au nom de laquelle le MFDC réclame l’indépendance est la première victime de ses agissements criminels. Le premier crime de ce mouvement est le fait d’avoir parsemé des mines anti-personnelles dans une grande partie de la brousse de la région de Ziguinchor. Qui sont les victimes de ces mines ? Les Casamançais dans leur immense majorité. Ensuite on a la spoliation des vergers et plantations que les propriétaires ont mis des années à faire pousser. Le procédé est simple : soit tu acceptes de ne plus mettre les pieds dans ton verger ou ta plantation soit on te retrouve un jour mort égorgé là-bas. Le vol des troupeaux des éleveurs de la région, le recrutement des enfants dans le maquis, la culture et la commercialisation du chanvre indien sont autant de forfaitures commises par cette rébellion au détriment de la population je ne dirais pas casamançaise mais plutôt ziguinchoroise. La prolifération des armes de guerres et bandes armées dans toute la région. Ce qui fait que la perception que la majeure partie de la population vis-à-vis de cette rébellion est catastrophique. La population voit plus en ce mouvement une organisation mafieuse qu’autre chose.
 
Le troisième point est le fait qu’à chaque négociation on parle d’argent distribué aux hommes du maquis pour obtenir un cessez-le-feu. Cette attitude montre à suffisance que les responsables de ce mouvement ne se battent que pour leurs propres intérêts bassement matériel mais par pour un quelconque intérêt du peuple casamançais. Et le dernier point est le cas des pompiers pyromanes qui doivent soit leur position politique soit sociale qu’à ce conflit. Ils sont les plus dangereux, la journée ils sont les artisans de la paix et la nuit ils sont pyromanes sous la cagoule. On les retrouve dans toutes les sphères, cadre de la Casamance, partis alliés, associations, ONG etc…
 
Pour conclure, tous ces faits et problèmes posés par ce mouvement de rébellion ont aujourd’hui plongé la région de la Casamance et plus particulièrement la région de Ziguinchor dans une pauvreté sans précédent. Entre autre conséquence, on a la fuite des touristes, le chômage endémique des jeunes, une forte prévalence en VIH, la fuite des investisseurs étrangers et la propension à l’immigration clandestine des jeunes, la disparition de certains villages, la création de réfugiés de guerre…

* Le titre est de la rédaction